Nous n’irons pas à un dialogue qui n’a ni queue ni tête». Sur un ton grave, l’ancien ministre Hassane Ahmed El Barwane a énuméré les principaux préalables à toute participation des groupements et partis de l’opposition au dialogue inter-comorien annoncé. Le secrétaire général du Front commun a rappelé «le long combat» des opposants au régime qui remonte, selon lui, au lendemain des élections du 24 mars 2019.
Dans son mot introductif, le secrétaire général du parti Juwa a fait savoir que les groupements de l’opposition ont rappelé certaines décisions prises dont le transfert des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. «De nombreuses décisions prises ne sont pas conformes à la loi, nous assistons à un piétinement du droit dans le pays», a-t-il mentionné avec une grande amertume. Tour à tour, les membres du Front ont dénoncé la gouvernance du pays. Mais les revendications principales qui ont fédéré les positions des conférenciers sont l’élection du 24 mars et la détention de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi et l’ancien gouverneur Abdou Salami.
Le point 5 du communiqué de l’Union africaine
«On en a trop assez. Si nous menons ce combat, c’est grâce à vous parce que nous croyons que nous menons un combat juste. Et nous irons jusqu’au bout», a souligné Hassane Ahmed El Barwane. «Nous ne participerons en aucun moment à un dialogue sans la libération de tous les prisonniers politiques», a-t-il enchainé, demandant la mise en place «d’un comité neutre» de réflexion pour poser les tenants et les aboutissants du dialogue.
Les principaux conférenciers sont longuement revenus sur «le point 5»du dernier communiqué du Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine. (Lire nos précédentes éditions). Le porte-parole du Front commun, Ibrahim Abdourazak (Razida) a rappelé les propositions faites par l’organisation panafricaine pour créer «un climat apaisé aux Comores» avant la tenue de tout dialogue entre toutes les parties prenantes. "Nous ne refusons pas le dialogue mais nous voulons un dialogue sincère. Il y a des conditions préalables notamment la libération de tous les détenus. Nous nous sommes réunis pour sensibiliser les citoyens et revenir sur dernier rapport de l’Union africaine. Oui au dialogue mais les conditions doivent être réunies", a-t-il mentionné.
une condition sine qua non
L’ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle, Mahamoudou Ahamada, a résumé l’objet de la rencontre : «le but de cette réunion avec les journalistes est d’apporter un éclaircissement, une réponse, au prétendu dialogue avancé par le colonel Azali afin que chacun de nous sache la position qui a été présentée par le Front commun en vue de pouvoir se prononcer ou non au dialogue», a-t-il expliqué.
L’avocat ajoute que l’opposition souhaitait se prononcer suite au communiqué du Conseil de paix et de sécurité. «Nous sommes arrivés à la conclusion suivante : Il y a un problème dans le pays (…). Le Front commun a posé ses conditions préalables. Nous exigeons la libération de tous les prisonniers politiques, une condition sine qua non à la participation de l’opposition au dialogue», a souligné Me Mahamoudou Ahamada.
A.S.Kemba