Depuis un an le projet de la carte de presse est sur la table. Certains journalistes ont réussi l’examen d’octroi de cette carte professionnelle de la presse, cependant, au jour d’aujourd’hui, aucun journaliste n’est en possession de cette carte. Peut-on parler d’un échec du projet?
Effectivement ce processus est lancé et nous saluons les travaux effectués par le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa) à travers la commission mise en place pour l’octroi de cette carte aux professionnels de la presse. Comme vous l’avez souligné, il y a déjà une liste de dix-neuf journalistes qui ont réussi cet examen, et dont les cartes sont déjà prêtes, mais il reste une question de timing, pour l’organisation de la cérémonie de délivrance de cette carte. Je crois que d’ici peu de temps, cette cérémonie sera organisée et le processus continuera pour que celui qui exercera le métier puisse être autorisé et bénéficié de la carte professionnelle.
Vous avez annoncé la révision du Code de l’information et de la communication, ce projet est-il toujours d’actualité?
Le projet est toujours d’actualité. Depuis un moment le ministère à travers les départements de l’information et de la communication a engagé un processus de révision du code de l’information et de la communication, pour l’adapter aux avancées technologiques du secteur comme l’avènement des réseaux sociaux. Un premier draft est déjà établi et nous l’avons présenté en conseil des ministres pour examen et adoption avant d’être remis aux parlementaires. Après une discussion au sein du conseil des ministres, ce dernier a recommandé la tenue d’un conseil des ministres spécialement pour ce projet de révision. Le gouvernement juge l’importance du projet, c’est pour cette raison qu’il souhaite que le ministère convoque l’ensemble des techniciens du domaine (Cnpa, direction de l’information, praticiens …) pour pouvoir s’expliquer et étudier ensemble ce qui devrait être révisé par rapport à l’évolution du secteur, ce qui mérite d’être supprimé et ce qui est à rajouter.
Récemment, des personnes ont été arrêtées aux Emirats arabes-unis en possession d’équipements du ministère de l’Intérieur qui servent à la fabrication de documents biométriques comoriens. Ces personnes dont un agent de votre département ministériel ont été transférées à Moroni et remises aux mains de la justice. Pourriez-vous donner votre version des faits de cette histoire ?
D’abord je tiens à démentir cette information selon laquelle, ces personnes arrêtées font partie des agents de mon département ministériel. Les personnes arrêtées aux Emirats arabes-unis ne sont pas des agents du ministère de l’Intérieur et n’avaient pas en leur possession des équipements du ministère. Mais comme vous le savez, avant il existait des réseaux parallèles pour la délivrance et les renouvellements des passeports, ici et aux Emirats. A mon arrivée au ministère de l’Intérieur, j’ai constaté ces pratiques et j’ai bloqué directement pendant un certain temps le processus de renouvellement, pour essayer de démanteler ces réseaux et recadrer le processus de renouvellement après la décision du gouvernement qui a mis fin à la délivrance des passeports. On a pu arriver à recadrer le processus de renouvellement, pour essayer de voir celui qui a bénéficié d’un passeport dans les procédures légales, et rejeter ceux qui l’ont eu à travers ces réseaux parallèles. Aujourd’hui, vu que tous les réseaux sont démantelés et bloqués, ces personnes cherchent les moyens de pouvoir les remettre sur pieds, en vue de procéder à des renouvellements abusifs, et ils ont essayé de se rendre aux Emirats. Mais heureusement ces personnes ont été interpellées par les autorités émiraties, transférées à Moroni et sont aux mains de la justice. L’enquête se poursuit pour intercepter tous ces réseaux.
Lors d’une conférence de presse organisée récemment au Palais du peuple par certains députés, l’un des membres de la commission d’enquête parlementaire a révélé 304 passeports émis pendant que le gouvernement clame officiellement avoir mis fin à ce processus. Confirmez-vous cela ? Sinon, où sont passé ces 304 passeports ?
A mon arrivée au ministère, il y avait des passeports renouvelés et qui n’étaient pas remis aux propriétaires. Mais comme je l’ai annoncé précédemment, ces passeports nous ne les avons pas directement transmis aux Emirats. En plus de ces passeports, il y avait d’autres demandes de renouvellements. Nous avons procédé à des vérifications avant de procéder à leurs renouvellements. Et pour répondre à votre question, non, nous n’avons jamais vendu un seul passeport depuis notre arrivée au pouvoir. Mais effectivement nous avons procédé à des renouvellements conformément à des engagements que l’Etat comorien a pris envers les autorités émiraties. Des engagements que le gouvernement ne peut s’en passer, mais nous l’avons fait dans la légalité, contrairement à ce qui se passait précédemment.
Depuis le début de cette année, les documents biométriques (passeports et cartes nationales d’identité) ont connu une augmentation des frais de délivrance, pendant que les députés crient à la violation de la loi qui n’aurait pas prévu cette hausse.
Oui, depuis janvier de cette année, les frais de délivrances du passeport et de la carte nationale d’identité biométrique ont connu une légère hausse de 10.000 francs pour le passeport et 1000 francs pour la carte d’identité. Mais comme vous l’avez constaté, ces documents biométriques ont connu des avancées et améliorations pour leur sécurisation. Par exemple, avant, la carte nationale n’avait pas une puce électronique, mais avec la nouvelle carte, nous avons incéré cette puce qui détient les données personnelles de la personne détentrice. Pour le passeport, avant les empreintes digitales étaient prises sur un certain nombre de doigts. Maintenant l’ensemble des 10 doigts est enregistré. Et tous ces travaux ont engendré des dépenses pour la mise en place de ces équipements. L’argent de ces documents biométriques n’a jamais transité au ministère de l’Intérieur, mais il est reversé directement au compte de l’Etat domicilié à la Banque centrale des Comores (Bcc).
Ces derniers jours, l’opposition crie à la violation des libertés d’expression, de circulation et de la démocratie aux Comores. Elle dénonce l’interdiction, par des arrêtés préfectoraux ou ministériels, des meetings et rassemblements.
Quelles libertés l’opposition fait-elle référence ? Puisque les gens s’expriment et circulent librement dans notre pays. Dernièrement il y avait une marche qui a débutée au Palais du peuple jusqu’à la place de l’indépendance et aucune personne n’a été bousculée ni interdite, puisqu’elles ont suivies les procédures. Il y a des règles et des lois à respecter dans ce pays, dont ceux qui se réclament de l’opposition aujourd’hui, ne peuvent ignorer, puisque c’est eux-mêmes qui l’ont initié. La règle a dit que celui ou celle qui compte organiser une manifestation dans un endroit public, qu’il bénéficie d’une autorisation, après avoir argumenté sur les raisons et l’objet de cette manifestation ou rassemblement. Et je saisis cette occasion pour mettre en garde ceux qui se disent des opposants, que toute tentative de débordement ou de déstabilisation ne sera pas tolérée.
L’arrêté de l’ancien ministre Ahmed Hassane El Barwane serait à l’origine de tout cela. N’est-il pas temps de l’abroger ?
Comment ? Ceux qui l’ont signé ont compris l’importance d’une telle mesure et nous saluons leur courage, puisqu’une telle mesure a pu préserver la stabilité du pays. De ce fait on n’abroge pas une loi ou une décision qui facilite à préserver la stabilité d’un Etat, plutôt on essaie de l’améliorer. Pour vous dire que la mesure est bonne et nous ne comptons pas l’abroger.
“La décision du chef de l’Etat est une décision prise conformément à la constitution de notre pays, qui lui a donnée les pleins pouvoirs à agir ainsi. Et je voudrais dire que le président a strictement respecté les dispositions constitutionnelles de l’article 12-3.”
Mais les partis de l’opposition crie à la violation de la démocratie en allant jusqu’à qualifier la dernière décision du président de la République de transférer provisoirement les compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême d’un coup d’Etat constitutionnel. Que répondriez-vous ?
Ce sont des gens qui ont raté une occasion de se taire et qui essaient de calomnier, de dénigrer et de diffamer. Mais en réalité, ils n’ont rien à dire. La décision du chef de l’Etat est une décision prise conformément à la constitution de notre pays, qui lui a donnée les pleins pouvoirs à agir ainsi. Et je voudrais dire que le président a strictement respecté les dispositions constitutionnelles de l’article 12-3. En commençant, il a informé le conseil des ministres. Ensuite il a consulté le président de l’Assemblée nationale et de la Cour suprême, en l’absence de la Cour constitutionnelle. Et enfin, moi en tant que porte-parole du gouvernement j’ai relayé l’information à la nation à partir de la télévision nationale et du journal Al-watwan.
Depuis votre arrivée au ministère de l’Intérieur, vous avez engagé des réformes sur la circulation routière, avec la mise en place de feux de signalisation et des marquages au sol. Aujourd’hui parmi ces investissements il y en a qui ne fonctionnent pas. On dit également que le code de la route n’a pas prévu certains paramètres comme la fourrière et les amendes qui vont avec. Où en est-on avec le projet de révision du code de la route, la finalité des feux de signalisation et la fourrière ?
Oui c’est un défi que nous avons lancé pour désengorger la capitale. Effectivement parmi nos équipements, il y en a qui ne fonctionnent pas à défaut d’équipements censés les compléter. Notamment les caméras de surveillances, dont seuls ceux qui sont installés au ministère de l’Intérieur, répondent comme nous le souhaitons. Ensuite il y a les panneaux de signalisation qui se trouvent à l’entrée de la ville d’Itsandra qui ne fonctionnent pas. Mais sur ce projet, nous avions prévus le mixage d’énergie solaire et électrique. Il fallait d’autres équipements pour pouvoir lancer ce mixage. Pour votre information, nous allons prendre en charge le service des visites techniques des voitures. En ce moment, nous attendons l’arrivée des matériaux pour lancer cette opération. Il y aura au total, quatre centres de maintenances, dont deux à Ngazidja, un à Ndzuwani et un autre à Mwali. L’objectif est de veiller à ce que les voitures qui seront en circulation soient des véhicules qui répondent aux normes. Concernant le code de la route, nous avons un code qui date de l’époque coloniale. Notre équipe a déjà travaillé pour améliorer ce code et l’adapter à l’évolution du secteur. Et il sera présenté aux députés pour examen et adoption durant cette session en cour.
Dernièrement vous avez annoncé la mise en place d’une carte professionnelle des prêcheurs, enseignants coraniques et imams. En quoi ce projet consiste-t-il exactement ?
C’est une décision du ministère des Affaires islamiques et du muftorat. Nous au ministère nous assurons la sécurité. Le ministère des Affaires islamiques et le muftorat dans un souci de préserver notre religion, ont réfléchi à recadrer les prêcheurs, les imams et enseignants coraniques, pour savoir qui exactement a la capacité d’enseigner, de transmettre et de prêcher. Puisqu’il ne suffit pas qu’on maîtrise la langue arabe pour traduire le Coran, ni conduire une prière. Mais il y a des normes et des règles de notre religion pour exercer ces métiers. Et c’est ce que le ministère des Affaires islamiques, le muftorat et notre ministère essaient de mettre en place. Un examen pour savoir qui exactement détient les compétences requises pour être imam, prêcheur ou enseignant coranique, pour bénéficier de la carte professionnelle avant le mois du ramadan.
Le mois de février dernier, les équipements de l’Observatoire volcanologique du Karthala ont été volés dans le plateau de Bandasamllini. Sont-ils actuellement remplacés ? Où en est l’enquête ?
C’est une affaire qui nous a touché, puisque j’ai même fait le déplacement jusqu’à cet endroit pour aller constater ce dégât, qui met en danger la vie de tous les comoriens. Mais malheureusement jusqu’à présent ces équipements ne sont pas remplacés au complet. Mais nous avons fait en sorte que l’observatoire puisse assurer sa mission de surveillance du volcan du Karthala, en attendant le renouvellement de ces matériels. L’enquête est toujours en cours, mais aucune personne n’a été arrêtée.
Lors de votre dernier déplacement à Ndzuwani, vous avez effectués des visites dans les usines de fabrication des Kwassa-kwassa. Quel a été l’objet de ces visites ?
Ma visite dans ses usines avait un double sens. Un, voir si ceux qui fabriquent ces embarcations respectent les normes sécuritaires. Deux, s’ils sont aux normes administrativement. Et heureusement, j’ai pu constater, qu’il y avait des usines qui n’étaient pas enregistrés quelques part au niveau de l’administration et nous avons ordonné leur fermeture. La question, comme certains le sous-entendent, n’est pas d’empêcher les comoriens des autres îles de se rendre à Mayotte, mais nous avons une responsabilité d’assurer la sûreté et la sécurité de tous les comoriens.