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Nos morts en mer : une profanation de plus

Nos morts en mer : une profanation de plus

Politique | -

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Nous attendions de Macron, du nouveau président de la France une compassion, un regret, un pardon, l’abolition du visa Balladur et des condoléances pour les familles des victimes. Pas une offense de plus sur des milliers de morts sans sépulture.

 

Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien,

ricane Emmanuel Macron, de nos milliers de morts en mer. Ce n’est pas une déclaration rapportée dont on pourrait discuter la véracité ou sur la teneur exacte des propos. Non ! Cette déclaration humiliante a été filmée et le président français était conscient de la présence d’une caméra. Pour un président qui a qualifié, il y a peu, le colonialisme de «crime contre l’humanité», ces propos sonnent comme une profanation de nos vingt mille morts en mer.

 

 

 

Parce que Mayotte reste encore le seul territoire africain sous administration coloniale, nous attendions de Macron une nouvelle approche de la question, respectueuse du droit international et des intérêts des Comoriens de l’archipel. Et non pas une ironie malsaine sur un drame humanitaire qui ne s’arrêtera jamais, tant que la France continuera à imposer un visa d’entrée aux Comoriens des autres îles à Mayotte. Tant que la France œuvrera pour y rester définitivement.

La France intervient partout dans le monde, sous couvert du "droit d’ingérence humanitaire", de la "responsabilité de protéger", de la "lutte contre le terrorisme" mais toujours dans un cadre juridique bien précis, sous permission d’une résolution du conseil de sécurité des Nations unies.

  

"Atteinte flagrante"

Alors, il y a des faits historiques qui ne peuvent passer sous silence, que le temps ne parviendra à estomper et qu’il est de notre devoir de rappeler. Nous avons proclamé notre indépendance unilatérale le 6 juillet 1975. Le 12 novembre le Conseil de sécurité des Nations unies par 14 voix contre 0 (la France ne participe pas au vote), admet les Comores comme membre des Nations unies.

L’assemblée générale réaffirme par la suite dans une résolution "la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli». Elle adopte en octobre 1976 la résolution : 31/4 qui considère que "les référendums imposés aux habitants de l’île comorienne de Mayotte constituent une violation de la souveraineté de l’État comorien et de son intégrité territoriale" et que "l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’État comorien, membre de l’Organisation des Nations unies».

L’Onu, dont la France respecte à la lettre ses décisions, avait demandé à l’ancienne puissance de se retirer "immédiatement de l’île comorienne de Mayotte, partie intégrante de la République indépendante des Comores, et de respecter sa souveraineté".

La France n’est pas sans savoir, que toutes les consultations organisées à Mayotte sont considérées comme «nuls et non avenues» et que la chasse des Comoriens des autres îles à Mayotte, l’introduction du visa Balladur tombent sous la coupe, de l’article 7 du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale qui qualifie ces agissements de «crime contre l’humanité»*.

Donc, oui, nous attendions de Macron, président de la France, compassion, regret, pardon, abolition du visa Balladur ou condoléances pour les familles des victimes. Pas une offense de plus sur des milliers de morts sans sépulture.

 

*Déportation ou transfert forcé de population ; Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international

 

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