Le sinologue français, spécialiste du droit et des institutions du monde chinois contemporain, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (Cnrs, France), Jean-Pierre Cabestan, a dévoilé, dans un entretien accordé à Al-watwan, les relations et l’influence chinoise aux Comores et dans la région Océan indien. Il a d’abord montré l’objectif de son voyage aux Comores. Pour lui, «les Comores font partie d’un échantillon de pays africains et de l’Océan Indien que j’ai choisis pour mieux comprendre les relations Chine-Afrique/Océan Indien et la présence chinoise dans cette partie du monde. Cet échantillon comprend des pays francophones comme les Comores ou la République centrafricaine, des pays anglophones comme la Zambie et le Zimbabwe et des pays lusophones comme le Cap Vert et la Guinée Bissau».
L’écrivain a montré qu’en Afrique, comme aux Comores, la présence chinoise est visible. «Partout, la présence chinoise y est croissante et significative, notamment dans le domaine des infrastructures, mais pas uniquement». Le chercheur soulignera combien «la République populaire de Chine a investi dans l’Afrique pour y accroître son influence économique, politique et stratégique. Aucun Etat n’est négligé, pas même l’Eswatini qui reste pourtant le seul pays africain à avoir maintenu des relations diplomatiques avec Taiwan», a-t-il dit avant d’étaler l’importance des relations entre les Comores et la République populaire de Chine.
Une présence chinoise «visible» aux Comores
«Ces relations sont primordiales pour les Comores, moins pour la Chine. Toutefois, l’emplacement géographique des Comores, dans le Canal du Mozambique, sa position à la fois de pays africain et de l’Océan Indien intéresse au plus haut point la Chine qui cherche à accroître son influence dans la région, à la fois au détriment de la France, l’ancienne puissance coloniale, mais aussi d’autres pays émergents, comme l’Inde ou la Turquie. Les projets portuaires de la Chine dans la zone, y compris aux Comores, présentent une dimension stratégique évidente».
Jean-Pierre Cabestan a, par ailleurs, montré que l’Union des Comores est un pays conservateur. «Pays islamique, les Comores vont conserver des liens étroits avec les autres pays musulmans, mais aussi avec la France. La Chine va donc devoir s’habituer à opérer dans un environnement concurrentiel où les influences extérieures sont multiples. Mais inversement, la France aussi, qui sera de plus en plus contrainte, en Afrique et dans l’Océan Indien, de chaque jour composer avec d’autres forces et influences, celle de la Chine, bien sûr, mais aussi celle de l’Inde, de la Turquie et d’autres pays émergents».
Et de conclure sur l’influence chinoise aux Comores. « L’influence chinoise aux Comores est importante, voire majeure, marquée par une augmentation des projets d’infrastructures visibles, y compris dans les domaines sensibles comme les télécoms et la radiotélévision, par des missions médicales et agricoles et une action culturelle dynamique centrée autour des Instituts Confucius qui diffusent l’enseignement du chinois. À côté de la France, la Chine est aujourd’hui l’autre grand partenaire des Comores, tant sur les plans économique que politique et même militaire».