Pourquoi avez-vous décidé de briguer le gouvernorat de Ngazidja ?
«J’ai décidé de me présenter pour différentes raisons. J’ai constaté que cette île a le potentiel de se développer surtout dans le domaine agricole. Ce domaine n’a pas besoin d’attendre forcément l’aide du gouvernement central. Avec de la détermination et une sensibilisation de la population, nous pourrons relever le défi en atteignant l’objectif de l’autosuffisance alimentaire. L’île regorge de terres arables, il suffit de s’y mettre. Grâce à un peu de volonté, nous n’aurons plus besoin de dépendre des pays voisins tels que la Tanzanie ou Madagascar.
Concernant le secteur de la vanille, pour éviter que les cultivateurs ne tombent en faillite, mon gouvernorat créera une société qui achètera le produit pour le conserver avant de le revendre à l’État central ou à des acheteurs étrangers. En tant qu’agent de l’état civil, j’ai aussi l’ambition de rendre gratuits les extraits de naissance, car j’ai remarqué que beaucoup de nouveau-nés n’en ont pas, probablement faute de moyen. Une fois gouverneur, je compte également mettre en place une mutuelle de santé pour tous les habitants de Ngazidja. Pour que tous ceux qui seront dans l’urgence soient soignés une fois à l’hôpital sans qu’on leur demande de payer d’abord. Les femmes enceintes aussi bénéficieront de consultations gratuites car je fais partie de ceux qui sont contre la planification familiale.»
Avec la constitution de 2018, les gouverneurs ont été dépouillés de tout. Ils n’ont ni budget, ni marge de manœuvre. Comment comptez-vous mener à bien votre programme ?
J’ai entamé des discussions avec notre diaspora. J’ai le soutien d’un candidat de la diaspora qui briguait la présidence. Je m’apprête à me rendre en France incessamment pour aller à sa rencontre. L’objectif de mon voyage est de les rassurer. Une fois élu, je serai leur homme de confiance. L’idée est de sécuriser les devises qu’ils envoient ici dont une partie est détournée. Ensemble nous allons élaborer nos projets. La diaspora après un pacte que nous signerons va contracter des prêts auprès des banques pour financer automatiquement les projets de l’île.
Quelles sont vos autres projets et comment comptez-vous les mettre en œuvre ?
Dans mon programme, j’ai ciblé dans un premier temps les infrastructures routières. Puisque parmi les quelques institutions qui sont encore sous la tutelle du gouvernorat, la direction des travaux publics en fait partie. Je veillerai à ce que tous les nids de poules soient bouchés. Car la réfection des routes nationales relève des compétences de l’État. Deuxièmement, nous comptons électrifier en énergie solaire toutes les localités de l’île. Encore une fois, tous ces projets dépendent de la volonté de la diaspora de m’accorder sa confiance en recherchant les financements. Dans la capitale, Moroni, nous nous attaquerons aux problèmes des ordures. Si la mairie se déclare incapable de remplir cette mission, nous prendrons la relève. Des agents nettoieront chaque soir la ville à tel point que le lendemain, aucun citoyen n’osera jeter une feuille par terre.
Un dernier mot ?
Je lancerai un message à l’endroit de tous les électeurs. Ils ne sont pas obligés de voter pour tel candidat si son projet n’est pas convainquant. Si aucun prétendant n’a à leurs yeux aucun programme ambitieux, vaut mieux voter pour le nul au lieu de rester à la maison au risque de laisser quelqu’un d’autre prendre ta voix et l’attribuer à un candidat. J’espère que tout le monde ira accomplir son droit civique.
Parcours
Moussa Ibrahim, un outsider qui rêve de Mrodju
Il fait partie des prétendants qui veulent succéder à Sitti Mhoudini Farouata qui n’est pas candidate à sa propre succession. Malgré les revers essuyés au cours de ces dernières années, Moussa Ibrahim, 43 ans, veut croire encore en ses chances. Après le parlement, en 2020, le natif d’Iconi vise cette fois-ci Mrodju. Ce combat, il le mènera tout seul, son parti ayant refusé de le soutenir. « Nous sommes en désaccord. Ils ne voulaient pas que je sois candidat mais j’ai refusé. Il m’a été demandé de rendre le tablier, chose que j’ai faite », a précisé le désormais ex secrétaire régional du parti Dudja, de l’ancien président de l’île, Mze Abdou Soulé Elbak, lequel soutient Hamidou Bourhane.
Il faut dire que la bataille électorale, Moussa Mohamed la connait même s’il n’a pas été élu après deux tentatives. En effet en 2015, cet ancien chargé de communication du Dudja avait défendu les couleurs de son parti lors des communales de 2015 dans sa région natale. En dépit de ce revers, il s’est à nouveau présenté pendant les législatives de 2020 dans la circonscription de Bambao. En dehors de la vie politique, ce père de 4 enfants est par ailleurs un employé du service de l’État civil. Après 7 ans passés en Syrie (il a été envoyé là-bas pour poursuivre ses études), Moussa Mohamed est rentré aux Comores en 2002 et a intégré la préfecture du centre, en tant qu’agent. En 2007, il est nommé assistant de l’officier de l’État civil. Trois ans plus tard, il est promu archiviste de la préfecture, poste qu’il occupe jusqu’à nos jours. C’est par son expérience au sein de ce service qu’il s’est rendu compte que de nombreux nouveau- nés n’ont pas d’acte de naissance. D’où son projet de vouloir les rendre gratuits une fois élu.