Vous êtes à la tête de la coopération internationale depuis bientôt 3 ans. Quelles réalisations avez-vous pu enregistrer ?
Lorsque le président Azali Assoumani m’a confié la direction générale de la coopération internationale, en février 2021, j’ai reçu des orientations claires et une feuille de route sur les actions à mener.
Comme vous le savez, le gouvernement comorien et le Système des Nations unies ont signé, en juillet 2021, un nouveau «Cadre de coopération 2022-2026 . Ce cadre de coopération vient remplacer l’ancienne formule «Aide au développement», dont les paramètres méritaient une prise en compte de la nouvelle politique de développement de notre pays, à savoir le Plan Comores Emergentes.
Sur ce même chapitre de la coopération multilatérale, notre pays porte la marque de l’évolution institutionnelle en cours de la Commission de l’océan Indien (Coi). Cet élan de réforme de la Coi est une initiative des Comores à travers la «Déclaration de Moroni sur l’avenir de la Coi», en août 2019.
Et dans le cadre bilatéral, nous avons impulsé une forte dynamique avec un pays frère, le Royaume du Maroc, avec la tenue de la première Commission mixte Comores-Maroc. A cette occasion, 11 accords ont été signés dans plusieurs secteurs de développement.
De même pour le Sénégal, avec la signature de 5 accords de coopération, lors de la visite d’Etat, à Moroni, du Président Macky Sall, en février 2022. Ce rapprochement avec les pays d’Afrique s’est également matérialisé par la signature, en marge du sommet de l’Union africaine, en février 2023, des accords avec le Mozambique et la Tanzanie, puis quelques semaines plus tard, avec le Rwanda et l’Ethiopie.
Avec Madagascar, nous avons tenu la deuxième session de la Commission mixte, en mai 2023, dont l’objectif était de redynamiser la coopération fraternelle, historique et de proximité qui nous lie.
Vous êtes le premier responsable de la composante Maeci, de la Cellule de coordination et d’accompagnement de la présidence comorienne de l’Ua. Pouvez-vous nous
brosser un bilan à mi-parcours de cette présidence ?
Les Comoriens doivent être fiers de cette présidence confiée, pour la première fois dans l’histoire de l’Union africaine, à un Etat insulaire. Dans son discours d’investiture, le 17 février dernier, le président Azali Assoumani a inscrit, en plus du thème de l’année relative à l’accélération de la mise en œuvre de la Zlecaf, 3 questions au cœur de son mandat à l’Ua : l’économie bleue, les changements climatiques et la question liée à la paix et la sécurité.
Sur les deux premiers points, les Comores sont devenues aujourd’hui une référence sur la promotion de l’économie bleue et la prévention contre les changements climatiques en Afrique.
En effet, en juin de cette année, Moroni a abrité une conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique sous le haut patronage du président Azali, en présence du président de la Commission de l’Ua, Moussa Faki et plusieurs ministres du continent.
La «Déclaration de Moroni» est une véritable feuille de route dans toutes les grandes rencontres internationales, notamment au sommet africain sur le climat à Nairobi en septembre dernier, et à la prochaine Cop28 à Abu-Dhabi.
Sur la paix, le président est intervenu sur les dossiers de la crise de la République démocratique du Congo, du Mali, du Burkina-Faso et de la Guinée.
Puis sur le déclenchement des hostilités au Soudan entre les deux généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdan Daglo, et plus récemment sur les changements anticonstitutionnels au Niger et au Gabon.
La visite effectuée à Conakry le 23 juin, a permis de mieux cerner les réalités politiques locales et d’échanger avec le Colonel Mamadi Doumbouya sur le processus de transition. Aussi, les 17 et 18 juin, le président a pris part à une mission conduite par des collègues dirigeants africains, porteuse d’une initiative de médiation entre la Russie et l’Ukraine.
Et pour la jeunesse ?
Pour ce qui est de la jeunesse et le genre, ils sont aussi au centre de cette présidence de l’Ua. Le 19 juillet dernier à Moroni, le président Azali a procédé au lancement de l’initiative «100 millions de Mpme (Micros, Petites et Moyennes Entreprises) en Afrique ». S’agissant de la promotion du genre, les Comores organisent, depuis huer, 30 octobre 2023, en partenariat avec l’Ua, une grande réunion de consultation des Femmes leaders d’Afrique, en prélude à la Conférence des hommes sur la lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes, qui aura lieu en novembre en Afrique du Sud.
Et enfin, l’une des plus grandes réussites de la présidence comorienne de l’Ua est l’admission de celle-ci, le 09 septembre dernier, comme membre permanent du G20, à New-Delhi. Ce succès diplomatique réconforte, me semble-t-il, l’ambition panafricaine d’accéder à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
Des observateurs nationaux trouvent que le président voyage beaucoup sans résultats concrets, selon eux. Que répondez-vous à cela ?
L’Union des Comores n’est pas un pays en marge du monde et des problématiques internationales. D’autant qu’en présidant la plus grande organisation continentale, nous devons répondre à certaines obligations pour atteindre les objectifs fixés. La diplomatie, par analogie, est l’action de semer des graines et dont la récolte se met en perspective.
Il y a des résultats pour tous les voyages du chef de l’Etat, pour ne citer que l’exemple de son dernier déplacement à Bruxelles, en marge du Forum du Global Gateway de l’Union européenne. Le président Azali Assoumani et la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, ont procédé à la signature d’accords d’un montant de 28,9 millions d’euros, afin de stimuler le développement de l’Union des Comores.
Certains parlent de la diplomatie des sommets. L’expression peut paraitre ironique mais ces grands rendez-vous sont des opportunités à saisir. C’est à l’occasion de ces sommets que les grandes décisions politiques et géostratégiques sont prises.
Donc vous défendez le bilan du président de l’Union des Comores et Président de l’Ua ?
Son bilan se défend de lui-même. Je vous aide à mieux comprendre que le pays est sur la bonne voie, dans ses efforts de faire de la diplomatie, un instrument de mise en œuvre des hautes orientations du chef de l’Etat. Pour rappel, le rayonnement du pays à l’international et la diplomatie au service du développement du pays, sont parmi les principaux axes de notre politique étrangère.
Un dernier mot ?
La présidence comorienne en exercice de l’Ua démontre, s’il en était besoin, que les Etats africains font confiance à la maturité politique et diplomatique de notre pays, et surtout à notre capacité à apporter notre pierre à l’édifice, dans le grand chantier de cette « Afrique que nous voulons ». Les comoriens, au-delà de leur sensibilité et de leur opinion politique, doivent se placer à la hauteur de cette confiance et de l’engagement du président Azali Assoumani à faire de cette responsabilité une fierté nationale. En un mot, un succès.
Propos recueillis par
Chamsoudine Saïd Mhadji