Vendredi 6 juillet 2018, la journée avait des allures d’une journée particulière, celle de la fête de l’indépendance de l’Union des Comores. Dès 7 h du matin, les rues étaient désertes, désertées par la population, désertées par les automobilistes. Le décor était donc planté avec notamment des éléments des forces de l’ordre implantés ici et là pour quadriller les allées vers la Place de l’indépendance. De la Place de France (ou Place des banques) au Conseil de l’île en passant par Mangani et Imam Chafiou, des barrages étaient hissés pour gérer la circulation. 7 h du matin et les gens étaient déjà en place. Une foule, une grande foule avait pris ses quartiers à partir du palais de justice de Moroni jusqu’au Conseil de l’île. Les enfants, filles et garçons, sont venus nombreux et ont pris les places de devant pour vivre, en privilégiés, la célébration des 43 ans qui symbolisent l’accession des Comores à la souveraineté.
Les drapeaux aux couleurs nationales fleurissaient devant le stade Ajao, dans la tribune latérale qui longeait le ministère des Affaires étrangères, devant le Conseil de l’île, des endroits, tous pris d’assaut par les Comoriens. Dès notre arrivée, l’on a constaté que, pour la première fois, deux tribunes étaient érigées au centre de la Place de l’indépendance. L’une devait accueillir les officiels composés par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, son épouse, Ambari Daroueche, les vice-présidents Djaffar Ahmed Saïd Hassani, Moustadroine Abdou et Abdallah Said Sarouma, les membres du gouvernement, le président et vice-présidents de l’Assemblée de l’Union, le gouverneur Hassani Hamadi, le directeur de cabinet du président de la République chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed Ali ainsi que les nombreux représentants de la communauté internationale et des chancelleries accrédités aux Comores.
L’autre était réservée exclusivement aux hauts gradés de l’armée comorienne. Suivant l’ordre protocolaire établi, certains officiels avaient pris place très tôt à l’image du gouverneur de Ngazidja ou du ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, et d’autres, à l’image des vice-présidents et de l’épouse du chef de l’Etat n’ont foulé la Place de l’indépendance qu’à partir de 7h 45min.
Récompenses et honneurs
C’est précisément à 8h 05 min que les sirènes ont rétenti, annonçant l’arrivée imminente du chef de l’Etat. La fanfare de l’armée nationale joue, aussitôt, l’hymne nationale, accompagnée par toute l’assistance, debout. Il s’en est suivi d’une longue revue des troupes de l’armée pour le président Azali Assoumani accompagné par le chef de l’Etat-major, colonel Youssouf Idjihadi.
Débutée devant le stade Ajao, elle a pris fin devant le conseil avant que le président ne prenne place à la tribune officielle aux côtés du chargé de la défense et du chef de l’Etat-major. Après les quelques versets coraniques psalmodiés par Abdallah Ali Abdallah, précisément à 8h et 24 minutes, place au seul discours prévu pour l’occasion.
Contrairement à l’année dernière qui a vu le maire par intérim de la capitale prendre la parole, vendredi dernier, c’était l’occasion pour l’adjointe au maire, Allaouia Mouhydine Saïd Ahmed de s’y coller. Dans son propos, elle a appelé à la promotion de la femme dans les milieux politiques et voit «une voie tracée pour une prise en main de l’avenir du pays par les femmes».
Elle citera notamment les femmes élues maires et voudra une participation effective des femmes en politique. La célébration de l’indépendance vendredi dernier était également l’occasion pour le président de la République d’honorer des personnalités comoriennes qui ont excellé dans leurs domaines respectifs. C’est le cas du secrétaire d’Etat chargé du monde Arabe, Hamidou Karihila, pour avoir réussi à améliorer considérablement l’image du pays dans le monde Arabe. Il a été élevé au rang de «Chevalier du croissant vert comorien».
Parades
Il ne sera pas le seul puisque le rappeur Soprano, pour son apport à la culture comorienne à travers le monde, Ali Mzé, pour son parcours à la tête de l’école Fundi Abdoulhamid, Foudhoyla Chanfi, pour sa chanson Udzima wo muhimu ou encore Salim Abdourazak, pour son apport dans le domaine juridico-judiciaire, ont également reçu cette haute distinction du pays des mains du président de l’Union, Azali Assoumani. 8h et 55 minutes, les éléments qui composent les forces de l’ordre sont entrés en scènes. C’est ainsi que des militaires des forces comoriennes de défense, du Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale, de la police nationale, des sapeurs-pompiers, des douanes de Ngazidja et Ndzuwani, du service de santé militaire, de la police municipale, de la protection civile et du scout national, pour ne citer qu’eux, ont défilé devant le chef des armées et l’assistance.
Par ailleurs, il a été rappelé à la population que le mouvement Scout prenait part à la cérémonie pour la première fois après plusieurs années d’absence et qu’il s’agit d’un mouvement introduit aux Comores dès 1946. La dernière étape des festivités de la matinée a été la parade militaire, assurée par une compagnie de l’armée devant la tribune officielle. Ainsi, l’on a vu des militaires former avec leurs rangs le chiffre 43 pour 43 ans d’indépendance, les lettres Usd pour Unité-Solidarité et Développement ou encore Azali pour le nom du président de l’Union. Une autre unité de l’armée a fait son apparition devant la foule pour une démonstration d’arts martiaux, notamment le karaté.
En effet, cette unité composée essentiellement de jeunes militaires a été forme par la Chine. L’on a vu des démonstrations de combats à deux, à mains nues, mais aussi, avec des bâtons ou encore des prestations individuelles avec des sabres. Une démonstration spectaculaire qui a visiblement ravi l’assistance si l’on devait se fier aux nombreux applaudissements nourris. Certains se croiraient même dans les scénarios des films chinois.
Après les différents corps de l’armée et autres groupements, ce fut le tour du défilé motorisé pour clôturer la fête. Le matériel roulant et l’armement des forces de l’ordre et des militaires ont aussi traversé la place de l’Indépendance. Ce sont des bus, pickups, motos, camions à bennes, camions citernes, entre autres. C’est aux environs de 11h du matin que la Place de l’indépendance s’est vidée après le départ du locataire de Beit-Salam et de sa suite.