Pour le prochain sommet des chefs d’Etat, quel en sera le thème et l’endroit ?
Le sommet de la Coi n’est rien qu’une réunion des chefs d’Etat, qui n’a aucun pouvoir décisionnel. Ce sera juste un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui vont tracer des orientations. Les seules instances décisionnelles de la Coi sont le Conseil des ministres et le Comité des Opl.
Il y aura un conseil extraordinaire, en septembre et peut-être que Maurice en profitera pour organiser ce sommet. Par ailleurs, le secré- taire général de la Coi a été chargé de mettre en place un Comité d’études afin de voir les implications aussi bien juridiques, économiques et financières d’une Communauté des Etats de l’Océan indien.
Justement, qu’est ce qui va changer avec le changement de dénomination de la Commission en Communauté ?
Il est question de créer une communauté au niveau des Etats qui font l’Océan indien. Tout simplement parce que nous avons des problèmes qui nous sont spécifiques en tant qu’Etats insulaires et qui n’ont rien à voir avec ceux du continent. Je pense qu’en 2018, lors des prochaines négociations entre l’Union européenne et les Afrique-Caraïbes-Pacifiques, nous ne serons pas en mesure de défendre nos Etats si nous ne devenons pas une communauté.Dans certaines réunions internationales, la Coi n’a pas droit à la parole comme certaines communautés africaines.
Que va-t-il se passer concrètement ?
Si la Commission évolue en communauté, nous allons introduire statutairement le sommet des chefs d’Etat comme organe décisionnel, que des conférences des chefs d’Etat aient lieu à des périodes données et qu’elles puissent prendre des décisions pour l’organisation.
Peut-être devrais-je expliquer ce qu’est une communauté des Etats et vous verrez qu’elle sera à notre avantage, et là c’est le Comorien qui parle. Si notre organisation devenait une communauté, elle serait donc une véritable organisation internationale.
Qu’en sera-t-il du statut de l’île comorienne de Mayotte ?
Je me demande comment la question peut se poser, surtout pour nous, Comoriens, concernant Mayotte. Peut-être devrais-je expliquer ce qu’est une communauté des Etats et vous verrez qu’elle sera à notre avantage, et là c’est le Comorien qui parle. Si notre organisation devenait une communauté, elle serait donc une véritable organisation internationale.
Quels seraient les textes de base qui la régiraient ?
Premièrement, ce seraient les statuts des Nations unies ; deuxièmement, ce sont les résolutions de l’Onu, surtout les résolutions du Conseil de sécurité et, troisièmement, ce seront toutes les conventions de Vienne relatives aux organisations internationales. Et de fait, ne pourra être membre d’une Communauté des Etats qu’un Etat membre des Nations Unies. La France est membre de la Commission grâce à l’île de la Réunion et cela est bien écrit dans nos statuts et non pas grâce à ses départements dans l’Océan Indien.
Les statuts de la Coi parlent certes d’Etats de l’Océan indien pour pouvoir en être membres, mais aussi d’entité...
Il est vrai que sont membres de la Commission, les Etats de l’Océan indien ou les entités. On pourrait logiquement se demander quelles sont ces entités ? Ce qui est sûr, le jour où nous allons adopter la communauté, l’entité sera supprimée des statuts. Seuls les Etats de l’Océan indien, membres des Nations unies seront concernés. Et pour tout vous dire, il est impensable que des pays tels que les Seychelles, Maurice ou Madagascar puisse admettre que les frontières des Comores telles que définies par les Nations unies aient changé…
Ce qui est sûr, le jour où nous allons adopter la communauté, l’entité sera supprimée des statuts. Seuls les Etats de l’Océan indien, membres des Nations unies seront concernés. Et pour tout vous dire, il est impensable que des pays tels que les Seychelles, Maurice ou Madagascar puissent admettre que les frontières des Comores telles que définies par les Nations unies aient changé…
Il serait mieux que le Comorien qui veut se rendre à Madagascar, à la Réunion ou aux Seychelles le fasse sans visa. Maintenant, encore faudrait-il que nous soyons une Communauté des Etats, à l’instar de la Cedeao, par exemple. La Coi a vocation à gérer une coopération entre les Etats sur des domaines bien précis.
Au niveau de la connectivité aérienne et maritime, rien n’a été fait, la liberté de circulation entre les pays de la région est toujours problématique. Que comptez-vous faire?
La connectivité pour nous est le fait de pouvoir faire le tour des îles de l’Océan indien sans perdre trop de temps. En fait, encore une fois, la Coi n’a pas une vocation d’intégration… Pour que ce soit le cas, il faudrait une conférence des chefs d’Etat sur la question et que les parlementaires des pays concernés soient impliqués. Vous savez, c’est une décision grave, une question de souveraineté des Etats…
Donc si la Commission évoluait en Communauté, la circulation des personnes pourrait-elle se faire au niveau des ressortissants des Etats la composant ?
Certes, il serait mieux que le Comorien qui veut se rendre à Madagascar, à la Réunion ou aux Seychelles le fasse sans visa. Maintenant, encore faudrait-il que nous soyons une Communauté des Etats, à l’instar de la Cedeao, par exemple. La Coi a vocation à gérer une coopération entre les Etats sur des domaines bien précis. Et effectivement, les peuples de l’Océan indien ont une autre compréhension de ce qu’est la Coi. Pour eux, c’est une communauté et non une commission paritaire de niveau ministériel. Autre exemple criant, l’amalgame fait entre les Jeux des îles et la Commission qui n’ont rien à voir. Les Maldives participent aux jeux alors qu’elles ne font pas partie de la Coi, surtout que les Jeux des îles ont été créés avant la Commission et que le sport ne fait pas partie des responsabilités de la Coi.
Qu’en est-il de la connectivité aérienne ?
Pour la connectivité aérienne, avec l’arrivée de l'Airbus de la compagnie comorienne Inter Iles Air, nous en avons parlé au niveau du Conseil des ministres et il a été demandé aux différents Etats de donner leur quitus afin que cette compagnie puisse opérer.
Cela permettra notre rapprochement. Il faut ajouter à cela une connectivité numérique. Une mise en place du câble Metis est à l’ordre du jour entre les îles sur une bande passante qui traverse tout l’Est de l’Afrique jusqu’en Afrique du Sud. Pour le moment, beaucoup d’opérateurs téléphoniques de la zone se sont mis en place pour y investir. Il y a également une association des ports de l’Océan indien et nous demandons une adhésion des Comores.
Nous essayons avec des fonds de l’Union européenne de faire en sorte que dans l’Océan indien, il puisse y avoir une facilité de rapprochement de nos ports pour réduire le coût, ce qui serait la connectivité maritime. C’est un dossier qui avance bien et j’en profite pour remercier l’Union européenne pour son accompagnement.
Il serait mieux que le Comorien qui veut se rendre à Madagascar, à la Réunion ou aux Seychelles le fasse sans visa. Maintenant, encore faudrait-il que nous soyons une Communauté des Etats, à l’instar de la Cedeao, par exemple. La Coi a vocation à gérer une coopération entre les Etats sur des domaines bien précis.