La cérémonie de prestation de serment du chef de l’Etat, organisée ce dimanche 26 mai au stade omnisport de Maluzini, a été marquée par la présence de cinq chefs d’Etat africains qui ont foulé le sol comorien pour partager cet instant historique de la démocratie comorienne. Le doyen, Denis Sassou Nguesso de la Guinée, le Mozambicain Filipe Nyusi, le Malgache Andry Rajoelina, l’Angolais João Lourenço, le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló ont pris bonne place à la tribune officielle en présence du président de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina.

"Liens d’amitié, de fraternité et de coopération"

Les Comores ont déployé les gros moyens pour être au rendez-vous. Le stade de Maluzini a été pris d’assaut dès l’aube par des milliers de personnes venues assister à l’investiture d’Azali Assoumani à la tête du pays. Le jeune artiste Ngololo Sham's a chanté (à capella) l'hymne national alors que la troupe Tcheza s'est livrée à une brève démonstration de danse traditionnelle symbolisant, un épisode mythique de l'histoire ancienne de l'archipel.Un évènement inédit qui a mobilisé presque toute la communauté internationale. L’Union africaine, le Système des Nations-Unies, la Ligue arabe, l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), la France, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, le Brésil et la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est et australe (Sadc) ont été représentés par des envoyés spéciaux dépêchés à Moroni pour l’occasion, suscitant ainsi la gratitude du président de la République.
«Je voudrais réitérer, à vous mes chers collègue

s chefs d’État et de gouvernement et à tous les représentants des pays frères et amis et des Organisations internationales, nos vifs remerciements et notre profonde gratitude pour votre présence parmi nous», a souligné Azali Assoumani. « Je vous réitère également notre ferme volonté de toujours œuvrer en étroite collaboration avec vous, pour rehausser davantage, les liens d’amitié, de fraternité et de coopération qui nous unissent », a-t-il ajouté.

L’évènement, jugé historique par les organisateurs, a été à l’évidence, placé sous le signe de l’amitié arabo-africaine d’abord, puis de la fraternité des pays amis des Comores. Arrivé 48 heures plutôt avant l’évènement, le Bissau-Guinéen demeure « un ami personnel », du président Azali Assoumani, d’après son conseiller diplomatique, Hamada Madi Boléro. «Sa présence ici témoigne de l’intensité de leur relation fraternelle », a-t-il mentionné sur les ondes de l’Ortc. Tout comme le doyen Denis Sassou Nguesso qui s’est réjoui de sa présence aux Comores, profitant, dans son discours, pour sensibiliser la classe politique montante sur les fondements historiques et sociologiques de la démocratie africaine, ses failles et ses secrets. 

La République Unie de Tanzanie et la République du Kenya, partenaires naturels des Comores, sont devenus, ces dernières années, des alliés incontournables des îles dans le concert africain et mondial avec une certaine complémentarité dans la conduite de nombreux dossiers diplomatiques régionaux. L’Angola, qui préside la Sadc, a été beaucoup marqué par la présidence comorienne de l’Union africaine et souhaite que les pays membres de la communauté se servent de l’exemple des Comores pour réussir des alternances pacifiques. (Lire aussi page 4) Madagascar, voisin immédiat des Comores, est la « sixième île des Comores » après Marseille, « la cinquième », et reste la deuxième grande destination des Comoriens après la France. En dépit de nombreuses incompréhensions dans divers dossiers, les deux pays se savent bien liés par la géographie, le sang et l’histoire. Et sont aujourd’hui confrontés par des défis communs.

Les dividendes diplomatiques de la présidence comorienne de l’UA

Les moyens logistiques mobilisés étaient ainsi à la hauteur de cet évènement qui reste, aux yeux des partisans du pouvoir, une première dans l’histoire politique comorienne. «C’est la première fois que notre pays accueille de telles personnalités. C’est une première, nous devons nous en féliciter», s’est réjoui le président de l’Assemblée nationale, Moustardroine Abdou pour qui «ce succès diplomatique, on le doit au chef de l’Etat qui a su exercer avec engagement et conviction la présidence de l’Union africaine».
De nombreux officiels comoriens et des citoyens n’ont pas manqué de mettre en avant les dividendes diplomatiques de la présidence comorienne de l’Ua, soulignant les opportunités qui s’offrent au pays après son expérience à la tête de l’organisation panafricaine. Le président de la République a exprimé sa reconnaissance à la population, promettant de faire de son mieux pour répondre à ses grandes aspirations. « A l’ensemble du peuple comorien, je vous renouvelle mon engagement à ne ménager aucun effort, pour faire de notre pays, avec votre appui et votre accompagnement, un havre de paix et un modèle de stabilité et de croissance économique », a conclu Azali Assoumani, dans son discours.