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Le pouvoir face à l’opposition : La promenade de santé

Le pouvoir face à l’opposition : La promenade de santé

Politique | -

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Jusqu’ici, une autoroute se dégage devant le président Azali pour entreprendre ses plus grandes réformes. On est à dix mille lieux de la situation (l’hostilité?) à laquelle l’homme a été confronté lors de son premier passage à Beït-Salam entre 1999 et 2006. Paradoxalement, le danger pourrait venir de l’intérieur comme nous l’avons vu lors de l’adoption de la loi des finances.

 

Nous assistons à une démocratie apaisée. En une année d’exercice du pouvoir, le président Azali n’a, en effet, jamais été mis en difficulté par son opposition. Seules quelques voix discordantes se seront faites entendre, et encore...

Après une conférence de presse en décembre, l’exercice n’a pas été renouvelé jusqu’à ce jour. Puis, il y a eu le meeting de Mahmoud Wadaane (notre photo) dont on retiendra le discours musclé et vindicatif contre le nouveau pouvoir.

 

Il est vrai qu’il a fait plutôt chaud ce matin de février au Foyer des Femmes de Moroni aux dépens, surtout, du président qui avait été, à cette occasion, cité plusieurs fois nommément et rarement - pour ne pas dire jamais - à son avantage.

Le leader du Rifaid avait promis d’en remettre une couche à l’occasion de ce premier anniversaire du président. Jusqu’alors, on ne l’a que très exceptionnellement entr’aperçu.

Certes, le leader du Ridja, l’avocat Me Saïd Larifou a, lui aussi, dénoncé le “licenciement massif des jeunes et le non respect des procédures d’appels d’offres”. L’opinion semble plutôt suivre ses exercices de contorsions pour tenter, semble-t-elle convaincue, de se “rabibocher” avec le régime.

Récemment, l’ancien parti au pouvoir, l’Union démocratique pour le développement des Comores (Udpc) de Mohamed Ali Solihi a élevé la voix “contre les licenciements des jeunes, les passassion de marchés sans appel d’offre”.

Ces  propos plutôt durs du secrétaire général à l’endroit du pouvoir, semblent n’engager que les membres du bureau politique. En effet, d’un autre côté, les députés du plus grand parti des Comores en terme d’élus ont, dans toutes les crises qui ont émaillé l’assemblée nationale, fait cause commune avec le vice-président Maoulana Charif, ténor d’entre les ténors de la Crc, et sans doute l’un des hommes forts du régime.

Au total, le chef de l’Etat ne pouvait pas espérer mieux pour commencer sa mandature: une opposition qui s’auto-musèle et qui assure la promotion de sa «politique d’émergence.»

Ne pas compromettre les... “discussions en cours”

Jusqu’ici, une autoroute se dégage devant le président Azali pour entreprendre ses plus grandes reformes. Le danger pourrait, paradoxalement, venir de l’intérieur comme nous l’avons vu lors de l’adoption de la loi des finances 2017 (Lire l’article de Mohamed Youssouf en page 12).

Aujourd’hui, de nombreux leaders politiques ne semblent pas disposés à passer les quatre prochaines années sous le soleil ardent de l’opposition. Et si Beït-salam ne leur ferme pas la porte, elle pose tout de même ses conditions.

Entre temps, l’on se retient de critiquer le régime pour ne pas compromettre les discussions en cours et ses chances d’être invité aux plus hauts sommet de l’Etat. Il s’agit donc d’une «démocratie apaisée»… à la sauce Ile de la Lune.

Dans certaines autres contrées, la «démocratie apaisée» n’implique pas forcément l’exercice du pouvoir, mais la reconnaissance des droits de l’opposition et le fait de l’associer aux grandes décisions de la Nation. Dans notre pays, le statut même de chef de l’opposition reste encore à définir.

Ce personnage-clé de la vie politique nationale bénéficie, en Guinée, au Niger, à Maurice, et sous quelques autres cieux, de nombreux avantages comparables à ceux d’un Premier ministre. L’opposition comorienne ne devrait-elle pas commencer par là?

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