Après Ngazidja, puis Ndzuani, l’île de Mwali peut enfin dire adieu aux délestages et autres désagréments dus aux coupures intempestives d’électricité. Les petites et moyennes entreprises locales, qui tournaient jusqu’ici au ralenti ou qui avaient carrément baissé le rideau à cause de cette instabilité énergétique, peuvent désormais voir leurs carnets de commandes grossir considérablement.
L’affluence record qu’a connue hier, jeudi 4 mai, la cérémonie officielle d’inauguration de la centrale de Wamani était à la mesure des espoirs nourris par la population mohélienne.
Jamais mobilisation n’avait fait l’objet d’un consens général au niveau de l’île, au-delà même des positions politiques des uns et des autres. Le gouverneur Mohamed Saïd Fazul, que l’on dit en froid avec Beït-Salam, avait rameuté ses troupes pour conférer un éclat particulier à l’événement.
Éviter de replonger dans l’obscurité
Dans son discours, le notable Madi Said n’a pas mâché ses mots en appelant, sous les applaudissements du public, les agents de Ma-mwe à «cesser de subtiliser le gasoil de la société», mais plutôt à assurer convenablement l’entretien des groupes «pour éviter de replonger dans l’obscurité.» Selon lui, les notables de l’île se sont engagés à ne jamais intercéder en faveur d’un agent de Ma-mwe licencié pour fraude, de quelle nature qu’elle soit.
Les vice-présidents Abdallah Saïd Sarouma et Djaffar Ahmed Saïd ont, tour à tour, salué les efforts du chef de l’Etat, qui, «en l’espace de quelques mois, a su honorer l’une de ses promesses électorales phares.» Ils en ont aussi appelé au civisme aussi bien des citoyens que du personnel de Ma-mwe.
A son tour, le président Azali a insisté sur son projet d’émergence. «Il ne s’agit pas d’un slogan, ni d’un rêve, mais d’un objectif, certes ambitieux, mais qu’on peut bien atteindre comme l’ont fait nos voisins mauriciens. Nous partageons avec eux les mêmes atouts et les mêmes handicaps. Là où ils ont réussi, pourquoi serions-nous incapables de réussir», a-t-il feint de s’interroger.
La pose de la première pierre à Wanani
Par rapport à la stabilité énergétique que vient de retrouver le pays, le chef de l’Etat a déclaré qu’il y avait urgence à relever ce défi. «Reste maintenant à chercher les voies et moyens pour mettre fin définitivement à l’obscurité et ce, à travers le projet de la centrale à fuel lourd, initié par mes prédécesseurs et dont j’ai le devoir de poursuivre le chantier.
Il y a aussi la géothermie, l’hydraulique et l’éolienne, des énergies moins coûteux et qui correspondent parfaitement à notre pays», ajouta-t-il. Le président de la République a, par ailleurs, abordé certains sujets d’actualité, notamment la grève qui secoue l’éducation nationale. Il a ainsi appelé les syndicats au dialogue, seul moyen à ses yeux de résoudre ce conflit social.
Seule ombre au tableau de cette cérémonie : les trois coupures d’électricité pendant que le chef de l’Etat prononçait son discours. La centrale de Wemani dispose aujourd’hui de deux nouveaux groupes électrogènes Mitsubishi d’une capacité de 4 mégas ; ils sont couplés avec les groupes déjà existants.
Dans l’après-midi du même jour d’hier, Azali et son gouvernement, accompagnés du gouverneur Fazul et de ses commissaires, ont procédé à Wanani, dans la région de Djandro, à la pose de la première pierre d’une école professionnelle et technique.
Le chef de l’Etat va aussi diriger ce vendredi, en mi-journée, la prière collective hebdomadaire à Miringoni ; il en profitera pour se recueillir devant la tombe du grand cadi de l’île, cheikh Kaembi Nourdine, décédé en début de semaine.