En réponse au refus du président de l’Assemblée nationale d’admettre les trois conseillers de Ndzuani cooptés députés pour l’année 2018, le Conseil de l’île de Ndzuanilui a adressé une missive hier lundi, lui demandant de surseoir à sa décision.
Le Conseil lui a demandé de revenir sur sa décision, en lui démontrant, pièces à l’appui, que la procédure de cooptation des députés issus du Conseil a respecté toute la procédure. La lettre a été accompagnée de la délibération de la séance de désignation, laquelle, et c’est important de le souligner, a été signée par le conseiller Saïd Omar Sidi, l’un des contestataires. Le courrier contient également le procès-verbal de la séance de renouvellement du bureau de Conseil, tenue à la session ordinaire de janvier dernier, et qui prouve que les trois conseillers cooptés ne figurent même pas dans ce bureau, n’en parlons plus de cumuler des fonctions, nous a expliqué un juriste très proche du président du Conseil,
lequel a d’ailleurs participé à la rédaction de ladite lettre. Rappelons qu’une précédente lettre datée du 4 avril dernier, émanant cette fois du président de l’Assemblée de l’Union, expliquait au président du Conseil de Ndzuani les raisons de son refus d’accepter les “députés issus du Conseil de l’île de Ndzuani”.
C’est le fait que “huit conseillers du groupe Ouvoimoja contestent la délibération issue de la session extraordinaire du 2 avril dernier qui a désigné les trois représentants du Conseil de l’île de Ndzuani à l’Assemblée de l’Union”, et que, “pour appuyer leur thèse, ils se sont référés à l’article 6 du règlement intérieur du Conseil de l’île qu’ils disent n’avoir pas été respecté (sic)”.
Abdou Oussene a alors justifié sa décision par la crainte de vivre “un nouveau conflit regrettable entre deux groupes rivaux prétendant chacun à la légitimité de siéger à l’Assemblée”. Le patron de Hamramba a néanmoins tenu à “assurer”, à la fin de sa lettre, que”les représentants qui seront éventuellement désignés sans aucune contestation possible pourront à tout moment intégrer les travaux de la session”. A se demander si une telle chose arrivera un jour à Dar-soifat.
Risque de licenciement
Il convient de rappeler que le groupe Ouvoimoja avait présenté sa liste au vote, tout en ayant conscience du fait qu’il était minoritaire au Conseil, avec huit conseillers sur dix-huit. Notons aussi que l’un des siens, en la personne de Saïd Omar Sidi, a codirigé le vote aux côtés du président du Conseil et d’un autre conseiller de la majorité, et validé par sa signature la délibération finale, celle-là qu’il contestera ensuite avec ses camarades.
Il faut enfin signaler que la seule pièce brandie par ces derniers pour “prouver” le prétendu cumul de fonctions au bureau des conseillers cooptés, c’est une décharge de paiement des indemnités de la session extraordinaire qui venait de se dérouler.
La vérité est que les employés de bureau du Conseil ont commis la maladresse d’utiliser un ancien formulaire (dans lequel figurent les noms des conseillers et leurs anciennes fonctions), dont ils ont juste modifié la date. Lesdits employés seraient d’ailleurs en ce moment menacés de licenciement, d’après une source interne.
Dans une intervention radiodiffusée le vendredi dernier, le président du Conseil a d’ailleurs accusé les conseillers opposants de n’avoir qu’un seul objectif, celui de “saboter le processus”, après avoir “échoué à corrompre les élus de la majorité”.
“Ils ont essayé de corrompre nos hommes, en leur promettant un poste à la Société comorienne des hydrocarbures, et de l’argent, sept millions plus précisément, mais ces derniers n’ont pas accepté. Ils avaient présenté leur liste au vote car ils avaient l’espoir qu’un de nos hommes ferait défection pour voter pour eux.
Comme cela, les voix auraient été à égalité, neuf contre neuf, et espéraient faire pencher la balance de leur côté grâce à Saindou Toumani, le doyen d’âge. Mais même si nous en étions arrivés là, cela n’aurait pas été le cas car il s’agit de listes, et donc ce serait l’âge global de chacune qui aurait été pris en compte”, a-t-il soutenu.