logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Parlement régional des jeunes de l’océan indien I Entre ambition régionale et obstacles nationaux

Parlement régional des jeunes de l’océan indien I Entre ambition régionale et obstacles nationaux

Politique | -

image article une
Lancé en avril 2025 à Mahé, aux Seychelles, le Parlement régional des jeunes de l’Indianocéanie (Prjio) ambitionne de faire entendre la voix des jeunes dans les instances décisionnelles de la région. Les Comores y participent activement, malgré des défis persistants.

 

Réunis le 17 avril dernier à l’Assemblée nationale des Seychelles, les représentants du Parlement régional des jeunes de l’Indianocéanie ont officialisé leur entrée en scène. Cette rencontre a rassemblé les administrateurs, les partenaires et une trentaine de jeunes venus des cinq États membres (les Comores, Madagascar, Maurice, la Réunion, la France et les Seychelles). Créé à l’initiative de l’Association des parlements des États membres de la Commission de l’océan indien (Ap-Coi) avec le soutien de la Coi, le Prjio vise à renforcer la participation des jeunes aux débats et aux décisions politiques.


«C’est une institution diplomatique qui mise sur l’encadrement des jeunes, les préparant à devenir des ambassadeurs de leurs pays respectifs», explique Aboudou Halim, secrétaire général des jeunes aux Comores. Pour le jeune responsable comorien, la création du Prjio répond à un besoin criant : celui de redonner aux jeunes leur place dans la vie publique. «La jeunesse comorienne est de moins en moins active sur la scène politique, alors qu’elle devrait être la plus impliquée, car l’avenir du pays repose sur son engagement», pense-t-il.

Reconnaissance

Depuis sa mise en place, le Prjio a déjà posé des jalons notables : adoption d’une charte fondatrice, participation au 39ᵉ Conseil des ministres de la Coi et au 4ᵉ dialogue intergénérationnel du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Le Prjio s’appuie par ailleurs sur les parlements nationaux et les ministères de la jeunesse des États membres. Aux Comores, l’Assemblée nationale figure parmi ses principaux partenaires. «Dans chaque île, un député a été désigné pour répondre aux attentes de la jeunesse», précise Aboudou Halim.
Cependant, la mise en œuvre des activités du Parlement n’est pas sans difficultés. Si certaines îles, comme Madagascar, ont accueilli l’initiative avec enthousiasme, la jeunesse comorienne doit faire face à un manque de moyens et à une reconnaissance institutionnelle encore limitée. «Même rencontrer le ministre de la Jeunesse relève parfois du défi», confie-t-il, tout en précisant que cela ne freine pas leur détermination. Des «projets de sensibilisation sur l’engagement social et politique» seraient d’ailleurs «en cours de préparation».


Le manque de financement constitue en effet, selon notre interlocuteur, l’un des principaux défis. Le fonctionnement du Prjio impliquerait des déplacements inter-îles et une coordination régionale coûteuse. À cela s’ajouterait une certaine méconnaissance du Parlement par les institutions nationales. «Une chose faite pour la jeunesse sans la jeunesse, c’est contre la jeunesse », rappelle Aboudou Halim, qui déplore «l’absence du Prjio lors d’un récent événement consacré à l’employabilité des jeunes».


Malgré ces contraintes, les jeunes parlementaires ne manquent pas d’ambition. Ils entendent promouvoir la mobilité et la participation intellectuelle des jeunes, tout en réduisant les écarts entre les jeunesses des différents États de la région. «Nous voulons saisir les opportunités qui s’offrent à nous et faire de la jeunesse une force de proposition dans l’espace indianocéanique», affirme le secrétaire général.

Toimayat H. Ali

Commentaires