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M’madi Kapachia: «155 km2 pour faire de Moroni une capitale digne du nom»

M’madi Kapachia: «155 km2 pour faire de Moroni une capitale digne du nom»

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Dans le cadre du lancement des travaux de reconstruction de l’axe routier Moroni-Fumbuni, le secrétaire d’Etat à l’Aménagement du territoire, M’madi Kapachia a accordé à Al-watwan une interview exclusive dans laquelle, il détaille ce projet en parlant d’un budget de 13 milliards, avant de revenir sur l’axe Sima-Moya à Ndzuani. Outre les routes, le secrétaire d’Etat est également revenu en long et en large sur les détails du projet «Grand Moroni». « La seconde phase concerne 155 km2 qui va de Hahaya à Mitsudje», expliquera-t-il avant de se pencher sur le référendum constitutionnel, l’opposition et …les élèves de Nkurani ya Sima qui n’ont pas passé les examens nationaux.

 


Nous avons constaté des mouvements quant à la réfection de la route reliant Moroni et Fumbuni, chef lieu de la région de Mbadjini. Qu’en est-il exactement ?



Effectivement, les travaux portant sur la construction du tronçon Moroni-Fumbuni débutent. L’entreprise Eiffage, retenue pour la réalisation des travaux, est actuellement en pleine installation. Une partie de ses équipements sont déjà acheminés aux Comores et demain matin (Ndlr : aujourd’hui), une autre partie devrait être réceptionnée. Les techniciens sont également en train d’effectuer le relevé topographique pour récolter les données, histoire de s’assurer de la conformité des travaux. C’est à la fin de cette étape qu’une réunion sera organisée afin d’arrêter la date exacte du début de la construction. Nous estimons qu’en début septembre, les travaux de maçonnerie devraient commencer avant l’assainissement et le coulage du goudron par la suite. Ce projet entre dans le cadre du plan d’action gouvernementale qui donne une priorité particulière aux infrastructures routières. Je précise, par ailleurs, que de petits travaux urgents sont actuellement en cours, notamment la réparation des nids de poules dans le but de fluidifier la circulation.


L’on se rappelle que suite à une incompréhension, vous avez eu à interdire la construction d’une maison pour cause d’empiétement de la route. Sauf que ladite construction a repris des plus belles…



Exactement, nos services ont eu à interpeller un habitant qui s’apprêter à construire une maison en dur du côté de Mdé. Laquelle maison allait perturber le projet de la route Moroni-Fumbuni. Malheureusement, cette personne vient de reprendre ces activités mais cela ne saurait continuer ainsi. Nous avons eu des réunions et nous en aurons avec les maires et les préfets pour accentuer la sensibilisation visant à éviter les constructions au bord de la route.


Outre ce cas précis, certaines maisons empiètent sur la route. Que fera-t-on de ces constructions ?



Vous savez ce sont des personnes qui habitent ces maisons raison pour laquelle des compensations financières sont prévues pour les propriétaires. Ces derniers pourront ainsi se reloger sans difficulté aucune. En revanche, pour ce qui est des arbres et autres implantations, nous considérons qu’ils s’agiront des sacrifices pour l’intérêt général.


D’un point de vue plus techniques, quelles seront les caractéristiques de cette route ?



Cette réalisation est programmée en deux phases. La première étape est celle de la route Moroni-Mitsudjé qui sera de 7 mètres de largeur. La seconde étape concerne celle qui partira de Mitsudje à Fumbuni pour 6 mètres de largeur. Outre ces mensurations, 1,5 mètre de trottoir est programmé pour chaque côté afin de faciliter le déplacement des piétons.


Quel est le montant du financement de ce projet ?



Comme vous le savez, c’est un projet de grande envergure qui est budgétisé à hauteur de 13 milliards de nos francs. Je tiens tout de même à préciser qu’outre l’axe Moroni-Fumbuni, il y a l’axe Sima-Moya qui entre dans le cadre de ce financement de la Banque africaine de développement (Bad) et de l’Agence française de développement (Afd). Les techniciens de l’entreprise retenue viennent d’arriver à Ndzuani pour installation et récolte des données topographiques.
 A l’heure actuelle, le financement de la Bad est effectif et pour des raisons de calendrier, nous commençons les travaux avec l’apport de la Bad en attendant la part de l’Afd. En effet, pour des raisons de procédures, le financement de l’Afd ne nous est pas encore parvenu. Toutefois, malgré ce retard, nous sommes convaincus qu’une fois que les travaux seront lancés, il n’y aura aucun blocage. Le gouvernement comorien s’engage, en cas de défection, de finir le chantier.


L’autre grand projet au niveau de votre secrétariat concerne le «Grand Moroni». Où en est-on concrètement ?



Le projet est toujours en cours. Il s’agit d’un projet scindé en deux phases. La première concerne l’aménagement et le désengorgement de la capitale Moroni. Il est question de rendre la capitale plus accessible et fluidifier les déplacements. En somme, donner à Moroni, l’image d’une capitale et pour commencer, des routes secondaires seront réfectionnées ou construites.

La seconde phase concerne 155 km2 de Hahaya à Mitsudje. Dans la pratique, nous aurons trois zones. Il s’agira d’une zone industrielle plus particulièrement dans la région d’Itsandra avec les carrières qui s’y trouvent et que nous devons sauvegarder et développer, le site des déchets que nous devons confier à une entreprise pour le traitement afin de créer des emplois et procéder à des formations, etc.  Il y a une seconde zone dite administrative qui englobe l’actuelle Moroni. Deux secteurs sont prévus, à savoir un secteur administratif et un autre commercial qui comprend l’extension de Volo-volo pour en faire le plus grand marché du pays dans l’optique de libérer le petit marché et le marché dit «Dubaï» aux fins de construire des bâtiments administratifs.


La dernière zone part de Mdé à Mitsudjé en passant par Ikoni. C’est une zone prévue pour être agricole afin de profiter des terres cultivables de Mdé et Vuvuni et touristique pour tirer profit des potentialités touristiques des sites comme Nyumbadju et le site Cœlacanthes désormais installé entre Bangwa et Salimani.
Par ailleurs, selon des études effectuées, nous avons détecté des zones urbanisables à l’image de Sahara et Salimani-ya-Itsandra et des zones non urbanisables à commencer par les «médinas» que nous devons sauvegarder au nom de l’histoire de la capitale.
Pour résumer, je dirais qu’une partie de l’étude est déjà réalisée. Il reste les moyens pour mobiliser le financement.


Un tel projet ne concernerait pas uniquement  le «Grand Moroni» à en croire les projections des autorités actuelles…



Non il n’est pas question seulement de Moroni. Il y a également les autres capitales, à savoir Fomboni, Mutsamudu et Domoni. Le président Azali Assoumani exige une stratégie visant à redorer l’image de nos capitales. C’est dans ce contexte que nous disposons d’un schéma d’aménagement urbain et d’un plan de développement urbain de Mwali. Aussi, des travaux sont également engagés en faveur du plan urbain de Domoni ya Ndzuani.


Au vu du climat actuel, l’on ne peut que toucher un peu la politique dans cette interview. Le pays sort du référendum du 30 juillet, quel est votre sentiment par rapport à cet événement ?



Mon point de vue est que la tenue du référendum de juillet dernier obéit à la volonté des Comoriens qui se sont exprimés à travers les Assises nationales. L’une des recommandations phares n’est autre que la révision constitutionnelle devant permettre de transformer les autres recommandations en actes pratiques. Malgré les événements survenus à Sanfil, je considère que le scrutin s’est déroulé dans un climat de stabilité. A titre d’exemple, dans ma sous-région Nguwengwe, j’ai eu à parcourir l’ensemble des dix-neuf localités le jour du vote. L’on n’a répertorié aucun incident et personne ne peut prétendre qu’elle a été forcée pour aller aux urnes. Nous avons presque 14.300 votants et 10.400 se sont rendus dans les urnes pour 9.140 voix en faveur du Oui. Ces chiffres démontrent si besoin est, l’engouement de la population. Mon satisfecit est d’autant plus grand puisque je me rends compte que les Comoriens, du moins dans le Nguwengwe, ont compris l’objectif de ce rendez-vous. La Mouvance présidentielle dans cette zone a abattu un travail de sensibilisation colossal.


Place à l’organisation de l’élection présidentielle anticipée. Etes-vous du même avis que le chef de l’Etat qui souhaiterait une organisation dans les meilleurs délais ?



Absolument ! Nous avons démontré à travers le référendum que nous avons désormais la capacité d’organiser et de financer nos élections.  Forts de cette expérience, nous devons les organiser le plus tôt possible. Dans tous les cas, nous, dans la Crc, soutenons, sans réserve aucune, les initiatives du chef de l’Etat. Nous allons continuer notre engagement comme tout au début.


Le tout avec une opposition qui continue de déplorer «un acharnement» contre ses leaders qui sont en majorité frappés  d’un contrôle judiciaire ou aux arrêts ?



Il faut savoir que l’on ne vise que des malfaiteurs ou des supposés malfaiteurs. Ça n’a rien à voir avec des opposants. Nous savons que tout ce qui se passe actuellement est la conséquence d’un plan ficelé par l’opposition. Quand un ancien ministre de la justice parle de faire couler du sang, l’on ne peut que se dire que tout se vérifie avec en particulier, le sectionnement de la main d’un gendarme. C’est un projet préparé et les résultats sont devant nous, à commencer par la tentative d’attentat contre un vice-président, l’agression d’un gendarme ou encore la tentative de coup d’Etat. Le gouvernement ne peut tout de même pas faire la sourde oreille et la justice non plus, d’ailleurs. Les commanditaires et les acteurs doivent répondre de leurs responsabilités.
Je tiens à préciser que la philosophie de la nouvelle constitution  n’a rien à voir avec la tournante.  Elle vise le changement des mentalités. Pour illus
trer cette conviction, je m’en vais prendre l’exemple des députés, choqués par le programme de la citoyenneté économique, ont diligenté une enquête bien que le parlement soit en majorité de l’Opposition. L’on doit en premier prôner la bonne gouvernance et gérer sainement les deniers publics.


Outre la politique, il y a l’éducation. Originaire de Nkurani ya Sima, vous avez fait face à l’interdiction faite aux élèves de cette localité de se rendre dans les salles d’examens cette année. Quel enseignement tirez-vous ?



C’est de la folie naturelle qui peut arriver à tout le monde à un moment donné. Sinon comment peut-on expliquer que plus de  quatre mille personnes se mettent d’accord pour empêcher les élèves de passer les examens nationaux ? Ils se sont trompés et les conséquences sont désastreuses pour tout le monde aussi bien la localité que le gouvernement et le pays. C’est une réaction qui dépasse l’entendement. Malheureusement, cette inconscience est arrivée à d’autres localités, à d’autres personnes.

Propos recueillis par Mohamed Youssouf

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