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Plénières des assises : “Un Etat budgétivore, une gestion calamiteuse”

Plénières des assises : “Un Etat budgétivore, une gestion calamiteuse”

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Au cours de son intervention, l’expert national Oubeidi Mze Chei a fait un constat sur le budget, les infrastructures, le secteur privé, la gestion des sociétés d’Etat, la dette publique, l’aide au développement et la politique monétaire. Il en est ressorti que les recettes des sociétés d’Etat atteignent les 106 milliards alors que le budget de l’Etat a du mal à atteindre les 50 milliards. Pour le secteur privé, le défi tourne autour de l’accès au crédit pour les Pme. Diverses contributions et autres recommandations ont été formulées au cours de la séance.

 

L’assemblée des assises nationales se poursuit et hier matin au Palais du peuple, les questions tournaient autour de la gouvernance économique et financière mais aussi de la gouvernance sociale et culturelle. S’agissant de l’économie nationale, l’expert Oubeidi Mze Chei a listé plusieurs freins et blocages au développement économique du pays.

Commençant tout d’abord avec la question du budget de l’Etat, l’ancien ministre des Finances a déploré le fait que des institutions soient créées sans qu’on jette un coup d’œil au budget. Il parlera à propos de la constitution de 2001, d’un système budgétivore en faisant référence à la multiplication des institutions, des députés et conseillers entre autres.

Il a par conséquent proposé d’effectuer un audit institutionnel pour connaitre les institutions budgétivores et supprimer celles qui ne sont pas d’une grande utilité. Les experts recommandent également l’unification de l’administration générale des impôts et domaines (Agid), l’introduction de la Tva, le fusionnement des fonctions publiques insulaires avec celle de l’Union, le vote de la loi de Finances à la majorité simple.

Recommandation a été faite également de fixer un pourcentage de 35% du budget pour le paiement des salaires, 20% pour l’investissement et rehausser la pression fiscale jusqu’à 30%. Cette vision des choses n’a pas été du goût du gouverneur de Mwali qui estime que les institutions ne sont pas dépensières mais les responsables.

 

Vous parlez d’une constitution de 2001 budgétivore mais nous devons savoir que la paix et la stabilité de ce pays sont inestimables. Les institutions n’utilisent pas d’argent. Ce sont les personnes qui doivent changer leur manière de gérer les affaires de l’Etat. Ce n’est pas moi qui encaisse l’argent de la douane ou encore du trésor par conséquent, les budgétivores, vous les connaissez a réagi Mohamed Saïd Fazul avant de faire comprendre que les gens visent les gouvernorats lorsqu’on parle de dépenses.



Créer une banque d’investissement

Selon lui, les experts viennent avec des mots savants mais en réalité, ils devraient regarder du côté de la fonction publique “puisque tout le monde peut recruter sans aucune limite” et que les Comoriens devraient applaudir à chaque fois qu’on évoquerait les accords de Fomboni.

Poursuivant avec l’aide publique au développement, Oubeidi Mze Chei rapporte que les ateliers ont recommandé l’orientation des aides extérieures vers la Sca2d ou vers le plan quinquennal mais également de trouver les voies et moyens pour élargir l’assiette fiscale.

 

 

Concernant la politique monétaire, il a été recommandé la création d’une banque d’investissement dont l’actionnaire unique serait l’Etat, l’orientation des fonds de la diaspora vers des initiatives de création d’emplois décents et la mise en place d’un fonds de garantie pour faciliter l’accès au crédit pour les Pme.

Quant à la dette publique, l’expert parle de l’élaboration d’une stratégie de remboursement et un renforcement de la structure de suivi des endettements. Pour alléger ce fardeau, les experts proposent également de recenser les organismes et de faire un tri en ce qui concerne les adhésions du pays. Constituant le second thème de cet axe, les bases du développement de l’économie nationale ont été revues par les experts. Il en ressort que les sociétés d’Etat contribuent beaucoup dans le budget de l’Etat mais qu’elles peuvent faire mieux.

“En effet, les recettes des onze sociétés d’Etat actuelles atteignent les 106 milliards alors que le budget de l’Etat a du mal à atteindre les 50 milliards. Ces sociétés se contentent d’investir dans des projets qui n’ont pas été précédés par des études de rentabilité” devait expliquer l’ancien ministre des Finances avant de proposer le recrutement des responsables de ces sociétés par concours, la réactualisation des conseils d’administration et l’assainissement du système de rémunération.


Unir les fonctions publiques

L’intervenant a ensuite fait un constat sur le secteur privé comorien en insistant notamment sur le faible niveau du capital humain, le coût élevé des factures et les difficultés d’accès au crédit pour ne citer que ces points. Il recommande donc la mise en place de la diplomatie économique pour attirer les investisseurs, l’application du code des marchés publics pour en finir avec les marchés de gré à gré et la mise place d’une vision stratégique de développement du secteur privé.

Pour terminer, Oubeidi Mze Chei a parlé des infrastructures en expliquant que les routes, les aéroports et les ports sont vétustes. Pour cela, il faudrait renforcer le Fonds d’entretien routier, récupérer le patrimoine foncier de l’Etat, désenclaver les villages, améliorer la connectivité entre les îles et la région, créer une compagnie aérienne nationale, construire de petits ports et privilégier le partenariat public/privé entre autres recommandations. Les intervenants ont mis l’accent sur les dépenses notamment les déplacements à l’étranger, la traçabilité des opérations financières…

 

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