«Les mots ont un sens», et le Front commun élargi le sait que trop bien. Pour lui, sa lettre adressée au chef de l’État Azali Assoumani n’est pas un aveu d’échec après des années à contester sa légitimité, mais plutôt «une évolution». «Nous n’avons pas changé d’avis sur le combat à mener, nous avons évolué», assure Hassane Ahmed El-Barwane, secrétaire exécutif du Front commun élargi qui regroupe le Front commun et d’autres mouvements, au sein desquels se retrouvent notamment les deux principaux partis de l’opposition : le Juwa et l’Updc. Il est à noter que «ce n’était pas facile de convaincre l’opposition de cette vision. Nous avons travaillé tous ces points avec l’ancien gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi».
Ibrahim Abdourazak, porte-parole du Front commun, partage cet avis en déclarant que «ce n’est pas un revirement. Il y a seulement trois façons de faire partir Azali Assoumani du pouvoir, mais nous optons pour les urnes, à condition qu’elles soient protégées, transparentes et justes. C’est notre combat de veiller au respect de la démocratie». Pour eux, «Azali Assoumani a créé les conditions idoines pour s’assurer qu’il restera au pouvoir jusqu’en 2030. Pour cela, il a détruit les institutions qui garantissaient la démocratie et a fait en sorte de passer par la voie la plus courte en nommant les membres de la Cour suprême qui sont tous ses amis. Il a par la même occasion créé des chambres civile, pénale et des comptes qui sont également en mission», déclare, pour sa part, Ibrahim Ali Mzimba, membre de la commission technique au sein du Front commun.
Par conséquent, il est évident que pour changer la donne, «il faut conquérir le pouvoir. C’est à ce moment-là qu’on peut réellement faire revenir la démocratie. On ne pactise donc pas avec Azali Assoumani. Évidemment, on n’est pas dupe, d’où la lettre qu’on lui a adressée et les conditions posées». Si «Azali est d’accord avec ces conditions, nous irons aux élections. Préalablement, nous devons signer une charte sur le comportement à adopter lors des élections. Les propositions doivent être débattues entre l’opposition et le pouvoir. Il a répondu à notre lettre, mais nous entrerons dans les détails le moment opportun», poursuit Me Ibrahim Ali Mzimba qui ajoutera qu’il y a une multitude de groupements au sein de l’opposition et qu’il parle lui du Front commun élargi.
«On ne pactise donc pas avec Azali Assoumani»
Pour lui, il y a un point essentiel qu’il ne faut pas oublier qui est celui du choix du citoyen. «Il a son mot à dire et il faut que ce dernier soit respecté. Sa voix est souveraine et nous veillerons à travers la charte à ce qu’elle le reste».Quant au bilan de l’opposition, il serait «positif», car «ayant permis de maintenir une ligne droite et ferme contre les distorsions du système. L’opposition est restée ferme. Elle a dénoncé la confiscation des libertés, celle de l’administration, on ne nomme que les membres de la Crc… On n’a plus une administration d’État. La méritocratie n’existe pas. Aujourd’hui, on voit une administration qui ne veut que des gens qui créent allégeance au régime. Il y a donc une nécessité de conquérir le pouvoir afin de changer ces pratiques. Tous les Comoriens sont égaux. La patrimonialité de l’État doit être banni».
«La démocratie et le respect des libertés»
Toujours au niveau du bilan, l’opposition se réjouit de cette alliance qui a le même objectif consistant à favoriser une alternance du pouvoir. Ibrahim Abdourazak estime, de son côté, qu’ils sont «à moitié satisfaits, même si notre objectif à le faire quitter du pouvoir n’a pour le moment pas abouti. Les autres objectifs sont pratiquement à moitié atteints comme celui de réunir l’opposition.
Nous avons le Front commun élargi avec le principe d’un candidat unique en cas d’une élection libre et transparente». Quant à la présidence d’Azali Assoumani à la tête de l’Union africaine, «c’est un statut qui pourrait faciliter le processus et le climat actuel. Les textes de l’Union africaine prônent la démocratie et le respect des libertés, Azali doit s’y plier et rendre ces élections sûres et transparentes tout comme les aspects constitutionnels. Il faut qu’il prenne de la hauteur et dépasse les clivages partisans», affirme Mohamed Jaffar Abbas, membre de la commission technique du Front commun élargi.