Pourquoi préférez-vous la participation aux élections en lieu et place du boycott?
Il est évident que quiconque souhaite voir la démocratie s’épanouir dans son pays ne peut pas ignorer le processus électoral. Les élections représentent le moment où les citoyens choisissent qui les dirigera. Cette opposition est légitime, car le peuple a le droit de s’exprimer par le vote. Cependant, boycotter une élection signifie simplement donner l’opportunité à celui qui est boycotté de rester au pouvoir. Il n’y a aucune garantie que le boycott ait un impact significatif. On peut argumenter que la personne élue est illégitime, mais les résultats restent les résultats, même si seulement 5 % des électeurs votent.
Le boycott n’est donc pas une solution efficace. J’ai entendu parler de l’idée d’aller aux élections sans candidat, mais cela semble être une idée absurde, propagée par ceux qui s’opposent à l’élection elle-même. Comment peut-on prétendre à une candidature sans avoir de candidat ? De plus, j’ai été très déçu d’entendre un ami, Soilihi Mohamed Soilihi, affirmer qu’une dictature n’était pas si grave et qu’elle ne pouvait pas tomber en moins de dix ans. Selon lui, il faudrait laisser la dictature perdurer. Ceux qui prônent le boycott, en réalité, souhaitent que le président actuel, Azali, reste au pouvoir. Ils favorisent ce régime.
Quels sont les arguments-clés qui justifient votre confiance dans les élections comme moyen de renverser le pouvoir en place, malgré l’opposition d’autres groupes ?
Je n’ai aucune confiance envers la Crc, lorsqu’elle prétend organiser des élections libres, transparentes et respectueuses du choix des Comoriens. Mon objectif est de lutter pour que le monopole de l’organisation des élections soit retiré à ceux qui veulent conserver le pouvoir. Nous ne pouvons pas permettre que se reproduise la situation de 2019, qui a gravement terni l’image de notre pays. Ils utilisent une stratégie de coup d’État constitutionnel. Je suis convaincu que la Crc ne cherche qu’à truquer ces élections une fois de plus. C’est pourquoi je m’engage à lutter aux côtés de la population contre cela. Certains attendent la bénédiction de la communauté internationale, mais c’est une erreur. Notre expérience avec Amisec était exceptionnelle, mais nous ne pouvons pas toujours compter sur les autres.
Nous devons exercer une pression sur le respect de la volonté du peuple. Les garanties que nous avons sont leur lobbying et leur influence. Les Américains sont très clairs : ils veulent des élections libres, ce qui englobe tous les aspects du processus. Maintenant, comment pouvons-nous les sécuriser ? Nous avons demandé à participer au cadre de concertation, prévu par la loi, où chaque acteur électoral a le droit d’être présent. J’ai confiance au ministère de l’Intérieur pour respecter ce cadre. Nous lutterons fermement contre toute tentative de fraude électorale en surveillant attentivement tout le processus. Le débat porte également sur le cantonnement de l’armée dans les casernes. Lors d’une réunion avec le secrétaire d’État américain en charge de l’énergie le 31 mai dernier, Azali a accepté que le cantonnement de l’armée était une option viable et a appelé à la présence d’observateurs internationaux. Nous le prendrons au mot. Cependant, nous devons sécuriser les élections sans implication de l’armée. Ceux qui prônent le boycott, qu’ils le fassent délibérément ou non, ne semblent pas avoir tiré les leçons de 2019, et dans les deux cas, ils servent les intérêts du pouvoir.
Comment comptez-vous surmonter la fragmentation au sein de l’opposition pour unir vos forces en vue des élections ?
Je ne suis pas optimiste quant à la possibilité de réunifier toute l’opposition. Je crois en la voie légale, qui passe par les élections. Je ne pense pas que le peuple descendra dans la rue pour renverser Azali. Actuellement, la division est claire au sein de toutes les forces de l’opposition, que ce soit le G10 ou le Front commun élargi des forces vives contre la dictature. Je ne m’attends pas à une réunification totale de l’opposition, mais nous progressons. Le G10 est avec nous, et des accords sont en cours de discussion. Notre coalition s’élargit de plus en plus. Cependant, certains resteront à l’écart.
Si votre mouvement remporte les élections, quelles transformations majeures envisagez-vous pour le pays ?
Notre objectif ne se limite pas à prendre le pouvoir pour le plaisir du pouvoir. Si notre président élu est issu de notre camp, il dirigera un gouvernement de transition. Il aura vingt-quatre mois pour rétablir les institutions. Notre priorité est de restaurer les droits des Anjouanais, en veillant au respect de la rotation du pouvoir. La constitution actuelle, taillée sur mesure pour un individu, n’a plus sa place, tout comme cette assemblée monocolore. Nous réexaminerons le texte issu des Accords de Fomboni de 2001. L’esprit de Fomboni a été compromis par Azali.
Qu’est-ce que vous représentez, à titre personnel, au sein de l’opposition ?
Je suis un Comorien. J’ai le droit d’être un opposant. J’ai la chance d’être connu partout aux Comores. Avec un groupe d’amis, on a créé «Anjouan unie» comme on a créé en France «Ndzuani unie». Il s’agit de mettre un terme à la peur. Même le 1er mai on ne peut le célébrer à Anjouan. Notre crédo c’est défendre les intérêts d’Anjouan, mais cela ne veut pas dire se séparer des Comores. Anjouan est une partie intégrante du pays. Ceux qui disent qu’on m’a exclu du Front commun élargi se trompent. Ce n’est pas un parti et j’ai le droit de le quitter. On m’a accusé d’avoir usurpé un titre, là aussi c’est faux. Anjouan unie, c’est comme le Front commun, c’est ouvert à tout le monde et on a des gens des autres îles. Pour le moment, je suis le mandataire du Front commun élargi pro élection. C’est une période transitoire, très bientôt il y aura une autre structure qui sera officielle et cette histoire de tampon qui est ridicule n’aura plus lieu d’être. Que ceux qui souffrent en voyant mon nom, soient tranquilles
Quel pourrait être votre candidat ?
Comment nous voyons notre candidature ? Nous sommes des démocrates. La stratégie consiste à faire des primaires ouvertes. Libre à ceux qui veulent candidater de se présenter, bien sûr avec certains critères financiers, psychologiques, moraux… Le 22 octobre, c’est la date d’ouverture des dépôts de candidature. Vous le saurez donc bientôt.