Prévu l’année dernière puis repoussé à de multiples reprises, le congrès du parti Radhi aura finalement lieu demain samedi 7 avril. Parmi les enjeux de ce rassemblement figure notamment l’élection du secrétaire général du parti et surtout le rapprochement ou non avec le pouvoir en place.
Mihidhoir Sagaf et Kamar Ezamane respectivement secrétaire général national chargé de la programmation et membre du secrétariat national chargé de la communication rejettent tous les deux l’idée de fusionner le Radhi avec la Crc. Mais, c’est un des rares sujets où les deux hommes sont d’accord et encore.
En effet, Mihidhoir Sagaf explique qu’après les assises, “que nous avons soutenues mais qui n’ont aucun impact avec notre relation avec le gouvernement”, le chef de l’Etat leur a envoyé un émissaire qui est le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine, afin de discuter “avec nous sur l’option de travailler ensemble”. Une idée que rejette catégoriquement Kamar Ezamane.
Pour lui, le pouvoir “n’a jamais manifesté une envie de rapprochement avec nous or pour que nous ayons un partenariat il faudrait d’abord que le gouvernement le manifeste.
Qu’en-est-il de l’émissaire du chef de l’Etat ? Il y a eu une “rencontre entre anciens membres de la Crc”. A l’en croire, Souef Mohamed El-Amine, “n’a discuté qu’avec Houmed Msaidié et Aboudou Soefo et ni cette rencontre ni les conclusions qui en découlent n’engagent le Radhi. Pour moi, si Msaidié et Soefo désirent une réconciliation avec leur ancien parti c’est leur choix pas le nôtre”. Encore faut-il pouvoir dissocier le Radhi de Msaidié.
Fusion fatale
Pourtant, demain samedi lors du congrès, ce sont justement les conclusions issues de cette rencontre qui seront soumises aux partisans. “Bien avant l’arrivée de cet émissaire les deux bureaux politiques avaient réfléchi sur la forme de ce partenariat. Mais quand Souef El-Amine est venu, beaucoup de choses avaient malheureusement changé et il fallait donc réactualiser les tenants de ce partenariat. C’est le résultat de ce travail que l’on va soumettre aux partisans lors du congrès”, explique Mihidhoir Sagaf. Vivement demain.
Kamar Ezamane lui est déjà au courant de l’objet de cette rencontre “entre anciens membres de la Crc”. “Selon les informations que j’ai à ma disposition, cette rencontre avait pour objet la fusion des deux partis”, martèle l’ancien ministre des Finances sous Mohamed Abdoulwahab. Si cela s’avère et que la proposition est acceptée Mihidhoir Sagaf, qui prône une alliance et donc la mouvance, serait contre comme il l’a précédemment souligné.
Il nous faut définir nos objectifs. Personnellement je ne suis pas pour la fusion. Je préconise une alliance, une mouvance mais pas une fusion. J’estime qu’il y a trop de divergences et de lectures différentes entre nous et le pouvoir sur la gestion du pays, déclare le secrétaire général national chargé de la programmation.
Sur cette question, Kamar Ezamane semble d’accord avec son collègue. “Si le pouvoir nous fait savoir qu’il a besoin de nous, il nous faudrait discuter au préalable car ce que fait le gouvernement ne reflète pas les valeurs de notre parti. Le pouvoir en place bafoue les libertés et l’opposition y est opprimée. Ce n’est pas notre vision du pouvoir et ces agissements entachent le pays”.
De son côté Mihidhoir Sagaf affirme que “certains acquis sont aujourd’hui bafoués comme la liberté d’expression. Je ne cautionne pas les agissements du ministre de l’Intérieur. Interdire les manifestations et museler la liberté d’expression fait reculer le pays. Il y a aussi la mise en place des conseils d’administration dans les sociétés d’Etat. Si nous avons pris part et défendu les assises c’est justement pour avancer et non reculer”.
Des propos assez durs à l’endroit d’un éventuel collaborateur. D’autant plus que “si la majorité du parti désire une fusion, je souhaiterai que le Radhi en prenne le leadership”, poursuit Mihidhoir Sagaf. La réalité pourrait être encore plus dure.
Candidatures de circonstance ?
Les deux hommes divergent aussi sur l’élection du secrétaire général. Si Kamar Ezamane est catégorique sur sa décision ce n’est pas le cas pour Mihidhoir Sagaf. Le premier déclare qu’il n’est pas candidat. Le second lui semble plus dubitatif.
“Si Msaidié et Soefo ne sont pas candidats, je vais me présenter”. “Nous nous étions convenus de faire émerger d’autres visages. Aujourd’hui, il parait qu’Aboudou Soefo a dit à certains qu’il est candidat au poste de secrétaire général et à d’autres qu’il souhaiterait l’être. Mais pour l’heure il n’y a aucune candidature officielle. Le bureau politique devrait se concerter pour une seule candidature bien que l’éventualité d’un duel Msaidié-Soefo ne soit pas à écarter”.
Et si le duel venait à se présenter Mihidhoir Sagaf sera “observateur. Je soutiendrai l’un ou l’autre par rapport aux éléments que j’aurai. Il y a un moment j’étais avec Soefo, mais il y a eu table rase du passé donc je verrai lequel choisir”.
De son côté, Kamar Ezamane qui est contre toute forme aboutissant à la disparition du Radhi soutiendra “le candidat qui va défendre l’existence de notre parti ainsi que ses valeurs. Mais attendons voir ce qui va se passer et les candidats qui vont se présenter. Pour nous, c’est l’avenir du Radhi qui prime”.
La liste des candidats sera, selon les informations que nous avons, close aujourd’hui. Nous avons essayé de contacter Houmed Msaidié et Aboudou Soefo sans grand succès.