logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Maoulana Charif au magazine china investment : «Les Comores, un pôle géostratégique de l’Océan Indien»

Maoulana Charif au magazine china investment : «Les Comores, un pôle géostratégique de l’Océan Indien»

Politique | -

image article une
L’ambassadeur des Comores auprès de la République populaire de Chine, Dr Maoulana Charif, s’est confié au magazine China Investment. Il était question dans ce long entretien, de la vision du président de la république de faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030, mais aussi de la relation diplomatique entre Moroni et Beijing. Al-watwan reprend des larges extraits de cet entretien.

 

Confrontées pendant longtemps à des situations de fragilités politiques, institutionnelles et économiques depuis son accession à l’indépendance, l’Union des Comores n’est pas encore parvenue à trouver le chemin de sa prospérité économique et sociale. La croissance économique, qui pendant près de 45 ans tourne en moyenne autour de 3% par an, a un impact très limité sur la réduction de la pauvreté. Elle ne dépasse en effet que de très peu la croissance démographique estimée en moyenne à 2,41% par an pendant la même période.Face à ce constat, le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a tenu à formuler une nouvelle espérance pour le peuple comorien en ambitionnant de transformer les Comores en un marché dynamique et émergent à l’horizon 2030.Partant de cette ambition, le chef de l’Etat a donc décliné sa vision et sa stratégie dans un document intitulé “Plan Comores Emergent (Pce)” pour la période 2020-2030. Ce document fixe l’horizon et le cadre stratégique de programmation des politiques publiques à moyen et long terme pour le décollage économique du pays.


Le secteur du tourisme et de l’artisanat.

Compte tenu des atouts naturels dont dispose le pays, le Pce vise à “hisser les Comores au rang de destination touristique de référence dans la région de l’Océan Indien” à l’horizon 2030. Pour y parvenir, le pays compte s’appuyer sur son patrimoine naturel paradisiaque dont il dispose (…). A ce patrimoine naturel non exhaustif s’ajoute quelques produits touristiques notamment l’écotourisme, le tourisme balnéaire, le tourisme culturel et l’agrotourisme. Ainsi, l’idée de faire du tourisme, un des socles de développement des Comores découle de ses avantages comparatifs dont la volonté de leur mise en valeur peut provoquer une véritable attractivité pour la relance de l’économie et le rayonnement du pays.

Le secteur de l’agriculture

Ce secteur demeure l’épine dorsale de l’économie comorienne dans la mesure où il emploie actuellement près de 57% de la population active et fournit environ 90% des revenus d’exportation à partir d’une gamme très limitée de produits de rente (vanille, girofle, ylang-ylang). Les potentialités agricoles se caractérisent aussi par des terres fertiles et exploitables, un environnement agro-écologique diversifié et hétérogène, un capital humain jeune et dynamique (60% de la population a moins de 25 ans) ainsi qu’un avantage comparatif au niveau de l’Afrique australe dans la production des produits cosmétiques, des plantes médicinales et des fruits. Les autorités du pays visent à travers le Pce à moderniser l’agriculture pour en faire un moteur de croissance et assurer la sécurité alimentaire par la création de chaines de valeurs et la création d’industries de transformation créatrices de richesses.

Le secteur de l’industrie

Dans ce secteur le pays vise à travers le Pce à promouvoir « une économie émergente où le secteur industriel, en particulier la branche manufacturière, a une part importante dans la création de richesses et d’emplois, reflétant la modernisation de l’économie comorienne ».
Parmi les domaines concernés par le processus de l’industrialisation de l’économie comorienne, on peut citer notamment les perspectives relatives à l’exploitation pétrolière et gazière, auxquelles s’ajoutent celles de l’extraction de pierres industrielles et de la bauxite. On peut mentionner également des branches agro-industrielles, comme la production d’extraits des essences d’Ylang-Ylang, la parfumerie, la production de farine de sagou, le conditionnement de la vanille et du girofle, des produits vivriers et des fruits etc. On peut citer enfin le conditionnement et la transformation de produits halieutiques ainsi que la production de sel marin.

Le secteur des Finances

C’est l’un des secteurs qui montrent le plus l’audace et la cohérence du Pce dans son objectif global de promouvoir le développement du pays. Il s’agit ici de faire un « Hub de services financiers et logistiques » attractifs au niveau de la sous-région de l’Océan Indien à travers la mise en place d’une zone «financière spéciale».

Le secteur de l’économie bleue

Ce secteur basé sur l’exploitation des ressources marines, des solutions peuvent être envisagées grâce aux marchés porteurs de la pêche, du tourisme, et à des infrastructures plus adaptées à des petits Etats insulaires en développement (Peid) tels que les Comores. Le pays peut donc s’appuyer sur son positionnement géostratégique reconnu ainsi que ses potentialités liées à la mer. Ainsi, le pays peut en conséquence valoriser les secteurs clefs de l’économie bleue par la création d’emplois surtout pour les jeunes. Ces secteurs concernent le développement des activités portuaires et maritimes, le tourisme, la pêche et l’aquaculture, la recherche et le développement des biotechnologies dans les domaines de la pharmacie, la génétique, la chimie, la cosmétique, l’exploitation minière marine ainsi que la protection des écosystèmes côtiers, aquatiques et marins.

Le Pce prend en compte plusieurs agendas internationaux

Il convient de préciser que les ambitions affichées à travers le Pce prennent en compte plusieurs agendas internationaux notamment la réalisation des Objectifs de Développement Durable (Odd), l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ainsi que la vision 2035 de la coopération Chine-Afrique. Il convient à cet égard de saluer l’annonce faite par le président XI Jinping, lors de la 8ème conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine, tenue à Dakar le 29-30 novembre 2021. Cette annonce, portant sur la réalisation de neuf programmes dans les trois années à venir, est d’une importance capitale pour l’Afrique en ce sens que ces programmes concernent des domaines prioritaires pour le développement des économies africaines. Ainsi, le souhait de mon pays, l’Union des Comores, est que la République populaire de Chine prenne une part active dans le financement du Pce en encourageant les entreprises chinoises à venir investir aux Comores. Un pays ayant une coopération historique et constante avec la République Populaire de Chine.

Une excellente coopération entre les Comores et la Chine.

Pour conclure, il y a lieu de saisir cette opportunité qui m’est offerte par votre journal pour saluer l’excellente coopération qui unit les deux pays. Une coopération fondée sur des principes d’amitié, d’égalité, de solidarité et de développement mutuel. Je voudrai à cet égard saluer aussi le soutien multiforme que la République populaire de Chine apporte en permanence à mon pays et à son peuple ; un soutien qui touche de nombreux secteurs notamment les infrastructures de bases, les secteurs sociaux en l’occurrence l’éducation et la santé, la promotion du secteur privé par le biais des entreprises chinoises qui permettent un transfert de savoir-faire aux cadres et ouvriers comoriens.


Je voudrais enfin exprimer toute la gratitude de mon pays et de son peuple auprès de la République populaire de Chine pour la visite de haut niveau effectuée aux Comores le 6 et 7 janvier 2022 par SE M. Wang Yi, Conseiller d’Etat et Ministre chinois des Affaires Etrangères. Cette visite aux Comores, qui s’inscrit dans la toute première tournée de l’année 2022 du chef de la diplomatie chinoise en Afrique, reflète la grande importance que Beijing attache à notre pays. Cette visite constitue, selon les autorités comoriennes, un fort témoignage de la part de la Chine dans sa volonté de renforcer et de solidifier la coopération entre Beijing et Moroni.


De même, les opérateurs économiques comoriens ont été réconfortés par les recommandations de M. Wang Yi les invitant à faire bon usage du « circuit vert» pour les produits agricoles africains destinés à l’exportation vers la Chine et de « la politique de droit zéro» en faveur des produits des pays les moins avancés. Une telle opportunité permettrait aux produits de qualité en provenance des Comores d’entrer sur le marché chinois et d’améliorer sensiblement la balance commerciale des Comores avec la Chine.L’Union des Comores est un pays qui affiche clairement ses ambitions. La stabilité politique et institutionnelle est retrouvée depuis plus de vingt ans. Le cadre juridique mis en place est destiné à rassurer ceux qui viennent investir dans le pays et à les préparer à affronter la concurrence dans le contexte de la mondialisation économique.

Rassemblés par M.Mbaé

Commentaires