L’ancien vice-président de l’Union (2011-2016), Mohamed Ali Soilihi, a donné son accord pour devenir “le chef de l’opposition”. Cette nouvelle a été rendue publique suite à un communiqué publié par le concerné. Selon ce communiqué, la décision prise par l’ancien premier collaborateur d’Ikililou Dhoinine a été motivée par plusieurs raisons dont la situation qui prévaut dans le pays et “l’appel à la paix, à la stabilité et le vivre harmonieusement ensemble avec nos valeurs religieuses et coutumières doivent impérativement être notre aspiration”. Suite à toutes ces raisons, l’ancien vice-président précise : “c’est dans cette optique que j’ai accepté d’assumer la lourde charge de leader de l’opposition nationale, démocratique et populaire que les forces politiques, les organisations de la société civile et personnalités, toutes tendances confondues, viennent de me confier”.
Au cours de sa déclaration, l’ancien vice-président a joute qu’il se réjouit de “l’unité scellée” qui constitue une force unifiée, capable de porter les idéaux qui fondent les aspirations légitimes de l’ensemble des comoriens. “J’exprime à cet effet, ma satisfaction de retrouver l’opportunité de mettre encore mon expérience au service de la stabilité, la paix et la concorde entre les Comoriens”. Dans ces nouvelles responsabilités politiques, mais cette fois en dehors du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi dit s’engager pour “le retour de l’ordre constitutionnel, l’état de droit et le pluralisme politique” et demande l’ouverture d’un “dialogue politique inclusif, sincère et transparent qui serait préalablement soumis à la libération” de personnes condamnées et emprisonnées, citant en particulier “l’ex-président Sambi et (le) gouverneur Salami ainsi que la participation de la diaspora”.
Des avis contrastés
Cette annonce de l’ancien vice-président a suscité la réaction mitigée des membres de l’opposition. Nouvellement adhérant à l’Union pour le développement des Comores (Updc), l’ex candidat aux élections du gouverneur de Ngazidja, Youssouf Mohamed Boina voit en Mohamed Ali Soilihi, “la personne idéale” pour diriger l’opposition comorienne. “Chaque groupe, chaque mouvement doit avoir un leader et l’absence de ce chef nous a pénalisé sur plusieurs points, il était donc temps d’en avoir un. Pour moi, l’ancien vice-président Mamadou est la personne qu’il faut. De par son expérience, les qualités de doyen et son carnet d’adresse, il répond à tous les critères. En plus, au regard du combat que nous menons, en dehors de lui, il n’y a pas mieux”.
Cet avis de l’ancien candidat est complètement opposé à celui du président de l’Alliance nationale des libéraux comoriens (Anc), Mahamoudou Ali Mohamed. Selon-lui, ces critères collés à l’ancien vice-président jouent en sa défaveur. “De par les hautes responsabilités qu’il a exercées dans le pays et sa longue expérience et carrière émaillées par le non respect de l’état de droit et de la loi économique, Mohamed Ali Soilihi n’est pas la personne appropriée pour défendre ces valeurs démocratiques”, dit-il. Pour le président de l’Anc, disposer d’un large carnet d’adresse, occuper des hauts postes de responsabilité jusqu’au niveau de vice-président ne sont pas des critères suffisants pour prétendre incarner le rôle de leader de l’opposition. “Je ne vois pas comment aujourd’hui, je peux lui accorder de crédit alors qu’au cours de sa longue et brillante carrière politique, il a été incapable de veiller au respect de l’état de droit et au respect de la loi économique de notre pays”.
“Union sacrée de l’opposition”
Au terme de son intervention, Mahamoudou Ali Mohamed s’est interrogé sur le jour et l’heure ou s’est tenue cette réunion qui s’est soldée par l’investiture de l’ancien vice-président en tant que leader de l’opposition. “En ce qui me concerne, Mohamed Ali Soilihi est le chef du Front commun. Il aurait été désigné leader par les membres de l’opposition qui se trouvent en France pour être le leader. Déclarer qu’il accepte d’assumer les fonctions de leader de l’opposition nationale est présomptueux. Le parti que je préside est bien dans l’opposition, or nous ne l’ avons pas désigné”, ajoute le président de l’Anc. Si les avis de Youssouf Mohamed Boina et Mahamoudou Ali Mohamed divergent sur les qualités de Mohamed Ali Soilihi pour être le leader de l’opposition, Achmet Said Mohamed, président du mouvement “Hury”, rejette même le poste de chef de l’opposition.De son avis, dans une démocratie qui se respecte, il n’y a pas de chef de l’opposition. “Il y a une union sacrée de l’opposition en vue d’affiner ses revendications telle la sécurisation des élections pour sortir le pays” des ténèbres.A en croire le leader du mouvement “Hury”, le poste de chef de l’opposition est typique des pays à régime anti-démocratique.