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Politique. Le président gracie son ancien vice-président

Politique. Le président gracie son ancien vice-président

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Djaffar Ahmed Said Hassane «est gracié de la totalité de la peine», d’après le décret N°21-04/PR signé mercredi 12 mai par le président Azali Assoumani. L’ancien vice-président, en exil, avait été condamné à la peine de réclusion criminelle en décembre 2018 au terme d’un procès décrié, à l’époque, par l’opposition politique. Des personnalités étaient jugées car soupçonnées «d’atteinte à la sûreté de l’Etat» dans le cadre d’un projet de coup d’Etat «prévu en juin» de la même année.

 

Le président Azali Assoumani a gracié, mercredi 12 mai, l’ancien vice-président Djaffar Ahmed Said Hassane, actuellement en exil. «Monsieur Djaffar Ahmed Said Hassane, condamné par la Cour de sûreté de l’Etat, lors de ses audiences du mois de décembre 2018, à la peine de réclusion criminelle à perpétuité, est gracié de la totalité de la peine», lit-on dans le décret N°21-04/PR rendu public dans la journée.La grâce dont vient de bénéficier l’ancien colistier du président lors de l’élection de 2016 est perçu dans les milieux politiques comme «un geste fort du pouvoir» qui traduit «la volonté du président Azali Assoumani de promouvoir l’apaisement et le rassemblement pour penser au futur du pays», d’après le porte-parole du palais de Beit Salam, Mohamed Issimaila. Jusqu’à hier dimanche 16 mai, Djaffar Ahmed Said Hassane n’avait fait aucun commentaire sur cette grâce présidentielle.


Contacté par Al-watwan, le secrétaire général du Front commun des forces de l’opposition, Hassane Ahmed El-Barwane, n’a pas souhaité réagir à fond. Si l’ancien ministre a reconnu «un bon geste», il ajoute toutefois que «beaucoup reste à faire notamment concernant ceux qui sont encore privés de mouvement et ceux qui sont toujours sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire ou qui sont sous contrôle judiciaire».


L’ancien vice-président avait été condamné à la peine de réclusion criminelle en décembre 2018 au terme d’un procès décrié par les opposants. Ces derniers, avec l’ensemble des avocats de la défense, avaient remis en cause «la légalité de la Cour de sûreté de l’Etat». La justice comorienne avait par contre affirmé avec insistance un projet de coup d’Etat qu’aurait préparé l’opposition. Celle-ci, soutenue par l’ancien vice-président, selon la justice, protestait, à l’époque, contre un projet de référendum constitutionnel qui allait remettre les compteurs à zéro du système de la présidence tournante avec la possibilité d’un renouvellement du mandat du président Azali Assoumani.

 


Le référendum aura lieu le 30 juillet 2018. Une élection anticipée sera organisée le 24 mars 2019 et consacrera la réélection du président Azali Assoumani avec 60,77% des suffrages, suivi de l’avocat Mahamoudou Ahamada du parti Juwa qui avait recueilli 14, 62%. Les opposants avaient contesté les résultats sortis des urnes qui seront par la suite redressés par la Cour suprême. Plusieurs bulletins seront annulés par la Cour. Celle-ci, après redressement des résultats provisoires, proclamera la réélection d’Azali Assoumani, dès le premier tour.


Les personnalités arrêtées dans le cadre dudit projet de coup d’Etat «prévu en juin» 2018 pour empêcher la tenue du scrutin référendaire seront jugées en décembre car soupçonnées «d’atteinte à la sûreté de l’Etat». Le projet de déstabilisation sera déjoué, avait indiqué le parquet de la République. Ce dernier avait alors fait part «d’un projet d’élimination physique» de personnalités du pouvoir dont le secrétaire général du gouvernement, le ministre de l’Intérieur ou encore le chef d’Etat-major. Et, environ 20 personnes seront arrêtées et condamnées par la Cour de sûreté de l’Etat. De lourdes peines dont la perpétuité seront prononcées. Au mois de mai 2019, le président Azali Assoumani signera un décret similaire, graciant 17 personnes condamnées par la même Cour.


Ancien haut magistrat, Djaffar Ahmed Said Hassane, 55 ans, a été le vice-président choisi par Azali Assoumani pour Ngazidja lors de l’élection présidentielle de 2016. Un grand ministère régalien lui sera confié, cumulant, entre autres, les portefeuilles de l’Economie et des Investissements. Il sera ensuite réduit en simple spectateur du gouvernement et de tomber définitivement en disgrâce après ces lourds soupçons de coup d’Etat contre le pouvoir et la sûreté de l’Etat.


L’ancien procureur général fera alliance avec l’opposition. Il participera, à la grande surprise, à un mini-meeting des partis opposés au pouvoir, organisé au palais de Mrodjuu, le 15 juin 2018, jour de l’Aïd-el-fitr, aux côtés de l’ancien gouverneur Hassane Hamadi et des autres ténors de l’opposition.Dépouillé de tout, soupçonné de ne pas jouer franc-jeu et d’être «l’un des instigateurs du projet de déstabilisation», Djaffar Ahmed Said Hassane va fuir le pays incognito. Un mandat d’arrêt international sera émis en septembre 2018. L’ancien vice-président ne répondra pas à l’appel de la justice de son pays et sera condamné par contumace à l’issue du procès de décembre 2018. 

AS Kemba

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