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Mohamed Toihir, coordinateur du dialogue : «Les thématiques abordées intéressent l’ensemble de la population»

Mohamed Toihir, coordinateur du dialogue : «Les thématiques abordées intéressent l’ensemble de la population»

Politique | -   Mariata Moussa

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La cérémonie de clôture du dialogue inter comoriens aura lieu ce matin au Palais du peuple. Le coordinateur national, Mohamed Toihir, livre les premiers résultats de cette table ronde qui a, selon lui, «atteint ses objectifs». L’administrateur estime que les travaux ont permis d’afficher «une marque d’affirmation de notre souveraineté nationale et notre capacité à surmonter nos problèmes».

 

La phase importante des travaux du dialogue vient de prendre fin par les séances plénières. Quel bilan tirez-vous de ce dialogue ?

Le dialogue a eu lieu. Nous avons bouclé les séances des plénières qui sont les réunions où les participants au dialogue prennent les principales décisions. Ce qui reste maintenant c’est la séance de clôture qui, en soi, est une cérémonie solennelle et une formalité. La plupart des organisations auxquelles nous nous sommes adressées ont répondu à notre appel. Cela constitue la première leçon qu’on peut tirer. Le dialogue s’adressait surtout à la population, aux Comoriens car nous voulions un dialogue inter comoriens, inclusif. Le dialogue a atteint ses objectifs. Nous avons pu organiser ce dialogue sans interférence des pays ou d’organisations étrangères. C’est également une leçon à tirer. C’est une marque d’affirmation de notre souveraineté nationale et notre capacité à surmonter nos problèmes, à examiner l’avenir de notre pays par nous-mêmes.

Quelle est la suite à donner à ce grand rendez-vous qui a duré trois semaines?

À notre niveau, la coordination, nous allons mettre en forme les résultats du dialogue en établissant les rapports. Un rapport de synthèse sera remis au chef de l’Etat de manière solennelle. Mais le grand rapport contiendra les débats qui ont eu lieu et les décisions prises pendant le dialogue. La suite à donner reviendra au chef de l’Etat qui a appelé ce dialogue. Il donnera la suite qu’il voudra y donner, mais je pense sincèrement que les conclusions tirées à l’issue du dialogue feront l’objet de grandes décisions.

En votre qualité de coordinateur, quelles sont les marges de manœuvres dont vous disposez pour contribuer à la mise en œuvre effective des recommandations ?

J’avoue que je n’ai pas de marge de manœuvres. J’ai été sollicité pour faire un travail. Je l’ai fait au mieux que j’ai pu. Comme je l’ai dit précédemment, je vais remettre les rapports au chef de l’Etat. Je n’ai pas des moyens de pression à exercer sur le chef de l’Etat. J’espère que les conclusions issues de ce dialogue soient bonnes pour qu’il puisse les prendre en compte dans ses actions futures. En tout cas, ce dont je peux être sûr, il n’a pas demandé à ce qu’il y ait un dialogue pour rien, mais il avait besoin de connaitre l’avis des participants au dialogue pour pouvoir agir conformément à une volonté ou un consensus national.

Dès le début du dilogue, l’idée de mettre en place une structure permanente de dialogue, d’échanges et surtout de suivi des recommandations a été évoquée. Qu’en est-il ?

Les participants ont défendu l’idée de mettre en place une structure de suivi. La question du dialogue permanent a aussi surgi. Au sujet du dialogue permanent, les participants ont eu à examiner des textes relatifs à l’organisation de notre système politique. Parmi les éléments de l’organisation de ce système, il y a des partis politiques. Je pense que désormais, les partis politiques auront un rôle important à jouer. Donc, la structure du dialogue permanent doit émaner, à la fois, des partis politiques reconnus comme tels, c’est-à-dire qui répondent aux critères définies pendant le dialogue, mais aussi des organisations de la société civile reconnues d’utilité publique et qui ont un rôle ou une conception nationale de leur action, et bien entendu du gouvernement. Le dialogue ne peut se faire sans le gouvernement. Cela est une conception en vrac d’une structure de dialogue permanente.

Et le profil des membres ?

Cela viendra avec la mise en place du système politique lui-même. Concernant la structure de suivi, cela également a été demandé au cours du dialogue et il reviendra au chef de l’Etat d’en déterminer les contours, en fonction de la suite qu’il voudrait donner aux conclusions du dialogue. Cependant et ce qui est sûr, est que les avant - projets de lois relatifs au système politique, doivent, selon mon entendement, être prêts pour être soumis à la session parlementaire d’avril afin qu’ils puissent répondre aux échéances électorales futures. Sur ce point, il n’y a rien à dire. Le suivi est immédiat. Par contre, les thèmes, dont nous n’avons pas eu le temps de tirer de conclusions feront l’objet d’un suivi pendant les futures phases de dialogue.

Les participants aux ateliers ont fait constater que certaines thématiques n’étaient pas abordées en profondeur faute de temps imparti. Y aura-t-il un complément d’analyse pour enrichir les conclusions ?

Il n’y a pas eu que la durée qui a empêché l’examen de ces thèmes en profondeur. Ce sont des thèmes qui ont surgi au fur et à mesure des concertations et au sein même du dialogue. L’étude de ces thèmes n’a pas pu être examinée pour faire l’objet de propositions et de décision. C’est la raison pour laquelle ces thèmes doivent faire partie des futurs travaux du dialogue national. Certes, il y a d’autres thèmes qui doivent être abordés et qui n’ont pas été évoqués pendant les travaux. En réalité, le dialogue tant à devenir, si ce n’est déjà, un mode de gouvernance démocratique. Je pense que ce mode de gouvernance démocratique est déjà porté par le chef de l’Etat.

Deux principaux partis de l’opposition, (Juwa et Updc) étaient absents au dialogue. Peut-on parler réellement d’un dialogue inclusif ?

Je vous laisse l’appréciation de ce qu’est un parti politique. Je ne dis rien là-dessus parce que vous avez le droit de revoir vos archives. Le monde évolue. Ces partis politiques n’ont pas voulu répondre à l’appel au dialogue, malgré tous les efforts déployés et les démarches engagées. Mais le dialogue a eu lieu. Et, je pense que nous avons effectué un dialogue véritablement national, les thématiques abordées intéressent l’ensemble de la population. Les motivations de ces partis-là, il faudrait donc leur demander pourquoi ils ne sont pas venus. Je ne crois pas que leur absence ait entaché de quoi que ce soit la qualité du travail fourni.

Après les travaux des groupes, les participants parlent de plusieurs avant-projets de loi qui seront soumis au gouvernement. Avez-vous une idée du contenu de ces textes ?

Nous avons des textes qui ont fait objet de révision, comme les lois sur la commission électorale, le code électoral, le statut des partis politiques. Nous avons revu ces textes. Donc, ce sont des propositions d’amendement. Mais il y a aussi un avant-projet de loi sur le découpage électoral et sur le statut de l’opposition. Cela fait cinq thèmes.

Combien a coûté le dialogue ?

La logistique, la prise en charge de l’ensemble des travaux et les indemnités des participants. Cependant, il est trop tôt pour avancer un chiffre car les travaux ne sont pas encore terminés. Le dialogue continue. Nous n’avons pas encore fait le bilan de toutes les dépenses engagées.

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