Le président de la République a reçu samedi, à Beït-salam, les vœux des forces armées, de la police nationale, des institutions judiciaires et du corps des avocats. Pour cette année, le chef de l’Etat a opté pour une adresse à la nation pour exprimer ses vœux à toute la population, cependant, aux instances citées, il a fait l’exception de les recevoir à part, pour leur adresser un message spécial. C’est le président de la Cour suprême, Cheikh Salim Saïd Athoumane, qui, au nom des forces de défense et de sécurité, de tous les magistrats, du personnel de la justice, des avocats issus des différents barreaux, et en son nom personnel, a adressé «les vœux sincères de santé, de bonheur, et de succès dans l’atteinte des objectifs nécessaires et incontournables pour le développement de notre pays» au premier magistrat du pays et chef suprême des armées.
«Au service de la Nation, les forces de défense et de sécurité vous assurent de leur loyauté et de leur habituelle disponibilité à œuvrer pour que la sécurité, la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la Nation ainsi que la sauvegarde de la population continuent à être bien assurées. Les forces de défense et de sécurité donneront le meilleur d’elles-mêmes pour que l’Union des Comores participe à la défense de la paix et des valeurs de l’humanité dans notre pays, dans la région et bien sûr dans le monde. Sur le plan national, il demeure évident pour tout un chacun que les forces de défense et de sécurité jouent un rôle primordial, voire cardinal, dans la préservation de la sécurité intérieure, la protection des citoyens et de leurs biens mais également dans le processus du développement du pays en faveur de l’émergence prônée par le Chef de l’État d’ici 2030», a-t-il témoigné.
Conseil supérieur de la magistrature,
une impérieuse nécessité
Le président de la Cour suprême a soutenu que l’ordonnance N°19-003/PR du 19 octobre 2019 abrogeant et remplaçant la loi organique N°05-012 /AU du 25 juin 2005 relative à la cour suprême, vient de parachever le travail d’harmonisation du droit applicable consacré par la nouvelle constitution qui a érigé la cour suprême en la plus haute juridiction de l’Union en matière judiciaire, administrative, constitutionnelle, électorale et des comptes. Pour lui, ces compétences qui élargissent le champ d’action de la Cour exigent, pour leur mise en œuvre, des moyens organisationnels et des conditions de travail efficaces à la hauteur des nouveaux défis auxquels la haute juridiction doit faire face dans l’application quotidienne de la loi. Le président de la cour a soutenu que «l’état de droit est un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise à la loi».
«Cependant force est de constater que la simple affirmation de l’indépendance de la justice dans la Constitution ne suffit pas. La nécessité d’un contrôle de constitutionnalité apte à veiller à la sauvegarde de ces principes et à sanctionner leur violation éventuelle s’impose avec acuité. A cet égard, le juge constitutionnel demeure le premier rempart de l’indépendance de tous les autres juges», affirme-t-il. Cheikh Salim Saïd Athoumane a souligné que la Justice est devenue, par les temps qui courent, la cible de tous les quolibets et d’aucuns s’en prennent à cœur joie pour saper encore plus l’image de l’institution.
«C’est pourquoi la mise en place du Conseil supérieur de la magistrature demeure une impérieuse nécessité pour mettre désormais les magistrats face à leur juge naturel et mettre ainsi un terme aux inégalités de traitement au niveau de l’administration centrale et à une impunité, de fait qu’il n’a plus sa place dans un système qui prône l’égalité de tous les citoyens devant la loi et la sauvegarde des droits de la défense et des libertés fondamentales accordées aux justiciables, y compris les juges», sollicite le président de la cour suprême.
Conditions carcérales et liberté de la presse
Au chapitre de la sauvegarde des droits humains, le patron la Cour suprême est revenu sur les conditions carcérales des détenus au sein des maisons d’arrêt, qui doivent être «profondément revues et améliorées» en vue de favoriser, notamment leur réinsertion sociale au terme de l’accomplissement de leurs peines. Il a sollicité une attention particulière sur la santé des détenus, la formation professionnelle des adultes et la continuité scolaire des délinquants juvéniles.
«Excellence, je me permets de relever ici que la défense de l’État de droit n’est pas l’apanage des seuls pouvoirs publics. La presse a également un rôle fondamental à jouer dans la cohésion sociale, la paix et la stabilité des institutions républicaines. Car si la liberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, cet usage doit être fait à bon escient, de bonne foi, dans le respect des droits d’autrui et dans les limites définis par la loi. Ces observations visent également certains membres des barreaux qui ont une fâcheuse tendance à confondre la défense et les propos qu’un politicien, soit-il avocat, est autorisé légalement à tenir publiquement, ceci au risque de compromettre leurs propres droits, voire les intérêts de leurs clients», conclu-t-il.
Une ferme volonté de lutter contre la corruption
Pour la circonstance, le chef suprême des armées, Azali Assoumani, a adressé les meilleurs souhaits de bonne santé, de bonheur, de réussite et de prospérité pour les forces de défenses, la police et les institutions judiciaires, ainsi que leurs familles et l’ensemble de leurs collaborateurs. Le président de la République a invité les forces de défenses et les institutions judiciaires à faire de l’année 2020, «le début d’une ère nouvelle». Alors que le pays vient de réussir la conférence des partenaires au développement des Comores, laquelle a permis «de mobiliser plus de 4,3 milliards de dollars pour le financement du plan Comores émergentes», Azali Assoumani appelle à œuvrer ensemble «pour consolider le capital de confiance dont jouit le pays, vis-à-vis de ses partenaires bi et multilatéraux».
Il a sollicité une attention accrue, «pour que la sécurité des investissements, la sécurité des biens et des personnes, soient garanties par des institutions crédibles, dont une justice équitable et indépendante, ainsi que par une bonne gestion des finances publiques par la bonne gouvernance». Selon lui, les profondes réformes engagées dans tous les secteurs, doivent être soutenues par une ferme volonté de lutter contre la corruption «qui gangrène la société et l’administration». «Nous devons ensemble mener un combat sans merci contre la corruption, contre les pressions directes ou indirectes des milieux politiques, de personnalités et de citoyens de notre pays sur notre administration, nos juridictions et notre système judiciaire. Je vous appelle ainsi, à accompagner ce combat que nous engageons en 2020 afin de donner à notre pays la crédibilité nécessaire à son épanouissement et son développement. En tout état de cause, et comme vous pouvez vous en rendre compte au quotidien, nous sommes sur la bonne voie et nous allons de l’avant», a conclu le premier magistrat du pays.n