Le Mouvement du 11 août a organisé une conférence-débat samedi au restaurant Le Sélect, autour de la tenue des assises nationales sur le bilan des 40 années d’indépendance. Saïd Mohamed Sagaf a, d’abord, rappelé l’origine de ce mouvement, né de la «digne réaction» de la jeunesse comorienne lors des 9èmes Jeux des îles de l’Océan indien.
«A La Réunion, lors de la cérémonie d’ouverture de ces jeux, la France a cru pouvoir piétiner la charte des Jioi, dans une énième tentative de valider subrepticement son annexion de l’île comorienne de Mayotte en dépit du droit international. C’était sans compter sur l’esprit patriotique des athlètes comoriens. Le peuple s’est rassemblé le 11 août à la place de l’indépendance pour honorer le patriotisme de sa jeunesse.
Porté par cet élan, Ali Bazi Selim a lancé un vibrant appel à un sursaut national, soulignant que le pays est au bord de l’abîme, qu’il doit se rassembler et parler avant la tenue des élections. Ainsi naquit le mouvement du 11 août 2015», a-t-il déclaré. Pour Madame Abbas Djoussouf, l’une des figures du Mouvement, la richesse du pays, «c’est quand il dispose de jeunes instruits et les Comores en regorgent à foison». Et d’appeler les jeunes comoriens à s’intéresser davantage à la question de l’unité nationale.
Pertinence des assises
A son tour, Ousseine Said Mohamed a rappelé qu’il y a sept mois, le Mouvement du 11 août avait demandé à rencontrer le chef de l’Etat pour le sensibiliser sur la pertinence de ces assises, sans aucune réponse jusqu’ici. «Le mouvement a rencontré les trois gouverneurs des îles qui ont tous manifesté leur adhésion et l’intérêt à la tenue de ces assises, de même que le président de l’Assemblée.
Des lettres ont été envoyées à tous les élus des îles et de l’Union, aux partenaires au développement, au Système des Nations unies qui ont tous promis leur soutien pour ces assises si le gouvernement est d’accord», a-t-il ajouté. Pour Said Mohamed, «l’objectif des assises est de dresser l’état de la crise nationale en proposant des réponses appropriées et urgentes, la bonne gouvernance politique économique, un Etat de droit, mais aussi le mécanisme d’un dialogue pacifique et pérenne au niveau politique, économique, social et culturel afin de favoriser les conditions du développement du pays».
Après un débat modéré par Idriss Mohamed, l’assistance a retenu cinq thèmes comme ordres du jour des prochaines assises, prévues avant la fin de l’année. Il s’agit de l’édification de l’Etat, de la consolidation de l’unité nationale, de la question de Mayotte, du développement socio-économique et de la place des Comores dans le monde. Cinq commissions ont ainsi été mises en place et devront se réunir les jours qui viennent pour se pencher sur ces différentes thématiques.
Enfin, Ali Bazi Selim a fait savoir qu’en 40 ans d’indépendance, le compte n’y était pas et qu’il faudrait en discuter pour rectifier le tir. «Le gouvernement sortant ne nous a pas reçus, mais nous espérons que celui actuellement aux affaires voudra bien nous recevoir».
S’il dit adhérer à «l’émergence du pays d’ici 2030», il estime toutefois que «l’émergence ne se fait pas automatiquement, ça se construit. Le président doit accepter qu’ensemble, nous construisions cette émergence pour sortir le pays du gouffre ; autrement ce sera difficile».