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Mouigni Baraka Saïd Soilihi I Un parcours politique parsemé de trahisons et de défections

Mouigni Baraka Saïd Soilihi I Un parcours politique parsemé de trahisons et de défections

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Lâché par sa garde rapprochée, l’ancien gouverneur est à un tournant de son futur politique. Décidé, officiellement à boycotter le dialogue national prôné par le chef de l’État, Mouigni Baraka Saïd Soilihi a reçu un coup derrière le dos émanant de ceux qu’il a lui-même propulsé sur la scène politique lors de sa mandature à la tête de l’île de Ngazidja, de 2011 à 2016. Quelle décision devra-t-il prendre maintenant pour sauver les meubles ? Rejoindre le dialogue et renier ses propos ou maintenir sa décision et se retrouver seul et dépourvu de tout soutien de «son» parti, les ténors ayant pris la poudre d’escampette ? Autre éventualité : et si tout ceci n’était qu’une mise en scène et qu’Oumouri et consorts étaient de mèche avec l’ancien gouverneur ?

 

L’histoire politique de Mouigni Baraka Saïd Soilihi est faite, pourrait-on dire, de trahisons et de soubresauts que ce dernier a jusqu’ici su maîtriser, voire surmonter. C’est le cas de son alliance avec l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, qui contribuera grandement à la victoire finale de l’enfant de Ntsudjini, sous l’étiquette du parti Orange, à l’élection gubernatoriale de Ngazidja en 2011. Seulement, un an après, l’idylle avec son collègue et ami douanier prendra fin sous les feux des projecteurs. Le clan de Mouigni reprochera à Mohamed Daoudou d’être «en contradiction idéologique avec le gouverneur élu. Cette bisbille a conduit à l’exclusion de Mouigni Baraka Saïd Soilihi du parti Orange».

Scission du Rdc

Le camp d’en face lui, a accusé Mouigni de traîtrise, de prendre des décisions sans informer le parti et de gestion opaque des affaires de l’île notamment. La rupture ayant été consommée, Mouigni a tourné la page et à la tête de l’île de Ngazidja, l’ex-gouverneur créera sa propre famille politique : le Rassemblement démocratique des Comores (Rdc). Et c’est l’actuel ministre de la Justice, Djaé Ahamada Chanfi qui en sera le secrétaire général, tandis que Mouigni lui, deviendra président d’honneur.

 

Sauf que quatre ans plus tard, soit donc en 2016, alors qu’il se présente candidat à l’élection présidentielle, Mouigni Baraka Saïd Soilihi surprendra encore une fois son monde en appelant, lors de la partielle tenue à Ndzuani, à voter en faveur de son adversaire Mohamed Ali Soilihi. C’est cette décision peu conventionnelle qui sera à l’origine de la scission du Rdc en deux clans : tendance Mouigni et tendance Djaé qui lui, a rejoint le camp de l’actuel président de la République, AzaliAssoumani. S’ensuivra une bataille juridique pour désignerle chef «légal» du Rdc.

Un coup de canif dans le dos

Mouigni Baraka Saïd Soilihi, verra par décision de justice, Djaé Ahamada Chanfi prendre les règnes du parti qu’il a créé quelques années plus tôt. C’est donc dépourvu de famille politique «légale» que l’ancien gouverneur de Ngazidja prendra part à l’élection présidentielle de 2019 en tant que candidat indépendant. Si la justice a tranché pour Djaé Ahamada Chanfi, le clan de Mouigni Baraka Saïd Soilihi a fait appel et attend que l’appareil judiciaire se prononce. Défaitistes malgré eux, les soutiens de Mouigni Baraka Saïd Soilihi se targuaient d’avoir les militants à défaut d’avoir la paternité du parti.Chose qui était vraie jusqu’à samedi dernier. En effet, quatre des poids lourds du Rdc ont fait le choix de rejoindre le dialogue national, et ce, contre la volonté de leur chef historique.

Cette décision inattendue fragilise la situation de Mouigni Baraka Saïd Soilihi. Surtout en cette période de dialogue national. Car si effectivement Mouigni bénéficiait du soutien du parti et de plusieurs cadors du Rdc, depuis samedi dernier la donne a semble-t-il changé. Oumouri, Raoul et leurs collègues ont choisi d’adopter la décision du Rdc tendance Djaé et de rejoindre le dialogue national, laissant Mouigni sur le carreau. Un coup de canif dans le dos qui a surpris Mouigni…ou pas. En effet, certains estiment que les quatre ténors du parti n’auraient pas pu décider seuls de rejoindre le dialogue sans l’aval de l’ancien locataire de Mdrodju.

Confiance absolue en l’ancien locataire de Mdrodju

Et la réponse donnée, lundi dernier, par ce qui reste des soutiens de l’ancien gouverneur a été jugée en deçà de la sortie d’Oumouri et compagnie. On s’attendait effectivement à une prise de parole musclée du président d’honneur du parti. Hélas, il n’en était rien. On s’attendait aussi à des sanctions, ce ne fut pas le cas. Niet. Le silence dans lequels est terré Mouigni depuis le 13 septembre, malgré ce qui se passe au sein de son parti, laisse aujourd’hui perplexe.L’ancien locataire de Mdrodju, tiraillé entre son rôle de leader de l’opposition et celui de chef de son parti, ne sait peut-être plus sur quel pied danser étant donné que les deux camps ont majoritairement des positions diamétralement opposées.


Quoi qu’il advienne, le passé politique de Mouigni a montré qu’il n’aime pas, contrairement à ce que dit une partie de ses partisans, la contradiction encore moins la trahison. Il a en effet toujours riposté aux coups qu’on lui a assenés. Surtout, Mouigni Baraka SaïdSoilihi a pour mérite d’avoir toujours su, tel un Phénix, renaitre de ses cendres et se relever de toutes ces défections. Autre point positif pour lui, malgré ces désertions, le Front commun de l’opposition dit avoir une confiance absolue en l’ancien locataire de Mdrodju. Contacté, l’intéressé affirme avoir confiance en sa cellule de communication laquelle a déclaré, comme on l’a souligné, maintenir le boycott du dialogue national.

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