L’Ong Hifadhu a organisé, samedi dernier au Retaj, une formation au bénéfice de 20 femmes et de journalistes ambassadeurs de la lutte contre les violences basées sur le genre (Vbg). Cette activité entre dans le cadre des 16 jours d’activisme, du 25 novembre au 10 décembre, marquant la célébration de la journée internationale contre la violence basée sur le genre.
La formation a pour objectif de renforcer la sensibilisation contre ce fléau au sein des villes et villages respectifs. En tout, 20 femmes, représentants des associations de différentes régions de Ngazidja ont pris part à cette formation. Les formes, les causes et les conséquences des Vbg avaient été exposées et expliquées par la présidente de l’Ong Hifadhu Rahmatou Goulam. De même, des échanges d’expérience, des témoignages et débats étaient au menu de cette journée.
La présidente de l’Ong Hifadhu a indiqué que la formation a été dispensée aux femmes, parce que ce sont elles les responsables dans les foyers, et c’est la femme qui porte la grossesse durant 9 mois et qui connait la douleur qu’aucun être ne peut expliquer. «Nous avons réunis ces femmes pour transmettre des formations sur les différentes formes de violences, les causes et les conséquences, que nous avons reçues à notre tour via des Ong de l’extérieur, les partenaires et l’internet», dira cette battante de la lutte contre les Vbg qui se dit satisfaite de la présence massive des femmes et des journalistes dans cette activité. Pour elle, ils vont jouer le rôle des ambassadeurs au niveau des médias et auprès des villes et villages afin de renforcer la sensibilisation. Pour sa part, le représentant-résident de l’Unfpa en Union des Comores, Mamadou Boina Maecha, a souligné que parmi les résultats attendus dans ces formations, «c’est aboutir à zéro violence basée sur le genre».
Oser dénoncer
Ces 16 jours d’activismes marquant la journée de lutte contre la violence basée sur le genre ont été, selon lui, arrêtés par le système des Nations unies et appuyés par l’Unfpa. «Au cours de ces 16 jours, le système des Nations unies en appui au gouvernement et les associations ont fait en sorte que la population soit sensibilisée pour qu’il y ait respect des droits de l’Homme. Et aujourd’hui, l’Ong Hifadhu a invité des femmes venant de différente régions de la Grande Comores pour être ambassadrices de la lutte contre les Vbg et surtout pour le concept Oser dénoncer», a expliqué Mamadou Boina Maecha.
De son côté, Mdradabi Maziarani du Service d’écoute a fait part des témoignages qu’il reçoit dans son institution, comme le cas de cette jeune femme âgée 30 ans, mère de 7 enfants, qui a perdu des jumeaux, morts dans le ventre, à cause des coups qu’elle recevait de son mari.
Cette femme a dénoncé son mari mais refuse qu’il «soit envoyé en prison car elle ne sait pas qui va s’occuper de ses enfants». Samra Bakar Kassim, présente à cette formation, a partagé son propre témoignage pour encourager les femmes à oser dénoncer et laisser leurs maris purger leur peine. «Je suis mariée à l’âge de 17 ans et divorcée à 24 ans. Je me suis retrouvée avec trois enfants dont le plus âgé avait 7 ans. Et là, j’ai pris ma vie en main, je suis devenue vendeuse pour pouvoir m’occuper de mes enfants, alors j’exhorte les femmes à ne pas se laisser violenté sous prétexte qu’elles ne peuvent pas s’occuper de leurs progénitures», conseille-t-elle.
231 cas de maltraitance des enfants
Par ailleurs, le Service d’écoute a recensé en 2018, 231 cas de maltraitance d’enfants, un chiffre en perpétuelle hausse. On constate beaucoup plus des cas d’agression sexuelle dont sont victimes les jeunes filles de 11 à 17 ans avec 82 cas, suivi des grossesses avec 17 cas, du travail des enfants de sexe masculin de la même tranche d’âge, mais aussi la maltraitance économique qui concerne un bon nombre d’enfants de zéro à 18 ans. Samira Ahmed Abdou, récipiendaire de cette formation, originaire de Washili mais résidant à Moroni, dit avoir apprécié cette formation car elle a appris bien des choses sur la protection de l’enfant. Elle dit être prête à devenir ambassadrice pour la lutte contre les Vbg. Même son de cloche pour Hadidja Ahamada, originaire de Seleani ya Hamahame. «J’ai appris beaucoup de choses, je peux désormais protéger les enfants de ma région, j’ai appris comment se comporter avec un mari violent et j’ai appris qu’il y a des numéros verts (1710 et 1760) où je peux dénoncer ces actes. Je suis prête à dénoncer ces actes barbares partout où je serais», conclut-elle.