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Le président de la République française Emmanuel Macron, à l’AG des Nations unies I «La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine»

Le président de la République française Emmanuel Macron, à l’AG des Nations unies I «La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine»

Politique | -   A.S. Kemba

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«Ce chemin est celui du plan de paix et de sécurité pour tous que l’Arabie Saoudite et la France ont soumis au vote de cette assemblée, qui l’a adopté à une très large majorité. Il porte notre ambition commune de briser l’engrenage de la violence et de changer la donne sur le terrain», a souligné Emmanuel Macron. La décision du chef de l’Etat français s’inscrit dans une dynamique de soutien à la cause palestinienne par une large majorité de Nations et la communauté internationale, particulièrement outrées et écœurées par les souffrances du peuple palestinien et les massacres sans fin dans la Bande de Gaza perpétrés depuis le 7 octobre 2023. La Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie, la Belgique, le Portugal et d’autres pays ont, également, reconnu «l’Etat de Palestine.

 

Le chef de l’Etat français a proclamé, lundi 22 septembre 2025, la reconnaissance officielle par la France de «l’Etat de Palestine» avec solennité devant des dirigeants du monde entier réunis à New York à l’occasion de la 80è Assemblée générale des Nations-Unies. «La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine», a-t-il déclaré lors d’un discours de trente minutes prononcé à l’occasion de la clôture des travaux de la «Conférence pour la mise en œuvre de la solution à deux États et le règlement pacifique de la question palestinienne» co-présidée par la France et le Royaume d’Arabie saoudite.


«Cette reconnaissance est une manière d’affirmer que le peuple palestinien n’est pas un peuple en trop. Qu’il est au contraire ce peuple qui ne dit jamais adieu à rien, pour parler avec Mahmoud Darwich. Un peuple fort de son Histoire, de son enracinement, de sa dignité», a dit le chef de l’Etat français, précisant que «la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien n’enlève rien aux droits du peuple israélien, que la France a soutenus dès le premier jour et au respect desquels elle n’est pas moins attachée».

«Une vie vaut une vie»

Emmanuel Macron a justifié sa décision par la nécessité de «préserver la possibilité même d’une solution à deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte en paix et en sécurité», soulignant que cette possibilité risquait de voler en éclats. Le dirigeant français a également motivé son choix par le souci de «mettre fin» à la guerre à Gaza, en finir avec les souffrances des civils vivant dans l’enclave, «rendre justice au peuple palestinien», garantir «la sécurité à Israël» et construire «une architecture de paix et de sécurité» pour l’ensemble du Moyen-Orient. «Le temps est venu de chasser de ces terres le visage hideux du terrorisme et de bâtir la paix», a-t-il souligné.


Le président français a longuement évoqué les épreuves subies et que subissent encore les Palestiniens «éprouvée par des années de violence, d’occupation mais aussi de division et d’incurie» depuis plus de soixante-dix ans, estimant que rien ne pouvait justifier encore de nouvelles souffrances comme celles que subissent les Gazaouis depuis le 7 octobre. «Les vies des centaines de milliers de civils palestiniens accablés par la faim, la souffrance, la peur de mourir, le deuil de leurs proches. Sauver toutes les vies. Car depuis désormais près de deux ans, c’est bien la négation de l’humanité de l’autre et le sacrifice de la vie humaine qui prévalent. Oui, depuis le 7 octobre, c’est bien la vie de l’autre qui est niée», a affirmé Emmanuel Macron. «Nous le disons depuis le premier jour de la guerre à Gaza : une vie vaut une vie. Je le sais pour avoir pris dans mes bras les familles des otages rencontrées à Tel Aviv puis à Paris», a-t-il ajouté.


Pour Emmanuel Macron, la guerre à Gaza participe à une forme de deshumanisation de la population qui y vit et risque de laisser émerger un cycle permanent de frustrations, de violences et de haine entre communautés. Alors que, selon ses mots, «une solution existe pour briser le cycle de la guerre et de la destruction». Il estime que «le temps est venu» de tourner la page à Gaza. «Rien, rien ne justifie plus la poursuite de la guerre à Gaza. Rien. Tout commande au contraire d’y mettre un terme définitif maintenant, à défaut de l’avoir fait plus tôt. Pour sauver des vies. Les vies des otages israéliens encore détenus dans des conditions atroces», a encore souligné Emmanuel Macron.


Pour lui, «le temps est venu d’arrêter la guerre à Gaza, les massacres, la mort, tout de suite». Il ajoute : «L’urgence nous le commande. Le temps est venu pour Israël de vivre en paix et en sécurité, de la Galilée à la Mer Rouge, par la mer Morte, par le lac de Tibériade, et par Jérusalem. Le temps est venu de ne plus discuter nulle part l’existence d’un Etat d’Israël et d’en faire une évidence».

«Le temps est venu»

Le président français déplore, par ailleurs, une forme de décadence de la morale humaine, une haine et un racisme systémique dans les rangs des parties en conflit. «C’est la reconnaissance de l’autre, de sa légitimité, de son humanité et de sa dignité. Que les uns et les autres rouvrent les yeux et voient des visages humains là où la guerre a placé le masque de l’ennemi ou les traits d’une cible. C’est la reconnaissance qu’Israéliens et Palestiniens vivent dans une solitude jumelle, solitude des Israéliens après le cauchemar historique du 7 octobre 2023, solitude des Palestiniens à bout de force dans cette guerre sans fin», a-t-il souligné.


Le dirigeant français, pris en étau entre une volonté de soutenir Israël, d’une part, et une nécessité de faire respecter, d’autres part, les engagements de la France à l’international a fini par jouer les équilibristes en faisant valoir l’obligation pour les Etats de toujours faire triompher le droit au sein de la communauté des Nations.

«Plan de paix»

«Nous savons que le droit toujours doit l’emporter sur la force. Nous savons enfin de notre Histoire que l’attachement à l’universel et à la paix est l’héritage des siècles passés comme la condition du salut. J’affirme cela au nom de notre amitié avec Israël, à qui notre engagement n’a jamais fait défaut. Au nom de notre amitié aussi avec le peuple palestinien pour qui nous voulons que la promesse initiale des Nations unies, celle de deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité devienne réalité», a-t-il déclaré.


Emmanuel Macron a condamné «la barbarie du Hamas du 7 octobre 2023», estimant que l’acte perpétré par le mouvement de résistance palestinien constituait «une blessure encore vive pour l’âme israélienne comme pour la conscience universelle».Il déplorera les «1224 hommes, femmes et enfants tués» et les «4834 hommes, femmes et enfants blessés» mais aussi les «251 hommes, femmes et enfants enlevés».Le chef de l’Etat français a préconisé un «plan de paix» porté par «142 pays», dont l’Union des Comores,qui repose sur «la libération des otages, la fin des opérations militaires sur tout le territoire de Gaza,

la mise en place d’un cessez-le-feu, l’aide humanitaire à Gaza, la stabilisation et la reconstruction de Gaza, la mise en place d’une administration de transition» en Palestine qui exclut le Hamas. Le plan, de «deux temps», l’un est «celui de l’urgence absolue, celle de coupler la libération des 48 otages et la fin des opérations militaires sur tout le territoire de Gaza» et l’autre «celui de la stabilisation et de la reconstruction à Gaza» avec «une administration de transition intégrant l’Autorité palestinienne, la jeunesse palestinienne accompagnée de forces de sécurité dont nous accélérerons la formation, aura le monopole de la sécurité à Gaza» et qui «mettra en œuvre le démantèlement et le désarmement du Hamas».

Réagir à cette reconnaissance de «l’Etat de Palestine»

Le représentant d’Israël à l’Onu n’avait pas assisté au discours d’Emmanuel Macron alors que Mahamoud Abbas, privé de visas aux Etats-Unis par l’Administration Trump, suivait le discours par visioconférence depuis son bureau à Ramallah, en Cisjordanie. Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, devrait réagir à cette reconnaissance de «l’Etat de Palestine» par la France à l’occasion de son discours prévu ce mercredi 24 septembre à 23h, heure de Moroni.


Il est à rappeler que cette reconnaissance de «l’Etat de Palestine» par la France s’inscrit dans une dynamique portée par de nombreux Etats, la France et le Royaume d’Arabie Saoudite en tête, qui souhaitent ouvrir une «ère nouvelle» au Moyen-Orient et offrir les Palestiniens et les Israéliens des perspectives de paix et de sécurité.La Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie, la Belgique, le Portugal et bien d’autres nations ont officiellement reconnu «l’Etat de Palestine», soit environ «155 pays» enregistrés par la Représentation palestinienne à l’Onu.

En reconnaissant "l'État palestinien" et en encourageant d'autres pays à suivre ses pas, le dirigeant français, selon de nombreux observateurs, espère une fin du plus vieux conflit du monde moderne et un début de rétablissement des grands principes internationaux, compromis par les bouleversements géopolitiques de cette dernière décennie.

 

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