Une semaine après les évènements meurtriers de Ndzuani, la Convention pour le renouveau des Comores (Crc) a organisé une conférence de presse samedi dernier pour revenir sur les évènements et dénoncer les prises de positions des partis politiques de l’opposition. La Crc déplore d’emblée une volonté de mettre le pays dans le chaos en évoquant «un plan minutieusement élaboré pour faire le maximum de dégâts». Pour le principal parti au pouvoir, les opposants ont planifié un plan qui a commencé par les clous à Bandar-Salam (à Mwali), la tentative d’attentat contre l’ancien vice-président, le sectionnement de la main d’un gendarme, entre autres. «Ils ont commencé par s’attaquer aux symboles de l’État avec le président de l’Union, le vice-président, l’armée nationale avant de s’attaquer à l’État lui-même, avec la tentative de coup d’État et celle de Ndzuani visant à instaurer le séparatisme. Ils ont tout tenté en allant crescendo», accusera le ministre de l’aménagement du territoire, Chatur Mohamed Badaoui. Pour le conseiller du président chargé du monde arabe et par ailleurs secrétaire général du parti, Yahaya Mohamed Illiasse, «la surprise était grande de constater que des politiciens ont soutenu des rebelles armés. Heureusement que la population anjouanaise s’est montrée responsable et a évité le piège tendu par une opposition qui allait jusqu’ à affirmer soutenir Ndzuani, une stratégie bien pensée pour piéger la population locale. Il s’agit d’une bien curieuse stratégie qui a vu l’opposition quitter le terrain du dialogue pour aller soutenir la prise des armes». L’on estime que les opposants chercheraient «à semer le chaos pour éviter de rendre compte de leur gestion chaotique, à revenir sur la citoyenneté économique qui est un crime économique».
Récupérer les armes en priorité
À ce propos, le député Maoulana Charif confiera «qu’aucun mandat aux Comores n’a eu autant d’argent que ceux de Sambi et Ikililou et pourtant, les Comoriens n’ont jamais eu une vie aussi misérable que lors de ces deux mandats». Si le député du Washili-Dimani reconnait le droit à l’opposition de critiquer les actions du gouvernement, il se montre moins compréhensif à l’idée «qu’on veuille déstabiliser le pays». «Jusqu’où vont-ils aller», se demande-t-il ? Amené à revenir sur l’arrestation des rebelles présumés à Mayotte, le ministre de l’aménagement estime que la priorité reste de mettre la main sur les armes. «Ces jeunes égarés qui sont actuellement à Mayotte peuvent toujours bénéficier du protocole d’accord qu’on avait signé, à condition qu’ils viennent nous aider à mettre le grappin sur les armes en circulation. La priorité du gouvernement reste la localisation et la récupération de toutes les armes afin d’éviter qu’elles soient utilisées sur des êtres humains parce que rappelons-le, elles sont conditionnées pour cet objectif. Le gouvernement pourrait par la suite mettre en place un programme d’insertion de ces jeunes pour éviter que la situation ne se reproduise plus», expliquera Chatur Badaoui avant de rebondir sur l’arrestation du gouverneur de Ndzuani.
La Crc confirme que le premier magistrat de l’île s’est rendu de lui-même mais… à en croire les conférenciers, il n’aurait aucunement eu le choix «après des tentatives pour obtenir l’asile auprès de la France en vain». «Il s’est rendu parce qu’il s’accuse de quelque chose, lui qui aurait dû être le premier à demander l’intervention de l’armée. Il a déserté et par la suite, il s’est rendu dans la médina aux côtés des insurgés. Avant d’appeler l’armée pour indiquer qu’il se trouvait dans une clinique dans les environs, il avait au préalable essayé de négocier un statut politique avec la France. Le gouverneur n’est pas arrêté dans ses fonctions, dans son rôle. Il l’a été parce que prenant part à l’insurrection», assène, le ministre Chatur qui sera soutenu par Yahaya Mohamed Illiasse pour qui, le gouverneur de Ndzuani «depuis dimanche était introuvable, ni chez l’une de ses deux femmes ni dans son bureau». Notons qu’à plusieurs reprises, par medias interposés, le gouverneur de Ndzuani, Abdou Salami, a toujours nié les faits qui lui sont reprochés ici et là. Les ténors de la Crc ont en outre déploré la récente sortie du gouverneur de Ngazidja qui s’estimait prêt à se sacrifier et que pour cela, il avait déjà discuté avec sa famille. «De tels propos venant d’un gouverneur, à un moment où l’on parle de la paix, ne peuvent être que regrettables. Que compte-t-il faire après ce discours, un discours qui nous rappelle celui de l’ancien ministre de la Justice, M’madi Ali qui indiquait connaitre les familles et les lieux de résidence de tout un chacun», a-t-on réagi.