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Ambassadeur saoudien, Hamad Al-Hadjiri : "Riyad est disposé à appuyer tout projet"

Ambassadeur saoudien, Hamad Al-Hadjiri : "Riyad est disposé à appuyer tout projet"

Politique | -   Ahmed Ali Amir

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Dans cette interview, l’ambassadeur du royaume d’Arabie Saoudite à Moroni, Hamad Muhamad Al-Hadjiri parle des raisons de l’implication du royaume d’Arabie Saoudite à la guerre au Yémen. Selon lui, “le royaume communique avec toutes les parties internationales pour influencer les Houthis à mettre fin à la guerre.” L’Arabie Saoudite injecte deux milliards de dollars pour renflouer les caisses de la Banque centrale du Yémen pour protéger la monnaie locale. L’objectif de cet appui est d’alléger les souffrances du peuple yéménite. Entre les Comores et l’Arabie Saoudite “il y a plusieurs projets à l’étude et le côté saoudien est prêt à accepter toutes les demandes faites par le côté comorien une fois l’étude ,complète, la faisabilité et l’importance justifiées.”

 


Al-Watwan : L’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle allait transférer deux milliards de dollars (1,6 milliard d’euros) à la Banque centrale du Yémen, en manque de liquidités, après des appels pressants du président et du premier ministre de ce pays en guerre. Cette décision s’inscrit, selon le communiqué d’annonce, dans la poursuite du soutien du royaume au peuple yéménite. Pensez-vous soutenir la monnaie du Yémen dévaluée ou injecter de l’argent dans la reconstruction ou l’effort de guerre ?



Al-Hadjiri : Le royaume de l’Arabie Saoudite a injecté deux milliards de dollars pour renflouer les caisses de la Banque centrale du Yémen pour protéger la monnaie locale. L’objectif de cet appui pour le royaume d’Arabie Saoudite est d’alléger les souffrances du peuple yéménite et l’aider à faire face aux lourdes charges économiques provoquées par les effets néfastes des crimes et des violations des milices Houthi, iraniennes.

Ce soutien du royaume au peuple yéménite se situe dans le cadre du renforcement de la situation financière et économique en République du Yémen, en particulier pour booster le taux de change du Riyal yéménite en espérant rapidement influer sur les conditions de vie des citoyens yéménites.

 


Al-Watwan : Des critiques sévères sont portées contre la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite sur la conduite de la guerre au Yémen ? Qu’est en dites-vous ? Pensez-vous qu’au vu des résultats cette guerre se justifiait ?


Al-Hadjiri : Le royaume d’Arabie Saoudite cherche une solution politique au Yémen. Le Royaume communique avec toutes les parties internationales pour influencer les Houthis à mettre fin à la guerre. L’intervention des forces de la coalition arabe constitue une réponse à l’appel du gouvernement légitime pour mettre fin aux agissements des milices soutenues par les forces régionales. Cette guerre a été malheureusement imposée à l’Arabie Saoudite.

 


Al-Watwan : L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Yémen, Bahreïn, l’Egypte, les Maldives et les Comores ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ils l’accusent de complaisance à l’égard de l’Iran et des mouvements islamistes. Il s’en est suivies de nombreuses mesures de rétorsion : fermeture de leurs frontières terrestres et maritimes avec Doha, suspension des vols de leurs compagnies aériennes, fermeture de leurs espaces aériens à la compagnie Qatar Airways et restrictions sur le déplacement des personnes. Et  maintenant ?


Al-Hadjiri : La rupture des relations avec le Qatar est uniquement dictée par des raisons de sécurité nationale pour les quatre pays afin de les protéger contre les dangers du terrorisme et de l’extrémisme. Cette décision a été prise en raison de violations graves par les autorités de Doha qui mènent secrètement et parfois ouvertement ces dernières années, des actions qui suscitent des troubles dans les pays de la région.

La politique du Qatar apporte un soutien à  plusieurs groupes terroristes et sectaires qui déstabilisent les nations. Des groupes connus qui vont des Frères musulmans à Daesh et le groupe Al-Qaïda tout en promouvant la littérature et les programmes de ces groupes à travers leurs médias. Le Qatar a toujours manqué à ses obligations internationales et ne respecte pas les accords internationaux signés notamment les accords qui visent à mettre fin aux hostilités contre les pays de la région et se défendre contre les groupes terroristes.

Ce pays a démontré son incapacité à mettre en œuvre l’accord de Riyad 2013 et l’accord 2014.  Le retour à des relations diplomatiques sera de nouveau posé si le Qatar commence par arrêter toutes les formes de financement en faveur des personnes ou entités ou organisations terroristes ou extrémistes et respecte aussi la non-ingérence dans les affaires d’autres pays.

 


Al-Watwan : Le prince héritier Mohammed Ben Salmane, a lancé en novembre une purge sans précédent contre des dizaines de personnalités du monde politique, des affaires, et même des membres de la famille royale. Quelle est le but de cette offensive ?


Al-Hadjiri : L’Arabie Saoudite a une vision pour l’année 2030 (“Vision 2030”). Pour y parvenir, le royaume entreprend des réformes économiques globales qui confirment sa détermination. Les aspects les plus importants de cette vision sont la promotion de la croissance et la lutte contre la corruption. Le 4 Novembre 2017, il a été institué une Commission de lutte contre la corruption, dirigée par le prince héritier Mohammed bin Salman Al Saoud.

Cette commission examinera les infractions et les crimes ainsi que les entités liées aux problèmes de corruption dans le royaume. Elle se penchera sur les mesures de précaution ; les poursuites judiciaires, prendra les mesures adéquates contre les personnes impliquées dans des affaires de corruption.

 


Al-Watwan : Les Saoudiennes sont autorisées à conduire, en plus des voitures, des motos et des camions, d’assister aux matchs, concerts et aux salles de cinéma. Est-ce une volonté de les impliquer davantage dans le processus de prise de décisions ?


Al-Hadjiri : La femme est un partenaire clé dans le développement de toutes les sociétés. Les décisions récentes prises en faveur de l’épanouissement des femmes dans le royaume visent à faciliter leur rôle dans la société, un rôle par ailleurs garanti par les systèmes sociaux et les valeurs. Ces mesures prouvent la nécessité accrue de leur contribution et la performance de leurs devoirs envers la société et la famille. Les réformes économiques en cours prises à leur égard sont en conformité avec la loi islamique.

 


Al-Watwan : Entre les Comores et l’Arabie Saoudite existent des relations séculaires, avant même l’indépendance des Comores, pouvez-vous nous parler de cette singularité de nos relations ?


Al-Hadjiri : L’Arabie Saoudite a été l’un des premiers pays qui a décidé d’accompagner le nouvel Etat après l’indépendance et son accession à la souveraineté en 1975. Le royaume a accueilli de nombreux étudiants dès les premières heures du nouvel Etat comorien. Les relations entre les deux pays, remontent à l’histoire ancienne comme au temps du roi Khalid avec la construction de la célèbre route dans la partie sud de l’île de Ngazidja, à une époque où certains pays ne pouvaient pas situer les Comores sur la carte. Le Fonds saoudien de développement a joué un rôle majeur dans les années 1980 dans la mise en place de plusieurs infrastructures de base.

Le Royaume a contribué dans la mise en place d’un certain nombre d’établissements d’enseignement dans les trois îles, ainsi que les mosquées et les centres islamiques dont les plus célèbres sont les six instituts de la Ligue islamique mondiale qui ont joué un rôle majeur dans le maintien de l’éducation arabo-islamique dans le pays, ainsi que des instituts scolaires national pour la préparation des enseignants.

Au niveau de la santé, l’Agence de secours du Royaume a établi trois hôpitaux dans les trois îles, en plus de soutenir le secteur de l’eau dans de nombreuses régions du pays. Le royaume a fourni un soutien budgétaire en 1989 qui a aidé à acheter un avion de la société Air Comores  et qui a été fermé après sa faillite, sans ignorer la contribution au financement de la construction du port de Moutsamudu, île de Ndzuani.

Les installations les plus importantes du royaume aux Comores figure la mise en place au cours de ces dernières années de la construction de la faculté Imam Chafioun  et le Centre d’Abou Bakr sudik de Bandamadji et les écoles de Madaris Al Iman. Le Forum de la Jeunesse Islamique a également construit 3 écoles qui ont été ouvertes l’année dernière en 2017.

Le royaume a également apporté un soutien budgétaire aux gouvernements comoriens successifs, le plus important étant en 2016 pour le paiement des arriérés de salaires aux employés du pays. Afin de permettre aux Comores de jouer son rôle sur la scène internationale; le royaume apporte aussi son soutien à la construction de routes, d’écoles, d’établissements de santé ou de soutien budgétaire, ainsi que l’aide humanitaire. Le royaume offre également des facilités pour les pèlerins Comoriens notamment au cours des deux dernières années. Le royaume a supporté par exemple le transfert des pèlerins des Comoriens, un geste pour soulager les conditions économiques critiques.

 


Al-Watwan : Depuis peu, l’Arabie Saoudite décide d’appuyer le gouvernement comorien dans sa quête d’émergence en 2030. Quels sont les projets en cours et les montants accordés ?


Al-Hadjiri :  Les projets en cours d’exécution sont celui de Saad bin Maaz à propos du Centre pour la mémorisation du Saint Coran de la Ligue islamique mondiale et le projet de la route de l’Aéroport – Mitsamihuli dans l’Île de Ngazidja ; la route Dindri - Lingoni dans l’île de Ndzuani financé par le Fonds saoudien pour le développement.

Le financement a été approuvé pour  construire la route Mtsamudu - Sima Ndzuani à hauteur de 6 milliards de francs comoriens et le financement pour des formations spécialisées de 14 médecins comoriens en Tanzanie d’un montant total de de 200 millions de francs comoriens, sans oublier l’aide budgétaire accordée chaque année.

 


Al-Watwan : Existe-t-il des projets phares en négociations ?


Al-Hadjiri :  Il y a plusieurs projets à l’étude et le côté saoudien est prêt à accepter toutes les demandes faites par le côté comorien une fois l’étude complète, la faisabilité et l’importance justifiées.

 


Al-Watwan : Comment analyser vous les relations entre les deux pays et les perspectives ?


Al-Hadjiri : Entre les deux pays, existent des relations solides. Ces relations répondent à des aspirations communes entre les deux pays et une forte volonté de développer et de hisser ces liens aux plus hauts niveaux.

Les Comores ont prouvé depuis leur indépendance en 1975 leur solidarité avec les positions du royaume sur la scène internationale, Le royaume  reconnait l’importance de fournir une assistance aux Comores et n’a ménagé aucun effort pour soutenir la République dès le départ. Il y a également plusieurs accords entre les deux pays, y compris la coopération militaire et dans le domaine des affaires islamiques. L’approbation  a été accordée pour la prochaine visite de son excellence le président Azali Assoumani au royaume. Nous attendons de fixer la date de cette visite qui sera bénéfique pour les deux pays frères.


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