L’avocat de l’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a fustigé, son emprisonnement, au cours d’une rencontre avec la presse organisée, samedi 18 mai, à l’hôtel Le Golden Tulip en présence de nombreux amis politiques et confidents de l’ancien raïs dont le candidat Juwa, Docteur Salim Issa Abdillah. La date du 18 mai n’a pas été choisie au hasard par le conférencier. Elle marque en effet « le début de la septième année de l’incarcération » de l’ex-chef d’Etat, arrêté et mis en détention depuis le 18 mai 2018 quelques heures après son retour d’un voyage en France.
«Les violations répétées de la loi»
Dans un long exposé, Me Mahamoudou Ahamada est revenu sur la procédure ayant abouti à l’arrestation, la détention, l’inculpation trois mois après et la condamnation, quatre ans après, de l’ancien président, qui sera âgé de 65 ans, le 5 juin prochain. «Nous sommes là pour faire un rappel de la situation catastrophique calamiteuse dans laquelle le gouvernement comorien nous a conduit depuis le 18 mai 2018 à ce jour», a-t-il souligné. L’avocat de Sambi, fidèle à sa ligne depuis 2018, a dénoncé «une justice aux ordres, une violation de toutes les procédures» mais surtout «l’anéantissement d’un opposant» politique, dénonçant toutes les décisions prises à son encontre depuis le jour de sa comparution et la date de sa condamnation. Pour l’avocat, «tout a été soigneusement préparé pour liquider un homme politique gênant».
Me Mahamoud Ahamada s’est moqué, sans détour, de la note administrative prise, à l’époque par le ministère de l’Intérieur, critiqué ouvertement la procédure engagée contre son client et dénoncé « la condamnation injuste » de son allié politique. «Aucune charge n’a été trouvée contre Sambi», a-t-il estimé, expliquant, au détail près, les actions entreprises, au début de la procédure, fustigeant «les violations répétées de la loi» et «l’acharnement politique manifeste» contre l’ancien président de la République (2006-2011).
«Nous continuerons à le défendre»
«J’ai fait tout ce qui a été dans mon pouvoir pour que le droit soit dit, la justice comorienne malheureusement a échoué dans ce dossier, n’a pas dit le droit comme il se devait. Nous continuons à le défendre, nous continuerons à le défendre jusqu’à ce que la vérité sorte. Et que le peuple comorien sache qui sont les personnes qui aiment ce pays, qui sont les personnes qui ont menti dans ce dossier et qui étaient à la cause de la continuité d’une procédure qui n’avait pas lieu d’être ; parce que tôt au tard, qu’il soit vivant ou pas, mais le président Sambi doit être réhabilité», a détaillé Me Mahamoudou Ahamada. «On ne peut pas laisser un innocent pourrir en prison. On ne peut pas laisser un innocent condamné sans que la justice ait fait son travail, et de manière impartiale. Aujourd’hui, nous savons tous que tout ce qui a été fait, l’a été de manière partiale, c’est la raison pour laquelle, je prends l’engagement que si Dieu me prête vie, le président Sambi doit être réhabilité, qu’il soit vivant ou mort (…)», a conclu l’avocat.
De son côté, Hassane Ahmed El Barwane a lancé un appel à la libération de l’ancien président, allant même supplier ceux qui ont le pouvoir de le faire sans délai. La gorge serrée, l’ancien ministre appelle les décideurs «à faire preuve d’humanité» en mettant fin à «l’emprisonnement illégal» de l’ancien raïs. «C’est un père de famille, ce n’est pas juste, ce n’est pas juste, je suis aussi un père de famille, j’ai des enfants et des petits enfants tout comme lui aussi, tout comme vous. (…). Du haut de mes 70 ans, je trouve injustice, ce n’est pas juste… », a-t-il souligné, au bord des sanglots. L’ancien président a été condamné à perpétuité, le 28 novembre 2022, par la Cour de sûreté de l’Etat pour «haute trahison». La justice a ordonné la saisie de tous ses biens. M. Sambi avait quitté l’audience dès le premier jour, contestant la légalité et la composition de la cour.