Des chefs d’Etat du continent africain étaient attendus hier en Pologne, point de départ d’un double voyage à Kiev en Ukraine, puis à Saint-Pétersbourg en Fédération de Russie pour demander aux deux dirigeants de ces pays à mettre un terme au conflit qui les oppose depuis plus d’un an.
Le président de la République est entouré de son ministre des Affaires étrangères Dhoihir Dhoulkamal et de son conseiller diplomatique Hamada Madi Boléro. Si l’Afrique pèse faiblement sur les enjeux géopolitiques de cette guerre, elle estime toutefois qu’elle reste en droit de proposer sa médiation, étant donné que les autres parties du monde (l’Europe, l’Amérique et l’Asie) sont indirectement partie prenante au conflit.
«Cette mission de paix»
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, peu avant de quitter Pretoria, avait clarifié, dans un communiqué, «cette mission de paix» qui doit, selon lui, «nous permettre de donner notre point de vue sur ce conflit» et surtout «finaliser les éléments d'une feuille de route vers la paix». Devant ses homologues du continent en février dernier à Addis-Abeba à l’occasion de son investiture, Azali Assoumani avait fait de la guerre en Ukraine «une de mes priorités», estimant que le conflit cause un lourd préjudice socio-économique aux populations du continent.
Le président en exercice de l’Union africaine, arrivé hier à Varsovie en Pologne, attendait ses homologues du Sénégal, de la Zambie, de l’Egypte, de l’Afrique du Sud, du Congo-Brazzaville et de l’Ouganda pour se rendre à Kiev puis à Saint-Pétersbourg. «J'ai rencontré au palais présidentiel à Varsovie, Andrzej Duda, président de la République de Pologne, avant de me rendre, avec d'autres chefs d'Etat africains à Kiev et Saint-Pétersbourg» a écrit le président sur sa page officielle, qualifiant «un entretien amical, riche et fructueux » et souhaitant un partenariat avec ce pays de l’Europe de l’est. «Je tiens à le remercier aussi pour l’opportunité offerte aux Comores de commencer un nouveau chapitre avec la Pologne», a-t-il ajouté.
Des chefs d’Etat comme ceux de l’Egypte ou du Congo-Brazzaville et «probablement même» de l’Ouganda pourraient se faire représenter par des officiels de haut rang, selon des informations relayées par de nombreux medias. L’initiative de paix, portée par les six pays du continent, a été formalisée par l’Union africaine à la fin du mois d’avril. L’institution veut contribuer à mettre un terme à ce conflit qui impacte le continent à tous les niveaux.
L’Afrique qui dépend largement des importations de plusieurs produits alimentaires venant en partie des deux pays en conflit subit une envolée des prix, faisant même craindre une insécurité alimentaire à grande échelle si rien n’est fait avant la fin de l’année 2023.
De même, plus d’une quarantaine de pays consomment du pétrole raffiné dans un contexte de baisse de la production d’hydrocarbures dans le monde. «Nous percevons l'incidence de cette guerre sur l'Afrique au sujet des prix alimentaires, des prix des céréales et du carburant», a ajouté le dirigeant sud-africain.
En Russie, des dirigeants africains devraient assister au «Forum économique international de Saint-Pétersbourg». La médiation africaine intervient toutefois dans un contexte particulier marqué par le lancement d’une contre-offensive ukrainienne qui exacerbe les tensions dans les deux camps, limitant ainsi les chances d’arracher un dialogue à court terme entre les deux parties.