L’aéroport de Bandar es Salam a été le théâtre, lundi 19 février, d’un acte invraisemblable. Cinq kilos de clous ont été ramassés sur le tarmac de l’aéroport où devait atterrir l’avion de la compagnie Inter’îles air, censé transporter, au retour, le président de la République, Azali Assoumani, vers Moroni.
Dès le lendemain, les réactions se sont multipliées, plus véhémentes les unes que les autres. L’exécutif de l’île de Mwali, le Rassemblement pour le développement des Comores (Rdc), le parti Juwa ont entre autres publiés des communiqués dans lesquels ils ont condamné cet acte ignoble. Le Juwa, dans son communiqué, a regretté un acte qui n’est que la conséquence du
climat délétère entretenu par le pouvoir depuis le lancement des assises. Le parti citera la confiscation des libertés constitutionnelles d’expression, de réunion, de manifestation pacifique et même de circulation par le pouvoir central, à laquelle il faut ajouter “les discours de haine et d’humiliation des opposants par les plus hautes autorités. Un climat qui ne pouvait, selon le Juwa, que générer des actes déplorables comme celui qui vient de survenir sur la piste de Bandar es Salam.
Il n’en fallait pas plus pour que les partis de la mouvance présidentielle, réunis dans une conférence de presse à l’hôtel Retaj, se jettent sur le principal parti d’opposition.
La mouvance des partis du pouvoir a lu dans le communiqué du Juwa un soutien à un acte “terroriste”. Le représentant du parti Ridja, Me Saïd Larifou, a en particulier dénoncé une tentative déguisée de “justifier l’injustifiable”. Le ministre chargé de la Sécurité nationale, Mohamed Daoudou, ira plus loin, voyant en cette “menace grave pour la sécurité du pays” la “main de l’opposition”.
Des accusations gratuites
Le Juwa, par le biais de son secrétaire général, Hassane Ahmed El Barwane, s’est défendu hier contre les “propos mensongers” proférés à son encontre.
Nous assumons entièrement notre communiqué. Le Juwa a condamné et condamne fermement l’acte perpétré à l’aéroport de Bandar es Salam, martèle le secrétaire général du parti. Et de poursuivre : nous avons dénoncé l’acte et déploré les éléments qui ont conduit à celui-ci. Ce sont les seuls points à prendre en considération dans ce communiqué.
Ce dernier dénonce une “clique de gens composant la brochette des politiques qui sont allés trop vite en besogne, ignorant les éléments préliminaires de l’enquête”. Les accusations qu’ils profèrent, dit-il, ne reposent sur aucun fondement.
Hassane Ahmed El Barwane regrette que le parti Ridja, composé d’avocats, profère des “accusations gratuites” en toute méconnaissance de la présomption d’innocence. Ces accusations prouvent, selon lui, la “mauvaise foi de la caste politique” qui essaie juste de se trouver un “bouc-émissaire”.
Que nous le voulions ou non Azali Assoumani est notre président. Le peuple l’a élu. Nous ne sommes simplement pas d’accord avec ce qu’il fait. Le Juwa est composé d’hommes et femmes responsables, qui militent pour la paix et la stabilité du pays. Nous avons toujours privilégié la voie démocratique. Jamais nous ne serions parvenus à de telles extrémités, déclare le secrétaire général du Juwa.
Il considère les insinuations des partis de la mouvance présidentielle tout simplement “monstrueuses” compte tenu de la gravité de l’acte. Il n’exclut pas de porter plainte.
Il rappelle que six membres du parti ont ce matin-là acheté des billets et que le pire aurait pu leur arriver comme cela aurait pu arriver à tout autre citoyen.
Le secrétaire général du Juwa n’a pas pu s’empêcher de remettre en cause les services de sécurité qui devaient, selon lui, s’assurer à ce que rien ne puisse arriver au président.
“Si des individus malintentionnés ont pu s’introduire sur le tarmac de l’aéroport de Bandar es Salam et y déposer à loisir des clous, alors que le président était censé y prendre un vol, cela veut dire qu’il y a défaillance dans la sécurité”, conclut-il.