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Les Comoriens attendent des excuses du président français, Emmanuel Macron

Les Comoriens attendent des excuses du président français, Emmanuel Macron

Politique | -

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Pour beaucoup, il s’agit là d’une atteinte à l’honneur du pays et d’un manque de respect aux milliers de victimes qui périssent chaque année en mer, en tentant de rejoindre, par Kwasa kwassa, l’île comorienne de Mayotte à cause du visa Balladur.

 

Les propos du président français Emmanuel Macron lors de sa visite au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique (Cross) d’Etel, dans le Morbihan, en France ne sont pas passés inaperçus et il faut dire qu’il y a de quoi.

 


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“Mais le kwassa kwassa pêche peu, il amène du comorien” tels sont les propos du président français.
Pour beaucoup, il s’agit là d’une atteinte à l’honneur du pays et d’un manque de respect aux milliers de victimes qui périssent chaque année en mer, en tentant de rejoindre, par Kwasa kwassa, l’île comorienne de Mayotte à cause du visa Balladur.

Beit-Salam, à travers un communiqué, se dit “profondément choqué” par ces propos “inconsidérés” et “blessants” pour le peuple comorien.

De Gaulle à Mitterrand

Le gouvernement “condamne” ainsi avec “la plus grande fermeté” et “veut croire que le président de la République française saura réparer ses propos qui ont heurté la conscience des comoriens et des franco-comoriens, dans l’intérêt des deux pays”. 

Du côté des politiques, l’ancien ministre de l’intérieur d’Ikililou Dhoinine et leader du Radhi n’y est pas allé de main morte. Houmed Msaidié, à travers les réseaux sociaux a souligné que “les excuses verbales ne guérissent pas les blessures et c’est tellement profond que les soins palliatifs n’y feront rien.

Voilà la réalité Monsieur le président Macron, les kwassa ne pêchent pas entre Anjouan et Mayotte mais la France de De Gaulle et de Mitterrand pèche à Mayotte”.

Le ministre de la justice Fahmi Saïd Ibrahim s’exprimant sur le sujet, a précisé que ses propos n’engagent pas le gouvernement dont il est membre puisqu’il n’est pas “le porte-parole”.

Il déclare que le président Macron avait suscité beaucoup d’espoir en prenant “des positions très fortes. Néanmoins, ses propos sont blessants et il doit présenter des excuses au peuple comorien.

Nous sommes un petit pays, pauvre et économiquement faible mais nous sommes une grande nation. De ce fait, je condamne avec fermeté ce dérapage fâcheux surtout que j’avais décelé en lui un discours humaniste et c’est ce qui m’avait plu en lui”.

Pour sa part, Mohamed Idriss, patron de Comores informatique et membre du Comité Maoré, explique que, quand bien même ce fut une blague de Macron, il n’en demeure pas moins que ce qu’il a dit reflète sa pensée.

“En somme le Comorien doit mesurer le mépris insolent et arrogant du nouveau et jeune président français. Il suit la voie de ses prédécesseurs.

Rien de nouveau donc sous le ciel comorien. Le pays continuera à subir humiliation sur humiliation de la part de la France. Bien évidemment Macron a poussé trop loin le bouchon.

Mettre les Comoriens sur le même plan que les poissons c’est de l’indignité, c’est inacceptable. S’il l’avait fait d’un autre peuple, il y aurait eu une levée de boucliers.

Il est des questions de principe qui dépassent les intérêts mesquins, les petits calculs personnels. Mais à ce qu’il semble les «en-haut-de-en-haut» comoriens sont prêts à plier l’échine et les médias comoriens n’ont pas encore pris leur envol pour palier à l’absence d’une voix officielle”, poursuit Mohamed Idriss.  

Roby Juddes aussi...

Au niveau des citoyens, plus que les propos de Macron, ce sont ceux de l’ambassadeur français aux Comores qui choquent.

 

Roby Juddes a effectivement déclaré, lors de sa rencontre avec le patron de la diplomatie comorienne, “vous employez des termes, qui ne sont pas encore d’actualité ; le président Macron n’a pas du tout insulté les Comoriens, je ne vois pas en quoi il pourrait présenter des excuses”.

Pour ce diplomate, il n’y a donc pas eu d’insultes puisque “ces propos ont été tenus dans un certain contexte, ce n’est pas du tout comme ça était dit ici et là par une petite partie de l’opinion, toujours prompte à créer des conflits entre la France et les Comores ; il n’existe rien d’humiliant ou de méprisant pour le peuple comorien”.

Des propos qui n’arrangent rien bien au contraire. Ali Younoussa, jeune chômeur, parle d’un “mépris volontaire des dirigeants français”.

Une idée que partage Youssouf Saïd, directeur général de Pacific World qui martèle, “ce sont tous les mêmes et ils savent bien ce qu’ils disent. Je condamne ces propos insultants.

Le visa Balladur doit être retiré et des excuses doivent être présentées”. Emmanuel Macron et Roby Juddes ont manqué de respect au peuple comorien et des excuses sont attendues par toute une nation.


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