Les habitants de Mbeni, le chef-lieu de la région de Hamahame qui compte 6 bureaux de vote, ont interdit toute activité et manifestation liées à l’actuelle campagne électorale. Aucun quartier général ni bureau de campagne n’y est ouvert, de même que pour les meetings.
Bien que les activités socio-économiques et éducatives quotidiennes se déroulent normalement, de l’entrée de la ville en passant par Mnunguu jusqu’à Itsandzeni, il est difficile de trouver des habitants qui discutent des élections de dimanche prochain. Un des candidats aux prochaines élections des gouverneurs de Ngazidja est originaire de la ville, mais certains villageois ne le connaissent pas, car il est également interdit d’animer des meetings ou d’afficher ses photos et affiches publicitaires, selon les informations recueillies sur place.
Pendant près de 3 heures passées dans la ville, personne n’a accepté de fournir officiellement des témoignages, et les raisons de cette initiative restent inconnues. Deux personnes, dont un ancien instituteur, ont donné quelques informations sous anonymat.
Selon l’ancien instituteur, cette décision ferait suite aux événements des 12 et 14 novembre 2022 : «A l’occasion d’une cérémonie de maoulid (célébration de la naissance du prophète Muhammad), des éléments des forces de sécurité ont empêché la tenue de l’événement et ont causé des dégâts par la suite», rappelle-t-il. Selon l’autre source, « c’est une réponse à la méfiance des habitants envers les politiciens qui exploitent la jeunesse pendant les campagnes électorales».
Les événements des 12 et 14 novembre 2022
Il a également évoqué «les tortures subies» par l’ancien candidat à la présidentielle de 2016, Ahmed Mahmoud Wadaane, originaire de cette localité, soulignant que deux incidents seulement ont été enregistrés pendant cette période. Certains villageois se disent satisfaits de cette situation, soulignant la protection des habitants, en particulier de la jeunesse, face à la multiplication des méfaits tels que les détournements des jeunes, l’usage fréquent de stupéfiants et les actes de corruption récents.
Il a été pratiquement difficile d’interviewer une autorité villageoise rencontrée hier, mercredi, entre 11h et 13h40. Contacté par téléphone, le maire de la commune de Hamahame Nyumamsiruu, Salim Hassani Ahmed, a assuré qu’il n’y a pourtant pas d’interdiction formelle pour empêcher la tenue des campagnes. «Certains candidats, notamment ceux de la mouvance, ont préféré ne pas forcer la situation pour ne pas remettre en cause certaines pratiques établies dans la ville.
Notre engagement envers les élections a été démontré lors du meeting de Moidja, où une forte mobilisation des habitants de M’beni a été présente», a précisé le maire. Selon lui, «toutes les dispositions sont prises pour permettre la participation des électeurs aux bureaux de vote, et aucun habitant ne sera empêché d’exercer son droit civique ».
« Les membres des bureaux de vote (Mbv) sont formés sur le déroulement du processus et effectueront leur travail de la même manière que les autres employés recrutés par l’institution en charge des élections», a assuré le maire au téléphone.
Hamidou Ali