Après un message posté sur le réseau social Facebook confirmant une «crise identitaire du parti Radhi depuis le référendum du 30 juillet», l’ancien ministre et secrétaire général du parti explique en effet que certains militants de son parti s’attendaient à un partage du pouvoir avec le régime en place. «Certains de nos partisans s’attendaient à une alliance gouvernementale, un partage des responsabilités entre le pouvoir et le parti après le référendum. Je m’efforce d’expliquer qu’on n’avait pas encore un pacte de cette nature. Toutefois, je ne peux empêcher les militants et certains cadres de s’interroger sur notre compagnonnage. Certains estiment que nos relations doivent être clarifiées pendant que d’autres avancent que la clarté doit survenir lors des alliances en prévisions des élections. Ceci étant, il y a des liens forts entre notre parti et le président de la République en ce qui concerne, les risques et périls que connait le pays. On a la même approche pour les aborder et les solutionner», devait s’étaler notre source pour confirmer que des éléments de crise persistent à l’intérieur de son parti.
Il expliquera que pour parler d’une rétribution par rapport à un pouvoir, «il faut se mettre d’accord politiquement et avoir des accords d’aujourd’hui et demain. On en est pas encore arrivé à cette étape». L’autre élément de crise évoqué fait référence à l’annonce faite par Aboudou Soefo, un des cadres du parti, qui se positionne dorénavant pour briguer le poste de gouverneur de Ngazidja. Joint au téléphone, ce dernier a confirmé sa volonté d’être candidat indépendant si jamais son parti ne le soutient pas. Pour Houmed Msaidié, s’engager dans ces élections sans appartenir à une alliance ne serait que contreproductif.
Crise identitaire
«Je croyais qu’il était question d’une candidature du parti puisqu’il ne serait pas farfelu que d’autres personnes se positionnent. Toutefois, si vous dites qu’il compte y participer même avec un statut d’indépendant et sans l’approbation de sa famille politique, cette posture suppose qu’il ne s’identifie pas au parti et à ses décisions. Pourquoi donc solliciter son soutien. Nous sommes convaincus que la force d’un parti politique aux Comores tient à une alliance. Les échéances passées nous l’ont expliqué raison pour laquelle l’on n’a pas la prétention d’envoyer un candidat sans être dans la mouvance», tranche l’ancien ministre de l’Intérieur qui supposera que l’annonce de cette candidature ne viserait qu’à entretenir un climat de crise dans le parti. Appartenir à une alliance à défaut d’un seul parti regroupant plusieurs forces est une stratégie de longue date du parti Radhi.
Aujourd’hui, à en croire notre interlocuteur, il n’est plus question de faire cavalier seul et quiconque s’en hasarderait en payerait les conséquences. «Quand j’étais dans l’opposition, j’ai vainement milité pour la création d’un seul parti. Aujourd’hui dans la mouvance, nous prônons cette même stratégie. Le Radhi s’identifie pleinement et sans aucune réserve à la mouvance présidentielle. L’on se ralliera par conséquent aux décisions qui seront prises d’autant plus que nous allons nous bat-tre pour avoir une candidature de notre parti sous l’approbation de la mouvance. L’alliance est indispensable et les résultats l’ont clairement démontré en 2015 et 2016», poursuit-il.
La mouvance justement est-elle en perte de vitesse ? Houmed Msaidié pense le contraire tout en reconnaissant des sentiments d’insatisfaction et des besoins de garanties qui se font connaitre. «Je ne sais pas qui est en perte de vitesse et qui ne l’est pas. On est dans une dynamique aussi bien mouvance et opposition pour la clarification du paysage politique par rapport aux échéances à venir.
Se pencher sur l’avenir de la mouvance
Certains se posent des questions, des doutes voient le jour, peut-être pour cause d’un réaménagement politique à faire ou attendu mais qui ne se fait pas. On ne nie pas l’existence des doutes, des interrogations et peut être un besoin de quelque chose ici et là. Toutefois, les composantes de la mouvance sont là, bien que des voix s’élèvent pour susciter des réactions et introduire des débats. Il est par conséquent nécessaire pour la mouvance de se réunir, débattre de l’avenir immédiat et du futur», raconte le leader du Radhi. Et ce dernier de tordre le cou aux rumeurs selon lesquelles la Crc voudrait désormais faire cavalier seul. «Ce serait une stratégie suicidaire parce qu’aucun parti ne serait en mesure de le faire. La particularité des élections à venir, c’est le premier et deuxième tour sur l’ensemble du territoire. Il n’est pas question d’une île où y aurait un parti dominant. Pour être au second tour, il faudra gagner dans les trois îles». Pour finir, Houmed Msaidié est revenu sur la récente sortie -dans laquelle l’on pouvait en filigrane, deviner un message particulier pour notre interlocuteur- de l’ancien secrétaire d’Etat chargé du monde arabe, Hamidou Karihila qui a claqué la porte de la Crc et du régime pour «manque de considération».
S’il reconnait les efforts consentis par ce dernier, Houmed Msaidié met également en avant son apport pour l’élection du président Azali Assoumani. «N’oublions pas que de 2006 à janvier 2014 je fus le secrétaire général de la Crc. On a rompu, il a apporté sa part en 2016 pour l’élection du chef de l’État actuel. Il se pourrait que j’aie apporté autrement ma part. En rejoignant le régime d’alors, le combat était de faire en sorte que la candidature de l’ancien président Sambi ne soit pas effective en préservant le respect des lois et le maintien de la paix. Son absence a-t-elle servi ? Serions-nous là en ce moment avec une participation de sa part ? J’étais appelé à rejoindre le régime pour un seul objectif. Je rappelle également qu’on a créé Radhi, un clonage de la Crc sur les valeurs et les convictions», a-t-il dit avec convictions.