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Interview de Mbae Toimimou, directeur des élections : Tout est prêt pour le référendum du 30 juillet

Interview de Mbae Toimimou, directeur des élections : Tout est prêt pour le référendum du 30 juillet

Politique | -   Mohamed Youssouf

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A moins de quatre semaines de l’élection référendaire, le directeur des élections, Mbae Toimimou, a accordé une interview à Al-watwan dans laquelle, il revient sur les préparatifs du scrutin, la décision de certaines organisations de la société civile et des partis politiques qui ne souhaitent pas participer au processus, mais également sur l’héritage des dernières élections et sur la Ceni.

 


Comment vont les préparatifs du référendum alors que les opposants continuent à protester ?


 Les travaux préparatoires en vue du référendum du 30 juillet prochain vont bon train puisque dans la première phase, nous avons sensibilisé toutes les institutions, et des acteurs politiques et étatiques ainsi que la population. Nous avons réactivé au niveau du ministère, ce que nous appelons le comité de coordination, une institution qui rassemble tous les acteurs du processus électoral à commencer par la Ceni, le ministère de l’Intérieur, le monde de la presse... La mise en place des institutions en charge de l’élection a été la seconde phase parce qu’en période électorale, la Ceni se démembre au niveau des îles et au niveau des communes. Nous avons donc eu à installer les commissions électorales insulaires et les commissions électorales communales. Après cette étape, une formation débutera cette semaine au profit des membres de ces institutions pour se rappeler les principes qui régissent les élections. La campagne est désormais effective depuis samedi dernier mais au préalable, le projet de révision constitutionnelle a été distribué sur l’ensemble du territoire à travers les partis politiques, les préfets et les maires pour qu’il soit accessible à tout le monde.


La Ceni vient de confirmer que les listes électorales ainsi que le nombre de bureaux restaient les mêmes qu’en 2016. N’aurait-il pas fallu procéder à un recensement de la population ?


 Effectivement, le fichier électoral demeure le même que lors des précédentes échéances dans la mesure où, nous n’avons pas eu le temps nécessaire pour organiser un recensement exceptionnel. Nous sommes présentement en train d’imprimer les listes électorales. Rappelons que pour effectuer son vote, il faut soit la carte électorale, la carte d’identité nationale ou le passeport. Ainsi, les seules les personnes qui se trouvent dans les listes peuvent voter. Les autres doivent attendre le prochain recensement puisque la loi en prévoit un chaque année au dernier trimestre.


Diriez-vous que toutes les mesures sont prises en ce qui concerne la logistique et les ressources humaines ?


 Dans un souci de prendre en compte tous les paramètres, nous avons lancé une évaluation du fichier des membres des bureaux de vote pour une éventuelle formation puisqu’à chaque élection, il y a le recrutement de certains jeunes cadres. Du personnel susceptible d’être formé dans la gestion d’un bureau de vote sachant qu’il y a un président, un secrétaire, des assesseurs, des délégués des partis entre autres. Il existe un fichier spécial des personnes qui ont eu à travailler dans un bureau de vote. Ainsi, une évaluation devait permettre de connaitre ceux qui sont disponibles, ceux qui sont recyclables.

 

En ce qui concerne la logistique, un appel d’offre pour la fourniture du matériel et équipement électoraux a été fait et cette semaine, nous attendons l’acheminement d’urnes, isoloir, kit électoral. En 2016, nous avions des isoloirs dont certains sont là, d’autres usés ou cassés. Après évaluation, l’achat du reliquat a été acté. Il appartient maintenant à la Ceni et au ministère de l’Intérieur d’impulser une campagne responsable, un débat républicain et un respect des règles et principes démocratiques. Techniquement, les choses sont au point puisque nous avons une avance de presque dix jours par rapport à notre calendrier.


La société civile (du moins une partie) vient de rendre publique sa décision de ne pas prendre part au scrutin. Cette défection ne rend pas encore possible l’idée d’un vote à sens unique ?


Certaines organisations de la société civile acceptent de participer à des formations citoyennes, éduquer les Comoriens à se montrer plus civiques, à aller voter. Que le Comorien exerce son droit de vote. Plusieurs sociétés civiles sont dynamiques et affirment qu’elles vont participer pleinement. Tout comme certaines d’entre elles préfèrent rester en marge.


L’opposition également déclare forfait. Ne croyez-vous pas qu’il n’y aura personne pour contrôler les règles de la démocratie ?


 C’est une question purement politique, un débat qui concerne les partis politiques qui se sont inscrits conformément à la loi. La Ceni a sorti une liste comprenant les partis autorisés à battre campagne.


La Ceii au niveau de Ndzuwani traverse des turbulences et les travaux n’auraient pas encore démarré. Que se passe-t-il concrètement ?



Les nominations sont là et les prestations de serment sont lancées. Ceux qui n’ont pas encore prêté serment doivent passer par le Cadi avant de prendre leurs fonctions. Nous avons respecté les textes qui prévoient que certaines institutions ont la possibilité de faire des propositions sur les nominations dans les commissions insulaires. A Mwali tout est en ordre, à Ngazidja, la commission sera installée cette semaine et à Ndzuwani, certains membres doivent prêter serment.


La Ceni s’était immiscé dans les compétences dévolues aux Cnpa en 2016 en ce qui concerne le travail des journalistes chargés de couvrir les élections. Comment éviter une telle mésaventure?



Nous avons des institutions jeunes et chacune d’elles cherche à marquer son territoire. Malheureusement, les limites des compétences de chacune ne sont pas suffisamment dégagées vu la jeunesse des institutions. Nous devons accorder plus d’importance à la concertation sur la manière de travailler et de créer une certaine cohérence, une certaine complémentarité entre nos institutions. Raison pour laquelle l’on a créé le comité de coordination qui regroupe tous les acteurs et dans lequel, l’on évoque toutes les positions mêmes les plus contradictoires.


Il s’en est fallu de peu pour que le pays s’embrase à la suite des dernières élections qui ont eu lieu dans le pays. Comment faire en sorte que la donne soit différente ?


 Chaque institution a sa propre mission. À titre d’exemple, les compétences de la Cour constitutionnelle étant transférées à la Cour suprême, tout ce qui est contentieux électoral revient à cette dernière et tout ce qui est organisation et matériel revient à la Ceni et au ministère de l’Intérieur. À la fin de chaque processus électoral, nous faisons une évaluation et prenons les dispositions pour changer ce qui n’a pas fonctionné. On enregistre des connaissances et des expériences pour améliorer les choses.


Et la Ceni dont les mêmes personnes se retrouvent aujourd’hui de nouveau à la tête de l’institution ?


 On a épinglé les responsables de la Ceni quant à leur gestion financière. Avec les évaluations que nous avons faites, la Ceni a eu à améliorer ce point, se renforcer et faire les corrections nécessaires, mieux s’organiser pour éviter de nouvelles critiques. L’optimisme demeure pour que la Ceni mette en place les recommandations en matière d’organisation administrative et financière. L’expérience en matière de gestion évolue d’année en année.


Pour finir, des émissaires sont-ils attendus pour la supervision ?



Les portes sont ouvertes aux différents superviseurs et à toute observation nationale et internationale. Un comité d’accréditation des observateurs internationaux composé du ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intérieur ainsi que la Ceni, est mis en place. Pour le moment, je ne saurai vous dire si des demandes sont faites en ce sens.

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