De nombreux leaders de l’opposition ont tenu, dimanche dernier, une réunion en France à l’issue de laquelle, l’ancien vice-président, Mohamed Ali Soilihi, condamné récemment dans l’affaire de la citoyenneté économique a été élu chef de file par ses pairs. A cette occasion, l’ancien ministre Chaher Ben Massound s’exprimant sur les malentendus politiques actuels, a évoqué la possibilité de dialoguer avec le gouvernement d’Azali Assoumani. Une position que partagent les opposants résidant au pays dont la plupart militent au sein du Front commun.
Les deux camps sont unanimes et se disent prêts à s’asseoir avec le pouvoir qu’ils combattent depuis maintenant plus de six ans, mais uniquement dans le respect de certaines conditions. «La première condition est la désignation d’un médiateur étranger», exigent-ils. Pour eux, il est hors de question qu’un Comorien dirige le dialogue si jamais il était organisé.
L’ancien ambassadeur des Comores auprès des Nations-unies, Soilihi Mohamed Soilihi a donné plus de précisions. «Nous ne sommes pas demandeurs d’une part du dialogue opposition-pouvoir. D’autre part, nul ne doute que le Colonel Assoumani Azali ne respectera pas ses engagements». Il poursuivra : «nous considérons qu’il est lui-même le problème et le principal facteur d’obstruction au vivre ensemble dans un cadre pacifique. Toutefois, si l’intérêt national impose la nécessité d’un dialogue politique, il lui revient d’arrêter les pratiques qui relèvent de la mascarade. Mais nous n’entendons pas consacrer du temps à un quelconque facilitateur national, chaque citoyen étant amené à choisir clairement son camp».
Une médiation régionale ou continentale
Le leader du parti, du Mouvement démocratique alternatif pour l’innovation et l’écologie (Mdaie), pense que si le locataire de Beit-salam est animé d’une réelle volonté de vouloir dialoguer, rien ne l’empêche de solliciter une supervision de la communauté internationale, avec une forte implication des organisations sous régionales comme la Sadc et la Coi, par exemple. « Le Front commun n’a jamais fermé la porte à des discussions.
Mais cela ne peut pas se faire sous la présidence d’Assoumani qui constitue aussi l’obstacle de la transparence et du respect des institutions ainsi qu’aux textes de ce pays. En tout cas, on n’exclut aucune instance», a insisté, le porte-parole du front commun, Ibrahim Abdourazakou Razida. A l’en croire, l’opposition ne prendra part à aucun dialogue direct avec le pouvoir, sans la présence de médiateurs internationaux. Interpellé, lors du compte-rendu du conseil des ministres, Houmed Msaidie n’a pas fait part d’une quelconque opposition du gouvernement à l’idée d’inviter la communauté internationale. «Puisqu’on parle d’élections, il reviendra à l’Union africaine de s’occuper. Et ils retrouveront certainement le président Azali Assoumani, là-bas, puisque c’est lui qui dirige l’institution», a répondu, le ministre de l’Agriculture, hier.
Le gouvernement reste catégorique
Autre condition posée par l’opposition : la libération de responsables politiques emprisonnés même ceux condamnés récemment. A cela s’ajoute le gel des lois sur les élections récemment adoptées par le parlement a complété, Razida, lors de notre entretien de ce mercredi. A propos de ces préalables, le gouvernement reste catégorique. «Il n’y a pas de détenus politiques. Le président Sambi a préféré ne pas répondre à la justice. Salami a armé des habitants et il n’a donc pas été condamné pour des raisons politiques», a rejeté, Houmed Msaidie. Depuis plusieurs semaines, la scène politique est en ébullition.
Les prochaines élections sont sur toutes les lèvres. Si Azali Assoumani sera officiellement candidat à sa propre succession, ses adversaires dénonçant les fraudes survenues en 2019, eux ne lui font pas confiance et entendent réclamer des gages avant de prendre part au scrutin de 2024.
Jusqu’à lors, seul un dialogue entre pouvoir et opposition, se dégage comme le format adéquat pour dissiper les crispations. Rappelons qu’en 2018, après l’organisation des assises et du référendum, l’Ua avait dépêché, son haut représentant Ramtane Lamamra pour piloter un dialogue inter-Comoriens. Mais l’opposition n’arrêtait pas de déplorer l’absence de mesures d’apaisement.