La conférence de presse du gouverneur de Mwali de ce lundi 31 mai s’est transformée, contre toute attente, à un mini-meeting au palais de Bonovo, situé dans les hauteurs de l’île de Mwali. Par cet exercice, son locataire, Mohamed Said Fazul entendait dresser le bilan de ses deux ans à la tête de l’île à l’instar de ses deux autres collègues. Mais surtout de tracer les perspectives «des trois années qui lui restent avant la fin de son mandat».
L’ancien président de l’île n’a pas manqué de tacler la Une de la Gazette des Comores parue le lendemain de la célébration du deuxième anniversaire, barrée d’une étrange addition : la somme de 3 et 2 faisant 2. «Il est vrai que le chef de l’Etat fêtait le deuxième anniversaire de sa réélection en 2019 mais, cela ne veut pas dire qu’il conteste être arrivé au pouvoir en 2016», devait-il tancer.
Et de reprendre ce qui paraît être sa phrase favorite. «Je fais mien le bilan d’Azali Assoumani», a-t-il enchainé. Et d’asséner : «les conflits de compétences, les conflits entre le chef de l’Etat et les gouverneurs ne mèneront nulle part, de toutes les façons, la réalisation des grands projets d’infrastructures ne se feront pas sans la paix et la stabilité». Ce propos est un clin d’œil à l’impossible entente entre Azali Assoumani alors président de 2002 à 2006 et lui, président de Mwali entre 2002 et 2007. Aujourd’hui, les deux hommes marchent main dans la main, le second se targuant du bilan du premier et tous deux, à l’en croire, «enchaineront les inaugurations jusqu’en 2024».
Mwali est en chantier
Les actes criminels de ces derniers temps se sont invités dans la conférence. En homme habitué à parler sans filtre, il a reconnu «que notre justice était malade et qu’elle constituait une bombe à retardement mais qu’il fallait un délai de 20 ans pour qu’elle soit juste». Il a fait valoir les interventions des notables, des politiques auprès des juges, qui pour libérer un meurtrier, qui pour libérer le fils prodigue du village, accusé d’avoir détourné des fonds…
Mwali en chantier, placardé un peu partout. Le chantier en question est la réhabilitation des routes, notamment à Fomboni, sa principale grande ville. Et lui de se mettre à rêver «du remplacement des maisons vétustes dans le chef-lieu de l’île par d’autres plus pimpantes qui s’accorderont mieux avec le bitume refait à neuf». Il a précisé qu’il s’agissait là d’une réflexion et non d’une décision. Mwali, île-pilote qui bénéficie d’un schéma d’aménagement du territoire financé par l’Agence française de développement (Afd) dont les études de faisabilité ont débuté en 2020.
Le bureau d’études en ce qui concerne la réfection de la route liant Djando à Nyiumashua, très endommagée se trouverait déjà sur place. Les travaux eux, financés par la République populaire de Chine, devraient débuter à la fin de l’année. Mohamed Said Fazul, a, en réalité, plus évoqué les projets que les réalisations. S’agissant de la circulation des biens et des personnes entre les îles, il n’a pas manqué de souligner dès l’année prochaine, la construction de deux ports, celui de Mwali et l’autre reliant Hoani à Chindini.
«L’électricité n’était pas en reste»
Ce projet d’envergure est financé, selon le conférencier, par la Banque mondiale à hauteur de 26 millions d’euros. «Il est également prévu l’achat de bateaux répondant aux normes de sécurité afin de faire la liaison entre les îles», devait-il assurer. Mwali qui est confrontée à une pénurie de produits pétroliers de façon chronique aura «enfin son dépôt d’hydrocarbures d’ici la fin de l’année», a assuré le gouverneur. L’électricité n’était pas en reste. «L’Union européenne va financer, à hauteur de 3 millions d’euros, une centrale solaire», a-t-il fait valoir.
Sur un tout autre sujet, Mwali, mère nourricière, pour ce qui est du développement durable, a vu l’Unesco approuver son inscription sur la liste des sites protégés. En effet, la Réserve de biosphère de Mwali fait partie du Réseau mondial des réserves de biosphère depuis l’année dernière.Cette inscription fera l’objet d’une célébration en grande pompe dans les jours à venir. Enfin, les déchets ménagers qui jalonnent la sortie de Fomboni sur le front de mer ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir. «Le Pnud s’est engagé à les traiter et d’ici 2024, nous aurons l’île la plus propre qui soit»