«L’Union des Comores vient d’ouvrir une page de son histoire. 44 ans après l’indépendance du pays, le peuple comorien aspire à de nouveaux changements, à une nouvelle dynamique de gouvernance politique capable d’inscrire les Comores parmi les pays émergents d’ici 2030. Cette ambition, nous l’inscrivons dans l’agenda 2063 de l’Union Africaine et des Objectifs de Développement Durable de l’ONU». Samedi 16 août, devant ses homologues de la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc), réunis à Dar Es Salam pour leur 39eme sommet ordinaire, le chef de l’Etat a voulu défendre sa nouvelle vision de transformation du pays.
Le président est revenu sur l’ambition qui est la sienne d’assainir les mœurs socio-politiques, organiser et moderniser l’espace politique national, réformer l’administration publique, discipliner la gestion des finances publiques, lutter contre la corruption et poser les bases d’un vrai décollage économique. «Cette aspiration est le fruit d’Assises nationales qui ont rassemblé sans exclusive, les populations des 4 îles du pays. En ma qualité de premier garant des droits du peuple comorien, j’ai entendu cette volonté unanime et ai fait miennes, les recommandations qui en sont issues», a-t-il justifié dans son discours.Revenant sur la philosophie et la vision de la Sadc, Azali Assoumani a renouvelé la confiance du pays à l’égard de cette organisation régionale créée en 1980 composée aujourd’hui de plus d’une quinzaine d’Etas membres. La Sadc vise à «réaliser le développement et la croissance économique, réduire la pauvreté, améliorer le niveau et la qualité de vie des habitants de l’Afrique australe», d’après le Traité de Lusaka de 1992.
Les Assises nationales de février 2018
«En ce moment historique pour mon pays, où nous prenons part au premier sommet depuis notre adhésion pleine et effective en août 2018, je voudrais vous dire toute la fierté de l’Union des Comores, d’appartenir à une organisation régionale qui reste un modèle d’intégration et de développement économique solidaire», a reconnu Ale chef de l’Etat; accompagné des ministres de l'Economie et des Affaires étrangères, Houmed Msaidie et Souef Mohamed El-Amine. Le président de la République estime que la solidarité demeure une valeur fondamentale devant tirer les pays membres de la Sadc vers le progrès et la stabilité. «Au moment où l’on parle d’intégration continentale au sein de l’Union africaine, le raffermissement et le renforcement de la coopération au sein de la Sadc, constitue non seulement un levier important pour y parvenir mais aussi un bel exemple de la coopération Sud-Sud», a-t-il indiqué, demandant à l’organisation de continuer à promouvoir «la solidarité et le soutien mutuel pour un développement harmonieux de nos pays, à travers les principes fondamentaux, de souveraineté et de respect de l’intégrité de nos territoires, au regard du droit international».
La coopération Sud-Sud
Azali Assoumani a, par ailleurs, demandé une attention particulière à l’égard des pays vulnérables à économie intermédiaire. «Notre statut particulier d’Etats vulnérables et fragiles, plus confrontés aux aléas climatiques et dotés de ressources économiques limitées, mérite toute notre attention afin que nous puissions occuper pleinement notre place dans ce dynamisme ambitieux», a-t-il souligné, revenant sur le cyclone Kenneth qui a ravagé en avril dernier les Comores et le Mozambique. «Mon gouvernement, avec ses moyens modestes, a alors décidé de consacrer la moitié du budget national de l’année 2019 à la reconstruction du pays, et s’est beaucoup investi pour mobiliser la solidarité nationale et internationale», mentionné le président. Pour sa première participation à un sommet du genre depuis sa réélection en mars dernier, le chef de l’Etat souhaitait partager la nouvelle dynamique engagée dans le pays avec ses homologues de la Sadc et profiter de l’occasion pour expliquer les étapes et la finalité des réformes engagées depuis les Assises nationales de février 2018.
«J’ai ainsi lancé de grands chantiers d’évolution institutionnelle et de développement économique, suite à un référendum constitutionnel qui a conduit vers des élections anticipées, à l’issue desquelles j’ai eu le grand honneur d’être réélu, au mois de mars dernier», a rappelé Azali Assoumani, précisant que «la confiance qui m’a été renouvelée par le peuple comorien constitue pour moi, un encouragement à continuer sur la lancée programmatique de l’émergence du pays». Azali Assoumani a défendu les réformes engagées dans le pays à tous les niveaux depuis 2018 et sa vision de faire des Comores, un pays émergent à l’horizon 2030. Le chef de l’Etat reconnait que le chemin reste encore long mais il se dit convaincu que l’adhésion en cours à la politique amorcée par son gouvernement permettra, à moyen terme, d’impulser un nouvel agenda de développement au profit des citoyens des quatre îles des Comores. Le président de la République a invité ses homologues de la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc) à la Conférence des bailleurs prévue à Paris avant la fin de l’année sous le parrainage de la France.
Une croissance de plus de 8% à partir de 2021
«Les modalités pratiques de cette importante rencontre sont en cours de finalisation et dès la fin de ce mois, la SADC, ses Etats membres et les différents partenaires seront invités à y prendre part. Je n’oublie évidemment pas, mon frère Adesina, président de la Banque africaine de développement», a souligné Azali Assoumani. La Conférence des bailleurs des Comores est prévue au mois d’octobre à Paris. Le gouvernement comorien souhaite, avec le parrainage de la France, mobiliser des fonds nécessaires au soutien des politiques sectorielles avec l’ambition de parvenir à une croissance de plus de 8% à partir de 2021. Le plan d’investissement quinquennal (Piq) 2016-2021 était évalué à 474 milliards de francs comoriens.
A.S.Kemba