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Interview du porte-parole de Beit-Salam Mohamed Issimaila : “Sambi excelle dans l’art de se victimiser”

Interview du porte-parole de Beit-Salam Mohamed Issimaila : “Sambi excelle dans l’art de se victimiser”

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Dans une interview accordée à Al-watwan, le porte-parole du palais présidentiel, Beit-Salam, est revenu en long et en large sur l’actualité politique autour de l’ancien président de la République, Ahmed Abdallah Sambi, et sur le référendum prévu le 30 juillet prochain. Pour Mohamed Issimaila, l’ancien Raïs “n’a pas de leçons de démocratie à donner” et la décision de le placer en résidence surveillée répond à un besoin d’ordre public sachant que les informations détenues par le ministère chargé de la Sécurité nationale “ne sont pas forcement à vulgariser”. Relancé sur l’irrespect des prix lors du mois sacré de Ramadhwani, Mohamed Issimaila pointe du doigt l’immobilisme des consommateurs “à Ngazidja”.

 


L’actualité politico-judiciaire tourne autour de l’ancien président, Ahmed Abdallah Sambi. La dernière mesure l’a placé en résidence surveillée. Beit-Salam est-il en phase avec cette décision ?


 Il s’agit d’une mesure administrative et le ministère en charge de la Sécurité nationale dispose de cette prérogative qui consiste à placer une personne donnée en résidence surveillée. Il faut faire la différence entre une résidence surveillée et une assignation à résidence qui ne peut émaner que du juge. Chargé de maintenir l’ordre, le ministère de l’Intérieur, de part les éléments en sa disposition, peut juger utile de prendre cette décision. Ces éléments d’informations ne sont pas forcement divulgués. En parlant de résidence surveillée, ce pays était également en résidence surveillée, 200 militaires libyens avaient pris leur quartier aux Comores mais nos intellectuels et les mouvements de la société civile ne le disent pas. On a la mémoire courte et c’est une situation qui ne rime pas avec développement.


L’on légitime cette mesure en s’appuyant sur des textes français…



On peut discuter de la moralité et de la légalité de la mesure et vous n’êtes pas sans savoir que nos textes sont inspirés du droit français. Je suis certain qu’il s’agit d’une disposition légale, une disposition qui existe. Même dans les pays dits avancés en démocratie, parfois l’on constate des restrictions des libertés. Il faudra donc se pencher sur les textes comoriens pour trouver une base juridique à cette décision légale.

 


Pour quelqu’un qui prêche depuis 1996 et qui fait la politique depuis plusieurs années, l’empêcher de tenir des rencontres politiques ou de prêcher ne renforce finalement pas les dires de l’opposition qui parle d’acharnement et de dictature ?


 

Dans ce pays si quelqu’un est mal placé pour donner des leçons de démocratie, c’est bien l’ancien président. Il a été élu pour un mandat de quatre ans mais il en a fait cinq. Ça fait plus de 20 ans qu’il occupe la scène politique avec au départ, une connotation religieuse pour bien préparer le terrain. Si aujourd’hui l’on parle d’autonomie des îles, c’est parce qu’il en avait fini avec cette autonomie en vidant les compétences qui étaient dévolues aux exécutifs insulaires. Il y a tout de même un domaine dans lequel il excelle, c’est dans l’art de se victimiser.En 5 ans de présidence, il n’est responsable de rien,en cas de problème, il faut voir avec ses ministres. Alors il n’y a aucun acharnement contre sa personne d’ailleurs l’on ne parle pas des deux milliards d’euros qu’il avait évoqué au stade de Missiri mais que personne n’a vu la trace. S’il ne prêche pas cette année ça change quoi à un moment où l’on parle de la cherté de la vie. En tout cas, s’il tient ses sermons à Mde, il n’aurait aucun problème. En revanche à Moroni, il y a une structure des Oulémas qui veut qu’on obtienne son autorisation avant de prêcher dans la capitale.


Et pour la dictature ?


 Quant à ceux qui parlent de dictature, il faudrait qu’ils nous expliquent si l’on peut parler de dictature lorsqu’on prend les décisions tout seul et parler également de dictature lorsqu’on convoque un référendum pour que tout un chacun s’exprime et donne son avis. Comment peut-on parler de dictature alors que le président en exercice a mis en jeu son mandat, que je rappelle est loin d’être achevé ? Le président aurait pu passer par le congrès. Il prévoit de démissionner pour de nouvelles élections si le oui l’emporte au référendum. Il y aura donc des candidats à la présidence de la République, les opposants peuvent tirer leur épingle du jeu.De quoi a-t-on peur dans ce cas ?

 

 


Vous avez justement évoqué l’élection référendaire à venir. La loi dispose que le texte portant objet du référendum soit annexé au décret de convocation du collège électoral. Ce texte n’est toujours pas rendu public…


 Le texte sera à la disposition de tout le monde bientôt. Très bientôt, soit ce mois de Ramadhwani. Désormais la Cour suprême œuvre pour l’organisation de ce référendum. Toutefois, le débat autour du transfert des compétences de la Cour constitutionnelle n’a jamais fléchi. Je peux comprendre que quelqu’un de bonne foi, épris de liberté soit choqué par la forme de ce transfert mais comment oublier que tout le monde criait à l’inutilité voire à la nuisibilité de cette Cour constitutionnelle. Une institution qui ne servait en rien à la démocratie. A mon avis, peu nombreux sont ceux qui pleurerons cette Cour qui a certes constaté la fin du mandat de Sambi mais qui lui a offert un an de plus. Une Cour qui a légitimé l’organisation d’un troisième tour de l’élection présidentielle. Une Cour qui a vu un de ses membres parler de corruption, gabegie et malversations en son sein. Avons-nous réellement besoin d’avoir une Cour constitutionnelle et une Cour suprême ? L’on veut nous présenter Sambi comme un champion de la démocratie et réhabiliter une Cour profondément décriée. Mais si vous êtes porte-parole de Beit-Salam, on vous retire le droit d’être objectif, on ne vous le reconnait pas, on vous le prend parce que l’on juge que tout ce que vous dites est forcement subjectif.


Pour finir, Ramadhwani oblige, l’on constate que comme chaque année, les prix flambent en ce mois sacré. Pourquoi autant de difficultés à assurer le respect des prix décidés par les autorités ?


 Ça n’engage que moi mais je pense qu’aucune autorité ne peut s’assurer du respect des prix à Ngazidja. En revanche à Mwali et Ndzuwani, la population joue son rôle et les commerçants s’y plient. Quand la police fait une descente à Volo-volo, les acheteurs eux-mêmes proposent aux vendeurs de se mettre à l’abri de la police quitte à rejoindre leurs domiciles pour réaliser l’opération d’achat. C’est inadmissible d’acheter quatre tarots à 2000 francs soit l’équivalent du prix d’un kilo et demi de riz pour chaque tarot. Quatre tiges de manioc à 1000 francs, c’est incompréhensible. En fait, les produits importés, puisque c’est le gouvernement qui fixe les prix, sont désormais moins chers que les produits locaux. Tout ne peut pas venir d’en haut. Ce n’est tout de même pas au gouvernement de venir donner le prix du piment. Les consommateurs doivent jouer leur rôle à Ngazidja à l’image de ce qui se fait dans les autres îles. Qui peut comprendre qu’aujourd’hui, dans un pays insulaire, le poisson est trop cher comparé à la viande et au poulet ? Farine, sucre, riz entre autres sont 3 à 4 fois moins chers que la banane, manioc, tarot, patates etc.

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