Le chef de l’Etat comorien et président en exercice de l’Union africaine, Azali Assoumani, a dépêché, début novembre, deux envoyés spéciaux à Khartoum au Soudan. Selon une information relayée par Beit-Salam, le représentant des Comores à l’Unesco, Mohamed Soyir Bajrafil, et le conseiller technique du président, Dr Saïd Abbas Ahamed, sont porteurs d’un «message de paix et d’unité».Les deux personnalités ont présenté au général Al-Burhane «un projet visant à établir un plan de paix inclusif pour mettre fin à la guerre au Soudan et ce, en concertation avec la communauté internationale», souligne un communiqué de la présidence des Comores qui précise que cette action entre «dans le cadre de la poursuite des efforts pour consolider et renforcer les initiatives de paix en République du Soudan».
Le président de l’Union africaine appelle à un cessez-le-feu et ne souhaite pas que le conflit qui ravage ce pays tombe aux oubliettes. A Riyad, à l’occasion du sommet Afrique-Arabie Saoudite, Azali Assoumani a eu des échanges avec le général Abdel Fattah Al-Burhane et s’est inquiété de l’intensification des attaques ces derniers mois et de l’élargissement du conflit dans certaines régions jusqu’ici épargnées.La dernière médiation de Djeddah, en juin dernier, n’a pas été concluante. Elle a été de nouveau enclenchée, fin octobre, suscitant la satisfaction de l’Onu. La reprise des discussions constitue «une occasion décisive de faire savoir au peuple soudanais qu’il n’est pas oublié, que nous prenons nos responsabilités internationales au sérieux et que nous sommes déterminés à garantir qu’il reçoive les soins, la protection et l’assistance vitale dont il a besoin», selon le chef des actions humanitaire de l’Onu, Martin Griffiths, cité par le site officiels des Nations unies.
L’Union africaine qui adhère à ce plan de paix proposé par les Comores, continue à soutenir également cette médiation saoudienne et espère une issue rapide à la crise. «Le président Azali Assoumani lance un appel pressant à la communauté internationale afin qu’elle mobilise tous ses efforts en vue de soutenir cette initiative qui est porteuse d’espoir afin de parvenir à rétablir rapidement la paix au Soudan», a conclu le communiqué de Beit-Salam.Le conflit au Soudan, qui a démarré en avril dernier, oppose le général Abdel Fattah Al-Burhane, chef de l’armée au général Mohamed Hamdane Daglo, patron des Forces de soutien rapide (Fsr), un groupe de paramilitaires qui serait «opposé à la mainmise totale d’Al-Burhane sur le pays». Selon un décompte du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr), cette crise aurait fait plus de neuf mille morts en six mois, quatre millions de déplacés et causé la destruction de nombreuses infrastructures vitales.
De nombreux foyers de tensions en Afrique
Le continent est aujourd’hui tenaillé par des crises multidimensionnelles. D’une part, les foyers de tension encore persistants comme en République démocratique du Congo (Rdc) où l’armée régulière combat à l’Est les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, ou en Ethiopie, où on assiste à une paix fragile entre le gouvernement central et les rebelles du Tigré.D’autre part, les tensions qui peuvent se muer en conflits ouverts, comme la crise du Barrage de la renaissance qui empoisonne les relations entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte, ou encore la nouvelle guerre déclarée par les rebelles de Kidal contre l’armée régulière malienne.
A cela s’ajoute les crises politico-institutionnelles comme au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Guinée Conakry et au Gabon.L’Union africaine semble demeurer impuissante face à la multiplication des crises. Elle poursuit ses lobbyings auprès des puissances étrangères occidentales qui ont un rôle crucial à jouer dans leur résorption.Selon de nombreux analystes du continent, ces crises auraient pour origine des questions géopolitiques.