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Jacqueline Bassa-Mazzoni face à la presse I «Construire ensemble un destin commun»

Jacqueline Bassa-Mazzoni face à la presse I «Construire ensemble un destin commun»

Politique | -

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À quelques jours de son départ définitif des Comores, l’ambassadrice de France a insisté sur les liens inébranlables entre les peuples comorien et français ainsi que le partenariat intarissable des deux gouvernements. Jacqueline Bassa-Mazzoni s’est montrée satisfaite du travail accompli ces quatre dernières années, précisant que la France poursuivra sa coopération aux Comores et se montrera volontiers à travailler avec les autres partenaires dans un esprit de complémentarité pour relever les défis de l’archipel.

 

L’ambassadrice de France aux Comores a convié, hier à son domicile de Vwadjuu, cinq médias de la place (1h 40 mn) pour échanger ensemble sur des éléments du bilan de son mandat aux Comores. Jacqueline Bassa-Mazzoni a fait le tour de la coopération bilatérale, revenu sur «la nouvelle dynamique» engagée par les deux pays et réaffirmé la volonté de la France à accompagner le peuple et le gouvernement comoriens à réussir la nouvelle feuille de route des deux pays.


La diplomate estime que les deux Etatsont tous intérêt à travailler main dans la main pour surmonter ensemble les défis et poser «des bases solides» de partenariat dans les domaines prioritaires avec comme seul et unique but «d’améliorer le mieux-être de la population». Et justement, Jacqueline Bassa-Mazzoni s’est attelée à défendre les projets contenus dans le Plan de développement France-Comores (Pdfc).


«On a vraiment à cœur d’expliquer que tous ces projets, c’est pour la population comorienne. C’est pour améliorer le mieux-être de la population dans tous les domaines prioritaires définis», a-t-elle rappelé, ajoutant que tout cela vise à éviter aussi «les trafics humains et d’inciter les gens à aller mourir en mer». Le montant total alloué à ce plan est estimé à 150 millions d’euros (73 milliards de francs comoriens dont une bonne partie affectée dans la santé et l’insertion professionnelle des jeunes à travers des projets dans l’agriculture et l’environnement).

Des opportunités d’emplois

L’ambassadrice se montre beaucoup plus attachée à des politiques novatrices qui puissent offrir des opportunités d’emplois aux jeunes aux Comores et des conditions essentielles pour disposer d’un système de santé efficace au profit de toute la population comorienne. «Une bonne partie des fonds va servir au financement de projets dans les secteurs de la santé, de la formation et de l’insertion professionnelle», a-t-elle expliqué.


Au niveau de la santé, la France, d’après son ambassadrice, souhaite mettre en place «cinq hôpitaux pilotes sur les trois îles» en plus des actions ciblées pour accompagner la politique sectorielle et soutenir les efforts du gouvernement comorien visant à améliorer l’offre des soins. «Des professionnels de santé vont appuyer ce volet, il y aura la formation, il y a une volonté de restructurer le système de santé, il y a le secteur des grands brûlés, le secteur des urgences, de la dialyse, les maladies non transmissibles, les évacuations sanitaires et la coopération pour la maladie mentale», a expliqué Jacqueline Bassa-Mazzoni.

 

La diplomate reconnait la perte d’influence de la France sur le terrain et que cela a été «une préoccupation de mon gouvernement» mais elle précise que «l’objectif ce n’est pas d’être le numéro un avant la Chine, les Emirats, les Etats-unis, tous les partenaires sont les bienvenus» mais son pays veut tout simplement «prolonger cette relation bilatérale particulière et privilégiée que nous avons eue ensemble depuis des décennies». La France, dira-telle, poursuivra sa coopération aux Comores et se montrera volontiers à travailler avec les autres partenaires dans un esprit de complémentarité pour relever les défis de l’archipel.


S’agissant du manque de visibilité de l’action française aux Comores, Jacqueline Bassa-Mazzoni affirme avoir fait «le même constat» mais affirme que des actions de communication seront engagées. «Ce plan de développement France Comores a été mis en place pour justement remédier à cet état de fait pour présenter la coopération français dans son ensemble», a-t-elle indiqué. Côté éducation, l’ambassadrice parle également de «trois lycées d’excellence» avec comme ambition de promouvoir une offre de formation professionnalisante. «Nous souhaitons l’introduction des filières techniques, il faut une variété de métiers pour éviter de laisser sur le bord de la route des jeunes sans éducation, sans diplôme, il faut les orienter vers des filières dont le pays a besoin», a expliqué Jacqueline Bassa-Mazzoni, citant, l’urgence de mettre en place «le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap), le brevet professionnel, le bac professionnel, des techniciens qualifiés, des ingénieurs car le pays en a besoin».


L’ambassadrice a annoncé «le service civique d’aide à l’insertion» qui aurait pu aider, selon elle, à la création de centaines d’emplois au profit de jeunes comme ce fut le cas dans d’autres pays comme la Guinée où «4000 emplois» avaient été créés. Pour autant, la diplomate se montre confiante quant à la concrétisation de ce projet. «Je ne suis pas pessimiste, il y a des difficultés techniques, les choses ne peuvent pas se mettre en place d’un jour à l’autre, nos deux gouvernements vont poursuivre pour la mise en place de ce service civique d’aide à l’insertion», a-t-elle souligné.


Jacqueline Bassa-Mazzoni n’a pas caché toutefois sa méfiance à l’égard des pseudo-investisseurs, «de beaux parleurs» venus avec «trop d’annonces,… qui promettaient monts et merveilles» mais qui, au final, «on ne le revoyait plus». Elle est notamment revenue sur le projet d’énergie solaire aussitôt annoncé et aussitôt fait, en parlant de la centrale photovoltaïque de Fumbuni (Lire page 7). «C’est un exemple, mais c’est que je veux dire, c’est qu’on l’a dit et on l’a fait. Les investisseurs, les beaux parleurs doivent faire la même chose», dit-elle, ajoutant que les autres projets dans le secteur de la justice et le genre vont se poursuivre.

Le visa Balladur

Revenant sur les projets dans le secteur de l’eau, l’ambassadrice de France évoque «des problèmes techniques» qui ont probablement retardé leur exécution mais souligne également des soucis liés à la gouvernance avec la création récente de la Sonede et surtout des problèmes au niveau de la maintenance des infrastructures hydrauliques. «Si les projets d’adduction d’eau de l’Afd ne sont pas entretenus, deux ou trois ans après, ce ne sera pas utilisable, il faut partir sur des bases saines et que cela profite efficacement et durablement aux usagers», a-t-elle nuancé.


Au sujet de Mayotte, la diplomate a défendu la position de son pays mais estime «qu’on ne peut pas se figer sur des positios dogmatiques», se félicitant de «la sage décision» du gouvernement comorien qui a «su lâcher le recours systématique aux institutions internationale pour dénoncer et mettre la France au pilori». Pour elle, «il faut discuter et parvenir à des solutions. On se donne la main, on essaie de construire ensemble un archipel meilleur, améliorer le bien-être de la population».


Jacqueline Bassa-Mazzoni a exclu toute éventualité de suppression du visa Balladur mais se montre favorable à «des mesures d’assouplissement» pour faciliter «les échanges sportifs, culturels et économiques». Mais, pour y parvenir, «il faudra d’abord réduire l’écart de développement» entre Mayotte et les trois îles. «C’est pourquoi, nous y travaillons pour construire un destin commun.

 

Le Document cadre de partenariat (Dcp) dont l’un des volets et le Plan de développement France-Comores (Pdfc) va dans ce sens, nous voulons améliorer les conditions de vie de la population et assurer l’efficacité du système de santé, nous y travaillons toujours à travers le Pdfc», dit-elle, promettant d’émettre des recommandations dans ce sens à l’attention de son successeur attendu théoriquement en septembre prochain.

A.S.Kemba

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