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Fusion de partis et remaniement ministériel I Entre attente et solidarité

Fusion de partis et remaniement ministériel I Entre attente et solidarité

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Moins de quatre mois après la fusion de plusieurs partis avec la Crc, le remaniement ministériel a surpris les observateurs qui ont constaté l’éviction des leaders du Radhi, du Rdc, de la Génération Aby et du Gnec. Entre espoir de stabilité, solidarité politique et sentiment de trahison, les réactions divergent au sein des formations politiques concernées.

 

Le Gnec, de l’ex-ministre du Sport, Djaffar Salim, le Rdc de l’ex-ministre de la Justice, Djaé Ahamada Chanfi, la Génération Aby de l’ex-ministre de l’Énergie, Hamada Moussa et le Radhi de l’ex-ministre de l’Agriculture, Houmed Msaidié ont en commun d’avoir fusionné avec la Crc dernièrement.


À travers cette décision, ces formations politiques ont disparu. Une décision qui «découle de la volonté partagée des partis, de consolider une dynamique unitaire initiée sous le leadership du président Azali Assoumani. Cette initiative s’inscrit dans le contexte post-électoral et la nécessité de garantir une gouvernance apaisée pour poursuivre les réformes et assurer la stabilité du régime. La vision commune repose sur le projet ambitieux du Plan Comores émergent à l’horizon 2030, autour duquel, les forces de la mouvance doivent se rassembler».


Moins de quatre mois après ces fusions, le remaniement ministériel a eu lieu et contre toute attente. Ces quatre personnalités ont été remerciées par le chef de l’État. Et s’il est dit qu’ils ont été consultés, du moins certains d’entre eux, dans la constitution du nouvel exécutif, certains militants de l’ex-Radhi par exemple, font état d’un sentiment d’amertume qui prédomine.


Sous l’anonymat, un des cadres du parti explique que «la fusion des partis politiques pourrait être une bonne initiative si elle vise à construire la nation. Cependant, il semble que le chef de l’État ait demandé cette fusion espérant que les leaders des partis concernés refusent et ainsi les pousser à quitter la mouvance». Pour notre source, face à l’adhésion des partis de la mouvance, les membres «initiaux» de la Crc «ont redoublé d’efforts pour exclure les nouveaux en créant des coordinations sans les inclure et en menant des activités politiques en solitaire».


Elle ajoute  «pire encore, c’est que le chef de l’État a participé à ces activités, prouvant ainsi qu’il ne voit pas l’intérêt de cette fusion. C’est une trahison absolue. Nous avons commencé à réfléchir à des moyens de sauver le navire qui est déjà en train de couler, même si nous le voyons encore à flot. Les soldats sont toujours en forme, mais le navire, lui, est en train de sombrer».

«Promouvoir la continuité»

Son chef, Houmed Msaidié, a une toute autre lecture d’autant qu’un des «nouveaux ministres, celui de l’Éducation nationale vient du Radhi, «. «Le remaniement, c’est le droit du président. Certains d’entre nous, étions là depuis cinq ans. Ça fait beaucoup», estime l’ancien ministre de l’Agriculture selon qui, «ce n’est pas un problème si on quitte le gouvernement, ce n’est pas la fin du monde».


Pour ce qui est du rajeunissement, l’ancien porte-parole du gouvernement, qui affirme avoir été ministre à 36 ans, n’y voit aucun inconvénient d’autant qu’il fait partie d’un ensemble. «Il faut accepter le fait qu’il y ait des changements, c’est dans la normalité des choses», poursuit l’ancien député de Mitsamihuli-Mbude avant d’ajouter qu’il attend de voir les capacités des nouveaux membres à relever les défis «et nous souhaitons qu’ils y parviennent».


Du côté de l’ex-Gnec de l’ex-ministre des Sports, son président de la section Ndzuani, Saïd Ali Bacar, déclare qu’ils attendent la suite des événements et ce qu’on réserve à leur leader. «Aucun des quinze ministres du gouvernement n’émane du Gnec, mais nous avons confiance. On ne l’a pas mal pris. Il ne s’agit pas d’une punition. On a longuement discuté avec Youssoufa Mohamed Ali et Nour El Fath Azali, donc on attend. Ce qui est sûr, il n’y a pas de nuage, notre relation reste la même», affirme Saïd Ali Bacar.


Enfin, pour l’ancien ministre de la Justice, Djaé Ahamada Chanfi, «il y a la continuité de l’État. On est dans un parti, on reste leurs conseillers et nous faisons en sorte que l’action que nous avons menée et qui est positive soit poursuivie». À ses militants, il les invite «à occuper la scène politique, à être sur le terrain et l’espace médiatique pour expliquer l’État de droit. On ne fait pas partie du gouvernement, mais on fait partie du pouvoir».

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