Vingt-quatre heures après la publication des listes définitives des candidats aux élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles, les 24 mars et 21 avril prochains, le candidat recalé à la présidentielle, Ibrahim Mohamed Soulé, du parti Juwa, et le secrétaire général du parti Union pour le développement des Comores (Updc), Youssouf Boina, ont accepté d’apporter leurs réaction par rapport à la décision de la chambre administrative de la Cour suprême statuant en matière constitutionnelle et administrative, rendue publique, le samedi 9 février 2019.
Pour Ibrahim Mohamed Soulé, c’est avec beaucoup d’étonnement qu’il a appris la décision de la Cour suprême d’invalider sa candidature, «pas sur des fondements juridiques ou constitutionnelles, mais sur la basse d’un statut d’une association». L’actuel député de Moroni-Nord pense que l’argument invoqué par la Cour n’est pas du tout fondé puisque, selon lui, personne ne peut contester l’empêchement du secrétaire général du parti Juwa, Ahmed Hassani El-Barawane. «Il a fait l’objet d’un procès public suite duquel il est condamné, emprisonné et s’est vu priver de ses droits civiques», explique-t-il. Ibrahim Mohamed Soulé se demande comment la Cour suprême peut demander, à lui qui était candidat, de prouver que Barwane est empêché, alors que c’est plutôt à l’accusation de le prouver. Il a rappelé qu’en matière de droit, l’article 9 du code pénal dispose que «le fardeau de la preuve incombe à l’accusation». L’ancien secrétaire général du parti Juwa juge que la requête formulée contre sa candidature devrait être déclarée irrecevable de facto par la Cour suprême, puisque c’était une affaire relevant d’une querelle interne d’une association politique, dont le statut de cette association a prévu le règlement des cas similaires au niveau du conseil politique.
Affaire interne du parti
Le candidat recalé à la présidentielle exprime son incompréhension par rapport à la décision de la Cour suprême retenant le candidat de son parti investi à l’élection du gouverneur de Ngazidja et dont sa candidature était signée par la même personne qui a signé la sienne.
Cependant, il y a encore en lisse la candidature d’un membre de Juwa, celle de Me Mahamoud Ahamada. Pour l’instant, c’est la seule option du parti Juwa. Toutefois, l’élu a fait savoir que le parti s’étale sur des négociations et des compromis avec d’autres partis de l’opposition pour étudier une marche commune lors des prochaines échéances électorales.
«Au niveau des gouverneurs des îles, le parti Juwa apporte son soutien au candidat Nassim Ahamadi à Ndzuani. A Ngazidja, il soutient la candidature de Ahmed Abdallah Mohamed, seul candidat qui portera les couleurs du parti Juwa dans ces élections. Dans l’île de Mwali, le parti n’a pas de candidat pour l’instant, mais il se réserve de se prononcer à apporter son soutien à un candidat dans les jours à venir», déclare-t-il.
Quant au secrétaire général du parti Updc, Youssouf Boina, il pense que le motif invoqué sur la question du patrimoine de Mohamed Ali Soilihi, ne devrait être décisif pour un candidat, jusqu’à lui priver de sa liberté de candidature. Selon lui, entant que citoyen qui présente toutes les conditions fondamentales visibles pour la participation à des élections, Mohamed Ali Soilihi avait répondu à tous les critères d’être candidat. Il a rappelé que le motif avancé par la Cour suprême, ne prive pas Mohamed Ali Soilihi de ses droits civiques, et elle n’était pas une condition formelle sur les conditions nécessaires prévues par la loi électorale qui permet la validation ou non d’une candidature.
«C’est une formalité effectivement qui a une incidence sur l’estimation du patrimoine de la personne, si elle est élue à une poste quelconque, mais ne peut pas être décisif jusqu’à motiver une décision de rejet d’une candidature», précise-t-il, avant de poursuivre que «à mon avis, la Cour suprême est allée un peu loin, mais le motif invoqué ne devrait pas suffire pour l’invalidation de la candidature de Mohamed Ali Soilihi».
Un casier judiciaire vierge
Youssouf Boina estime que la Cour n’a pas respecté le principe de contradiction entre le requérant et celui qui a fait l’objet de la requête en acceptant la confrontation, mais a décidé unilatéralement. «Il y a eu d’abus de pouvoir sur ce côté», jugera-t-il. Répondant sur le plan politique d’une telle décision de la Cour suprême, le candidat désistant estime que, quelque soit les motivations invoquées, mais un candidat comme Mamadou, qui avait brigué les élections de 2016, ne peut pas être privé son droit de candidature, deux ans après. «Son casier judiciaire est vierge, les conditions fondamentales pour participer à ces élections ont été remplies. Politiquement, ça s’expliquait qu’il y avait une volonté de l’exclure de la compétition, ce qui est nuisible et qui porte préjudice à l’image de la démocratie dans le pays», estime-t-il. Il appelle les Comoriens à mesurer le danger que des candidats comme Mohamed Ali Soilihi et Ibrahim Mohamed Soulé du parti Juwa, qui sont les candidats des deux des grands partis du pays, au regard des résultats de 2016, soient éliminés de la compétition. «C’est comme si Azali Assoumani va à l’élection présidentielle, tout seul», lancera-t-il.
Parlant à son nom personnel, suite au cafouillage lié à l’annulation du candidat de son parti, Youssouf Boina se réserve de parler au nom du parti et d’annoncer une quelconque décision du parti aux prochaines élections. Toutefois en sa personnalité, il a indiqué qu’il réfléchit et se prononcera à titre personnel d’ici la semaine prochaine.