La Convergence des mouvements pour la République et l’état de droit (Comred) a tenu une conférence de presse avant-hier dimanche 30 juin. Contestant toujours la légitimité de l’actuel régime, les leaders de cette coalition qui rassemble des partis, des mouvements politiques ainsi que des leaders d’opinion de l’opposition, n’ont pas fait l’économie des mots pour dénoncer un régime «sans aucun contre-pouvoir», et dont les principaux leviers seraient concentrés sur les mains d’une seule personne.
L’ancien secrétaire général de la Convention pour le renouveau des Comores (Crc), Hamidou Karihila, tombé en disgrâce auprès de ce parti peu avant les élections anticipées de 2019, a été le premier à monter sur le créneau pour tirer à boulets rouges sur le président Azali Assoumani. «Depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Azali Assoumani, le pays n’a de cesse de s’enfoncer dans la crise politique et économique. Plus rien ne marche.
Le système éducatif et de santé sont en crise. Le pouvoir d’achat des comoriens s’effondre. Tout, sur fond de restrictions des libertés individuelles», a déploré cet ancien ambassadeur, défenseur de l’Accord cadre de réconciliation nationale de Fomboni, qui a mis fin à la crise sécessionniste anjouanaise de la fin des années 90.
Il faut dire que depuis qu’il a claqué la porte du principal parti au pouvoir, cet ancien secrétaire d’Etat chargé du monde arabe a toujours montré une aversion contre le régime. Il appelle les Comoriens à se lever pacifiquement contre le pouvoir. «Nous ne pouvons pas croiser les bras et assister impuissants à la détérioration de la situation. Nous devons agir», a-t-il martelé, prônant une révolution non violente.
«L’Accord de Fomboni, gage de stabilité»
Mais pour combattre et impulser le changement voulu par son camp, Hamidou Karihila, qui est également leader et fondateur du mouvement politique Espoir des Comores, joue la carte de l’unité. Pour trouver cette dynamique unitaire, il estime qu’il n’y a pas de place «aux égoïsmes politiques ni aux ambitions individualistes». Même son de cloche chez le notable Ibouroi Cheha, selon qui «l’opposition dans son ensemble doit être capable de se surpasser si elle veut se constituer une alternative crédible au pouvoir».
Ce notable connu pour ses positions politiques, a dénoncé à son tour l’atmosphère politique et la situation socio-économique dans le pays. Il a déploré «le manque d’énergie, la dégradation des infrastructures routières» et «a estimé qu’»en termes d’arguments, les opposants au régime sont mieux servis, mais sont paradoxalement incapables de les saisir, car ils sont emparés par les querelles intestines». Chabane Bacar du mouvement M17 et ancien ministre a regretté «l’incurie» du gouvernement à reconstruire les infrastructures stratégiques dont manque son île natale, Mwali,.
Il a dénoncé l’absence d’un port digne qui fait que l’île plonge dans une crise permanente des produits de première nécessité. «Le régime est en permanence en campagne électorale alors que la situation socio-économique des Comoriens se dégrade au jour le jour», a-t-il fait savoir, plaidant à son tour, sur le retour de l’Accord de Fomboni, gage selon lui «de la stabilité du pays». Il faut tout juste rappeler que le projet de construction du port de Mwali vient d’être, dans le cadre du projet de la connectivité inter-îles, financé par la Banque mondiale.