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Ibrahim Mohamed, président du Conseil de l’île de Ndzuani : «Je ne vois rien qui ne soit pas bon»

Ibrahim Mohamed, président du Conseil de l’île de Ndzuani : «Je ne vois rien qui ne soit pas bon»

Politique | -

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Situation tumultueuse au parlement de Ndzuani. Un climat malsain qui écorne même le travail des représentants insulaires. Une session ouverte à une heure peu ordinaire, des suppléants qui siègent à la place des titulaires sans connaître la raison valable, la fracture du Conseil de l’île en deux institutions opposantes et tant d’autres situations auxquelles le président Ibrahim Mohamed tente d’apporter des éclaircissements à notre reporter. Interview.

 


Une chose peu ordinaire : la session a cette fois été ouverte un après-midi, en plein ramadan. Pourquoi ?


Vous l’avez bien dit : c’est peu ordinaire, mais pas illégal. Il n’est pas obligatoire qu’elle soit ouverte le matin et après son ouverture l’on peut travailler à toute heure, même de la nuit.

Nous avions prévu l’ouverture effectivement à 10 heures, mais l’homme propose et dieu dispose. J’ai eu un empêchement et l’on à dû la reporter à 14 heures.

 


Pourquoi ce sont les suppléants des conseillers  Muhammad Abdou El-magd, Loutfi Houmadi et Hatim Sairane qui siègent à la place de ces derniers ?


Un conseiller peut bien être à Ndzuani et déléguer son suppléant. Il peut se trouver dans le pays et déléguer son suppléant, s’il est, par exemple, appelé à d’autres fonctions.

 


El-magd,  Houmadi et Sairane avaient été cooptés par Juwa pour siéger à l’Assemblée nationale cette année, mais la Cour constitutionnelle les a invalidés. En faisant siéger leurs suppléants au Conseil, vous ne les considérez pas comme les députés légitimes devant siéger  à  Hamramba ?


Non. Nous n’avons pas atteint ce seuil-là.

 


La première session s’est passée dans le tumulte, sans qu’un seul texte n’ait été travaillé, et il a fallu la convocation d’une extraordinaire après pour adopter deux délibérations. Actuellement, vous n’avez aucun texte sur la table. Pourquoi cette léthargie ?


La réponse à cette question ne doit pas émaner de nous. Nous attendons que l’on nous soumette du travail et que nous le fassions. Quand viendra la date d’ouvrir la session, nous l’ouvrirons.

Si l’on nous envoie du travail, nous le ferons, sinon nous passerons les trente jours et clôturerons la session. Mais l’on n’exclue pas non plus que le travail ne viendra pas, car tout au long de la durée de la session des textes peuvent nous être envoyés.

 


Le Conseil se trouve actuellement divisée en deux. L’opposition, qui a élu son président, tient ses séances de travail à la salle de conférence. Expliquez-nous ce qu’il se passe…


Le jour de l’ouverture, lorsqu’ils [les conseillers de l’opposition, Ndlr] ont appris son report à l’après-midi, ils auraient, m’a-t-on dit, déclaré qu’ils ne viendraient pas. Mais depuis nous autres travaillons. S’ils viennent, ils nous y trouveront, sinon cela ne nous empêchera pas non plus de travailler.

 


Quelles sont, selon vous, les conditions d’un apaisement des relations au sein du Conseil, entre Juwa et l’opposition ?


Très bonne question. Nos camarades ont commencé les troubles depuis la session de janvier, alors qu’il n’y avait aucun problème. Comment apaiser la situation ?

Le désaccord est inévitable entre les hommes, et il n’y a d’autre moyen d’y remédier que le dialogue. Je dis tout le temps à mes camarades conseillers que si nous devions nous embrouiller, de le faire dans la modération et pour la bonne cause. Chacun peut défendre son parti mais tout en privilégiant l’intérêt du pays.

 


Ces «camarades» de l’opposition avaient porté plainte à la gendarmerie contre le questeur Saïd Mohamed, l’accusant d’avoir confisqué sans raison leur dotation en carburant. Interrogé par les gendarmes, ce dernier aurait renvoyé la balle à la Société des hydrocarbures. Quelle est cette histoire ?


C’est faux ! Ou bien on me ment. Le jour de l’arrestation du conseiller Abdoulkarim, j’ai rencontré le commandant de la gendarmerie et il m’a dit que justement il voulait me voir, à propos de mon Daf [directeur administratif et financier, Ndlr], au sujet de cette plainte.

J’ai dit au Daf de s’y présenter. Il y est allé et m’a raconté après qu’il leur a expliqué que  ce n’est plus lui qui gère ces dotations, mais le questeur.

Avant-hier [l’interview a été réalisée mardi, Ndlr], j’étais ici et j’ai entendu ces conseillers et le questeur discuter ; je sais qu’ils parlaient de cette affaire mais je ne sais pas ce qu’il en est ressorti. Je ne crois pas qu’il les a orientés aux hydrocarbures car je sais qu’il détient ce carburant.

 


Il détient donc leur dotation, mais alors pourquoi il ne la leur remet pas ?


Je ne sais pas. C’est à lui qu’il faut poser la question mais moi je sais qu’il l’a.  

 


S’agissant justement du conseiller Abdoulkarim Youssouf, en savez-vous davantage aujourd’hui sur les raisons de son arrestation le 31 mai dernier ?


Jusqu’ aujourd’hui je ne connais pas les raisons exactes de son arrestation. A la gendarmerie l’on nous avait d’abord répondu que c’était une décision venant de l’hiérarchie, depuis Moroni.

Puis lorsque nous avons insisté pour en savoir plus, l’on nous a dit que c’était «peut-être lié aux deux procurations» qu’il avait données.

 


Comment interprétez-vous les multiples revirements de ce conseiller ?


Nous sommes tous des comoriens, vous qui m’interrogez, les lecteurs et moi  et nous connaissons tous la mentalité comorienne.

Ici aux Comores, l’on peut militer dans un parti aujourd’hui, sauter dans un autre demain, puis dans un autre le lendemain… Abdoulkarim était de l’Updc, si aujourd’hui il décide d’aller ailleurs je ne dirais pas que c’est bien ou mal, parce que c’est  lui que cela regarde.  
 


Au temps du gouverneur Anissi, vos discours peignaient souvent un bilan négatif de son action. L’on n’a pas l’impression que ce soit la même approche avec Salami. Doit-on comprendre qu’aujourd’hui tout est absolument  «clean» à Ndzuani ?


Entendons-nous dans ce pays sur le principe de louer les bonnes actions et de dénoncer les mauvaises, c’est comme cela que nous avancerons. Je ne suis pas ici pour défendre le gouverneur Salami : je le dirai s’il a mal agi comme quand il aura bien fait.

 


Dans ce cas pouvez-vous nous dire juste ce qui ne va pas avec Salami ?


J’ai dit que quand il aura mal agi je le dirai. Mais jusqu’à présent, selon moi,  je ne vois rien qui ne soit pas bon.

 


Des recrutements s’opèrent en ce moment à la fonction publique de l’île. Vous le savez ou pas ?


Je ne peux le savoir car je ne suis pas à la fonction publique.

 


J’avais pensé que votre statut de représentant des anjouanais vous incitait à vous informer de ce qu’il se passe dans l’île…  


Je ne peux le savoir et je ne l’ai pas appris.

 


Dans ce cas je vous informe que des recrutements s’opèrent, mais il semble que ce soient seulement les partisans du Juwa qui en bénéficient. Si cela s’avérait vrai qu’en diriez-vous ?


Si cela est vrai, mais seulement si c’est vrai que des recrutements se font mais qu’ils sont réservés à une catégorie de gens, alors cela n’est pas bien.

 


Enfin auriez-vous envie de réagir par rapport à une question particulière que je n’ai pas abordée ici ?


Je veux seulement implorer nos gouvernements, de l’Union comme des îles autonomes, de comprendre que ce pays n’avancera pas si les hommes ne s’entendent pas, et si la loi n’est  pas respectée. Je suis persuadé que si tout le monde se soumet à la loi, tout ira bien.

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