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Mohamed Saïd Fazul «espère voir une autonomie se concrétiser au cours des 5 prochaines années»

Mohamed Saïd Fazul «espère voir une autonomie se concrétiser au cours des 5 prochaines années»

Politique | -

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Homme politique et ancien président de l’île de Mohéli de 2002 à 2007, il a été battu lors des élections de juin 2007. Actuel gouverneur de l’île de Djumbe Fatima depuis 2016, il appelle à ce que l’Union respecte « l’autonomie ».

 

Vous avez déjà exercé deux mandats en tant que gouverneur. Pourquoi souhaitez-vous un troisième ?


Je suis candidat car cela répond à trois souhaits : celui de mes partisans et collaborateurs qui souhaitent voir la réalisation de nos projets en cours. Deuxièmement, le président et moi partageons les mêmes ambitions, et nous avons initié des projets ensemble. En suivant le Plan émergent 2030, ma présence est importante pour assurer son aboutissement, ce qui me semble tout à fait normal. Troisièmement, je souhaite renforcer l’unité nationale et la paix dans le pays, deux choses essentielles pour son développement. Ce dernier ne peut se réaliser rapidement, et le renouvellement d’un mandat pourrait apporter des résultats favorables pour notre île.

Vous avez souvent souligné l’absence de budget pour votre gouvernorat. Pourquoi souhaitez-vous continuer malgré tout ?


Je rappelle que notre constitution indique que l’Union des Comores est composée de quatre îles autonomes. Malheureusement, cette autonomie n’est pas pleinement respectée, et certaines lois constitutionnelles restent incomplètes, ce qui complique notre situation. Après plusieurs plaintes auprès du haut gouvernement, j’espère un changement lors du prochain mandat. J’estime que nos milliers de plaidoyers pourraient cette fois jouer en faveur des Mohéliens.

Quel est votre projet phare pour le prochain mandat ?


Peut-on parler de projet phare sans autonomie ? Tant qu’il n’y aura pas d’autonomie, et que c’est l’Union qui gère tout, il est difficile d’avoir des projets. J’en ai eu pendant 5 ans, mais ils sont toujours en attente. Cependant, mon projet phare est de développer le tourisme dans l’île, en mettant en avant sa beauté tout en préservant notre environnement, essentiel en tant que patrimoine de l’Unesco.

À Mohéli, des projets majeurs tels que le dépôt des hydrocarbures et l’aéroport sont en suspens depuis la fin du précédent régime. Ne voyez-vous pas cela comme un échec personnel ? Cela pourrait être le cas si j’avais un contrôle total, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Nous avons fait plusieurs demandes pour ces projets, mais le président avait d’autres priorités, il faut le dire.


C’est une négligence malheureuse qui pénalise toute une île. Nous ne sommes pas indépendants, que ça soit dans la conservation de nos carburants, l’aéroport… et les Mohéliens souffrent. J’estime sincèrement qu’il y aura un changement. J’y crois.

Pourquoi n’avez-vous pas pris congé de vos fonctions avant d’entrer en campagne, comme l’exige la loi ?


Peut-être que cela n’a pas été annoncé officiellement, mais j’ai pris congé, et la cour en est informée. Le code électoral est clair, en tant que gouverneur ou président, il est obligatoire de prendre congé, une mesure que j’ai respectée. Mon secrétaire général assure l’intérim, et je ne suis pas capable d’enfreindre notre constitution.

Propos recueillis par
Nourina Abdoul-Djabar

                                                                                  Portrait
                                                 Mohamed Saïd Fazul, l’ami de tout le monde

Mohamed Saïd Fazul, né en 1960 à Boingoma à Mwali, est un homme politique au parcours diversifié. Marié et père de cinq enfants, il est largement reconnu comme une personnalité qui partage les avantages de son pouvoir avec toutes les classes sociales. Modeste, humble et plein d’humour, Fazul présente un profil unique. Sa renommée s’étend également aux réseaux sociaux, où il se distingue par ses sorties parfois comiques.

Selon ses proches, Fazul se distingue par sa proximité avec le peuple, toujours prêt à offrir son aide et à écouter les préoccupations de chacun. L’homme cultive des amitiés variées, qu’il s’agisse de journalistes, de pêcheurs, de directeurs, de commerçants ou de simples vendeurs ambulants ; en somme, il est l’ami de tous à Mwali.


Après avoir obtenu son baccalauréat série D au lycée de Fomboni, Mohamed Saïd Fazul a poursuivi ses études à l’École nationale de santé à Moroni, où il a obtenu son diplôme de préparateur en pharmacie. Cependant, sa carrière a pris un tournant inattendu lorsqu’il est devenu directeur du Collège Islamique de Fomboni de 1992 à 2001, avant de se consacrer entièrement à la politique.


À la tête de l’île de Mwali à plusieurs reprises, Mohamed Saïd Fazul cumule une expérience politique de 14 ans en tant que chef de l’exécutif de l’île de Djumbe Fatima. Il a été gouverneur en 2001-2002, puis président de l’île de 2002 à 2007. Pendant cette période, il a facilité l’accès à des postes jadis réservés aux élites pour les enfants issus de milieux défavorisés. Malgré les critiques des nobles (les kabayila), cette initiative a été saluée comme une avancée significative.


Sa défaite aux élections de juin 2007 a ouvert la voie à son rival Mohamed Ali Saïd. Cependant, Fazul n’a pas disparu de la scène politique. En 2016, il a effectué un retour remarqué et occupe actuellement le poste de gouverneur. Il se présente en tant que candidat indépendant à sa propre succession à l’élection du gouverneur de son île. Malgré les critiques sur son actuel mandat, Fazul garde espoir d’obtenir plus d’autonomie pour répondre aux besoins de ses administrés dans le futur.


   Nourina Abdoul-Djabar

 

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