La circulation des véhicules étant restreinte – en raison notamment de l’arrivée, presque au même moment, du président Azali Assoumani, de retour de Ndzuwani – les partisans du parti du Juwa, qui se sont déplacés en masse à l’Aéroport international prince Saïd Ibrahim (Aimpsi) pour accueillir leur”élu”, ont dû effectuer le trajet à pied jusqu’à son domicile sis à Vwadjuu, où il était prévu qu’il prenne la parole. Il aura fallu attendre un peu plus d’une heure après l’arrivée d’Ahmed Abdallah Sambi à Vwadjuu pour voir cette marée humaine déferler dans la cour de la résidence, arborant drapeaux et chantant l’hymne nationale.
“Pas de référendum”
Les chefs de fil de partis de l’opposition se sont succédé un à un au micro. Et le moins que l’on puisse dire, tenant compte des appréciations des uns et des autres, c’est que l’Union de l’opposition bat déjà campagne contre le référendum du 30 juillet prochain.”C’est un jour symbolique”, pour l’ancien gouverneur de l’île de Ngazidja, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, parce que montrant l’étendue de la force des partis de l’opposition, réunis en un seul. Le chef de l’opposition à Ngazidja a promis de tout faire pour déloger l’actuel président du palais présidentiel de Beit-Salam.
“Qu’il y ait ou non référendum, le 26 mai 2021 Azali ne sera pas à Beit-Salam”, déclare-t-il,
avant de mettre en garde la population contre toute tentation de voter “oui”au référendum car “si le oui l’emporte, ce n’est pas vrai, le président ne va pas démissionner”.
La “forte mobilisation de ce samedi”, pour le député Ali Mhadji, est la preuve que les Comoriens ne sont pas favorables au régime en place. “Les Comoriens envoient aujourd’hui un message au gouvernement, que la voie suivie n’est pas la bonne. Espérons qu’ils ont reçu le message”, lance-t-il.
Un rapport visé
Le député du Hambuu demande au président d’abandonner toute idée de s’étendre au pouvoir au-delà de ses cinq ans de mandat, et de “quitter de son plein gré le pouvoir en 2021, avant que le peuple ne l’oblige à le faire”. “Tu as vu de tes propres yeux la foule à Hahaya, l’on n’a pas besoin de faire un dessin”, ajoute-t-il. Le discours de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi portera sur le rapport parlementaire sur le programme de la citoyenneté économique, les assises nationales et le référendum de juillet prochain.”Il y a des gens malhonnêtes dans ce pays qui ne veulent pas voir des gens honnêtes”, lance-t-il contre les accusations selon lesquelles il aurait touché une gratification de 105 millions de dollars pour permettre le lancement du programme de la citoyenneté économique. Mais, poursuit-il, la mobilisation à Hahaya est la preuve que “les Comoriens ne se sont pas laissés duper par ces allégations qui ne visent qu’à ternir mon image”. Le “rapport des trois présidents”, comme il l’appelle, n’aurait pas suivi la procédure normale. Il aurait défilé entre les mains du président de la commission parlementaire en charge de l’enquête, du président de l’Assemblée nationale et du président de la République, sans être repassé au parlement. En outre, trois des cinq députés ayant composé la commission parlementaire n’auraient même pas eu accès à ce dernier.
“Un pays, deux systèmes”
Ahmed Abdallah Sambi assure qu’il est “prêt à faire face à la justice”. “Je n’ai rien à me reprocher. Si un jour je dois faire face à Dieu, ce ne sera certainement pas parce que j’ai volé”, déclare-t-il. L’ancien raïs affirme avoir été favorable, depuis 2015, à l’idée d’organiser des assises sur le bilan de l'indépendance. Mais n’est tout simplement pas d’accord de la tournure de celles-ci. “Ces assises n’ont rien de nationales”, allège-t-il faisant par là allusion à l’absence de certains leaders d’opinions, et du fait qu’il a lui-même été exclu. Il ajoute que “ce n’est pas en deux ou trois jours que l’on peut faire l’état des lieux des maux du pays”, et qu’il espère à l’avenir des “vraies assises”. Ahmed Abdallah Sambi reconnait que le président a le droit d’organiser un référendum, mais “pas quand il veut et comment il veut”. Il citera,sur ce, les circonstances qui l’ont amené à organiser un référendum en 2009. Des élections chaque année, des embouteillages entre les gouvernements insulaire et de l’union, entre autres.”Si je n’avais rien fait pour y remédier alors que j’avais le pouvoir de le faire, on me l’aurait toujours reproché”, se justifie-t-il. Il fustigera d’autre part l’absence de texte référendaire et dénoncera le transfert “illégal” des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. Il conseillera au président de ne pas plonger le pays dans un”gouffre”, de compter ses trois années de mandat restantes et passer le tour. Enfin, sur la question de Mayotte, Ahmed Abdallah Sambi lancera un appel au dialogue. “Un pays, deux systèmes. C’est la solution appropriée”, assure-t-il.