Le rassemblement appelé par l’ “Union de l’opposition” au foyer Jaf de Mutsamudu le samedi 9 décembre, n’a finalement pas pu avoir lieu. Des éléments du Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (Pign) l’ont empêché, en interdisant l’accès au foyer. Les forces de l’ordre ont dû se conformer à la “note administrative” du préfet de Mutsamudu, lue à la radio et communiquée un peu partout la veille. Selon cette note,
toute manifestation à caractère politique en cette période est strictement interdite avant la tenue des assises nationales.
Il faut sans doute préciser que cette note n’a pas été motivée et aucun texte réglementaire, législatif ou constitutionnel n’a été visé pour fonder l’interdiction.
Déterminés tout de même à tenir leur meeting, les coalisés de l’opposition ont tenté de se réunir une heure plus tard à l’hôtel Johanna, à quelques encablures du Jaf. Ils y trouveront de nouveau la gendarmerie, postée tout autour.
Une centaine de partisans ainsi que leurs leaders investiront malgré tout la salle de conférence de l’hôtel pendant quelques instants, et une brève déclaration de Mouigni Baraka Saïd Soilihi sera faite, avant de se disperser. Ce dernier s’est excusé auprès des partisans qui ont dû se déplacer pour rien, tout en leur assurant de la continuation du combat.
“Le pays est pris en otage”
Nous avons été empêchés de nous rassembler au foyer Jaf, nous espérions pouvoir le faire ici, mais le propriétaire de l’hôtel est sommé de ne pas nous laisser faire. Nous allons donc annuler la rencontre, pour lui éviter des dommages. Si nous étions dans mon domicile, nous l’aurions tenu, a-t-il déclaré.
Il ajoutera : “nous prions Dieu que ce combat ne s’arrête pas ici. Nous nous préparons et vous communiquerons ce qu’il conviendra de faire par la suite. Nous nous excusons auprès de vous qui avez peiné pour être parmi nous ici, et auprès des autres qui ont été empêchés de nous rejoindre ou qui sont en cours de route, et vous disons que voilà, le pays est pris en otage, nous voici dans cette dictature, mais espérons avec l’aide de Dieu que nous vaincrons !”
Ce rassemblement de la coalition de l’opposition, qui compterait neuf partis dont l’Union pour le développement des Comores (Updc) de l’ancien vice-président Nourdine Bourhane, le Rassemblement pour la démocratie aux Comores de Mouigni Baraka, le parti Juwa, ou encore le Front démocratique de Moustoifa Saïd Cheikh, avait prévu, dans ce rendez-vous, de sensibiliser la population au sujet de la tenue des assises nationales, qu’elle juge
ne pas être en faveur de la population mais du pouvoir en place,
comme l’avait déjà dit Mouigni Baraka la veille vendredi, lors d’une rencontre avec le gouverneur de Ndzuani, Abdou Salami Abdou. Il faut cependant noter, qu’une autre “manifestation” a eu lieu, presqu’au même moment à Moroni, dans le foyer des femmes sans ambages, en la présence, cette fois-ci de tout le gouvernement.