A la cérémonie marquant le vingtième anniversaire de l’Armée nationale de développement (And), le président Azali Assoumani s’est adressé aux Forces armées, samedi dernier, à l’Ecole nationale des forces et de la gendarmerie (Enfag), à Vwadju.
A cette occasion, le directeur de cabinet de la présidence de la République chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed Ali, a dressé un bilan des vingt ans de fusion des corps de l’armée qui “a permis à la mise en place des institutions pour garantir la paix civile, la stabilité et renforcer la démocratie”.
Pour sa part, le grand mufti, Saïd Toihiri, a insisté sur l’”importance de l’armée dans un pays musulman”, dont les missions “s’apparentent à ceux qu’avait le prophète” et l’importance d’une justice “juste et équitable pour permettre l’arrivée des investisseurs étrangers”.
Hisser au-dessus du jeu politique
Par ailleurs, l’autorité religieuse a déclaré : “Nous combattrons toute velléité d’imposer un dogme autre que l’islam sunnite dans notre société”.
Pour sa part, le chef suprême des armées s’est félicité de ce qu’est devenue l’And depuis la fusion en 1996. «Vous avez su vous hisser au-dessus du jeu politique pour protéger les institutions et les autorités légitimes et vous êtes, aujourd’hui les garants de la stabilité... et je vous remercie, au nom de toute la nation», a-t-il déclaré.
Azali a rappelé aux soldats leur rôle dans le développement du pays. Selon le chef de l’Etat, au-delà des différences de corps d’origine, de leurs particularités, de leurs missions respectives et des spécificités, ils constituent une même et une seule force. «Vous avez la noble mission de défendre l’intégrité territoriale, l’unité nationale, la paix et la sécurité du pays, de protéger les personnes et les biens et de veiller au respect des institutions républicaines et des mécanismes qui les régissent. Notre pays est encore fragile. Il faut donc que nous restions vigilants et fermes quant à son unité et sa stabilité car les risques de déstabilisation sont réels et nombreux de nos jours. Ils sont à la fois internes et externes : le terrorisme, la piraterie, l’extrémisme de toute sorte, le séparatisme, le régionalisme. Nous ne laisserons pas notre pays se déliter», a prévenu le chef suprême des armées.
Mise en garde
Revenant sur l’organisation prochaine des Assises nationales sur le bilan des années d’indépendance, il a appelé les forces armées à resserrer les rangs… pour le bien du pays. «Ces assisses sont cruciales pour la cohésion nationale et je reste optimiste quant à leur succès et résultats».
A ce propos, il a lancé un appel aux partenaires et à la communauté internationale, qui ont joué un rôle primordial lors des Accords de Fomboni de 2001, à appuyer les Comores pour la réussite de ses assises, afin que le pays puisse se doter des moyens nécessaires à son décollage socio-économique.
Toutefois, a-t-il lancé, nous devons rester très attentifs et vigilants. C’est pourquoi je voudrais dire ici très solennellement que je ne tolérerai aucun dérapage et ainsi, mettre en garde contre toute velléité de faire de ces moments importants pour le pays et la Nation, une tribune pour la division et la haine, un tremplin pour les ambitions égoïstes et personnelles. Mon gouvernement et moi-même serons intransigeants et ne ferons aucune concession devant toute velléité sécessionniste. Nous avons bel et bien tourné la page du séparatisme.
Un outil de développement
Pour le président de la République, les forces de l’ordre doivent prendre part, également, au développement socio-économique. Il les a, donc, appelé à prendre part à la production nationale et à la protection de l’environnement et à l’effort du gouvernement de créer les conditions d’inscrire les Comores parmi les pays émergents à l’horizon 2030. «Vous êtes aussi, aujourd’hui, avec la police nationale, ce que j’appelle l’Armée de l’émergence».
Il a relevé, au cours de ces dernières années, les “déviations de missions” constatées aux dépends du peuple et a salué la “détermination” des forces de l’ordre à “relever, elles-mêmes” certains dysfonctionnements, à veiller au “risque d’éclatement”, de “dislocation” de l’Etat et la “disparition des Comores en tant que pays” et rendu hommage à leur volonté d’”affronter l’hydre du séparatisme et de ses conséquences”. Sans compter “leur refus de supporter la subordination injustifiée” à des forces de pays étrangers et l’”odieux assassinat” du lieutenant-colonel Combo Ayouba. «Et je voudrais dire que dans cette affaire restée à ce jour sans réponse, tout sera fait pour la manifestation de la vérité. Nous le devons pour ce grand officier qui a tant servi l’Etat, nous le devons pour sa famille, nous le devons pour vous, ses frères d’armes et nous le devons pour ce pays qu’il a servi durant toute sa carrière», s’est-il engagé.
Le droit au “respect et à la dignité”
Pour conclure son discours, le président a dit que les Comoriens avaient droit “au respect et à la dignité”. Il a rappelé aux forces de l’ordre que c’est la loi qui définit leurs devoirs, qui garantit leurs droits civils et politiques et qui, simultanément, leurs fixe des limites au-delà desquelles elles ne peuvent pas franchir, pour préserver l’honneur et il leur a demandé d’être un exemple aussi bien dans le respect que dans l’application de la loi et de mettre fin aux abus et aux dérapages.
“La population apprécie son armée quand elle se montre digne de sa mission. C’est ainsi qu’elle a bien accueilli les mesures disciplinaires prises ces derniers temps à l’encontre de ceux d’entre vous, qui ont abusé de leurs missions. J’espère que de la part de tous, toutes les leçons seront tirées», a-t-il conclu.